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Parle-moi de ton sexe : un récit de transgenre

Transgenre, transidentité, transsexuel ; c’est surprenant à quel point ces sujets sont encore méconnus. Tabous? Oui, sans aucun doute, comme tout ce qui sort un peu de l’ordinaire et de la conformité sociale. Pourtant, n’est-ce pas juste quelqu’un qui a pris un chemin différent pour s’épanouir?

Je me suis intéressée au sujet à la suite d’une bévue de ma part, un commentaire déplacé dont moi et ma grande gueule aurions dû nous passer. J’ai pu m’entretenir avec des gens qui sont passés par là ou qui sont en pleine démarche. Ils m’ont offert des témoignages que je partagerai dans ce texte. Je les remercie de m’avoir consacré de leurs temps et de s’être ouverts à moi.

C’est tellement plus vaste que ce que je croyais; ça ne s’arrête pas au transgenre, qu’on définit comme une personne dont l’identité de genre ne correspond pas au sexe biologique de naissance.

« Pour ceux qui ne comprennent pas encore le transgenre, imagine-toi, tu es une fille, mais tu as une barbe, une voix grave et un pénis, comment peux-tu être heureuse? Et toi buddy, tu n’as pas un poil sur le corps, des seins, une petite voix aiguë et zéro virilité, comment te sens-tu ? »

« J’étais juste coincé dans un corps autre que l’identité que j’avais dans ma tête! »

En attendant de comprendre pourquoi ils se sentent différents des autres, ils vivent une vie qui ne leur appartient pas. Leur réflexion dans le miroir ne reflète pas leur vraie identité.

« Je gardais ça pour moi et je faisais semblant de tripper sur tel gars pour avoir des discussions intéressantes avec mes amies. »

Ils font semblant en attendant le bon moment ou le courage d’en parler. On est tous passés par le secondaire; on sait que cette période de la vie peut être difficile. Est-ce qu’il faut vraiment en rajouter?

« Je me souviens. Je voyais ça comme un rêve que je ne pourrais pas réaliser. Dans ma tête, c’était clair que si un génie se présentait devant moi, ce serait mon premier vœu. Cependant, je n’avais pas de mal de vivre, je n’avais pas de dégoût envers le corps que j’avais. Ce sentiment est survenu lors de mes relations amoureuses. Les photos de nous ne ressemblaient en rien à ce que j’imaginais dans ma tête. Je jouais le rôle de l’homme dans la vie de tous les jours comme dans notre sexualité. J’étais gêné de mon corps et je me mettais rarement nu. J’écoutais ma musique et je rêvais d’une autre vie : être le beau garçon que toutes les filles regardent passer. »

En gros, on sépare les identités sexuelles en trois catégories, soit :

L’identité du genre

Habituellement établie durant l’enfance, c’est la sensation profonde d’être un homme ou une femme. Le terme cisgenre est employé désigner pour une personne qui s’identifie au sexe assigné à la naissance. Un transgenre ne s’y identifie pas.

Crédit : Stéphanie Lessard

Sexe biologique

C’est le sexe physique, mâle ou femelle; les chromosomes, les hormones et les organes génitaux. La plupart des gens naissent avec l’un ou l’autre, mais il peut arriver qu’une personne soit entre les deux.

Crédit : Stéphanie Lessard

Expression du genre

Le genre est exprimé par les vêtements, le langage et le comportement. Les « étiquettes » de présentation féminine ou masculine varient selon les cultures des sociétés.

Crédit : Stéphanie Lessard

Selon des études sur le sujet, on déterminerait en gros tout cela vers l’âge de trois ans.

C’est jeune, non ?! Certains pays, dont l’Espagne et l’Inde font partie, sont très ouverts et sensibilisés à l’identité des genres. Si un enfant laisse savoir qu’il n’est pas à l’aise avec son sexe biologique, les étapes de changement de sexe pourront commencer très tôt. La transition se fait mieux ainsi, le corps s’adapte rapidement et l’enfant n’aura pas à vivre et à revivre la puberté.

Ici, on oublie ça, mais nous ne sommes toutefois pas en retard sur d’autres, car il y a des pays où c’est passible de peine de mort. Il me semble qu’en 2018, on devrait être plus conscients de ce qui nous entoure, non ?

Et comment réagissent les parents, la famille, les ami.es et l’entourage à cette nouvelle ? En général, les gens avec qui j’ai discuté m’ont dit que pour eux, ça s’était bien passé.

« Ils m’ont écouté. Ils ont fait le deuil de leur fille pour saluer leur nouveau garçon, préférant me voir avec quelques poils au menton plutôt qu’avec une corde au cou. »

« Ma famille se trompe souvent de prénom, mais ils me connaissent sous mon autre identité depuis ma naissance. C’est compréhensible… »

« Les médecins leur ont demandé s’ils préféraient voir leur petite fille heureuse ou assister au décès de leur fils. C’est sûr que ça leur a fait bizarre, mais ils ont compris et aujourd’hui tout va bien. »

« Je remercie le ciel d’être né dans une bonne famille et de m’être créé un entourage ouvert d’esprit, prêt à m’accepter comme je suis. Ça fait maintenant trois ans et je n’ai jamais été plus heureux. »

Bien qu’ils semblent tous impatients de commencer leurs transitions, ce fut loin d’être facile. Ce n’est pas qu’une simple opération. C’est plutôt une longue démarche qui demande plusieurs mois de réadaptation. Les trans doivent revivre la puberté, i.e. les boutons, la voix qui mue, les sautes d’humeur, etc. Les opérations demandent de longues rémissions.

« Tu te regardes dans le miroir et tu es découragé, tu as peur de toi, de tes choix, mais le temps fait son œuvre. L’acné a abandonné son combat et les poils ont masculinisé mon visage. Je regarde les photos du début et je suis triste pour ce petit gars, mais je suis fier de l’homme qui en est ressorti. La transition m’a rendu solide. »

« Je fais de l’acné, ma patience a pris le bord et je suis plus impulsif qu’avant. C’est étrange d’être adulte et de se sentir comme un enfant à nouveau. »

À ma grande surprise, le gouvernement aide beaucoup, bien que plusieurs rencontres avec des travailleurs sociaux et des psychologues soient obligatoires. Les refus sont rares, toutefois, le processus reste long et ardu.

« Au début, c’est décourageant parce que même si le gouvernement nous supporte bien là-dedans, il y a énormément d’étapes et ce n’est pas si simple. C’est important d’utiliser les ressources que les psychologues et travailleurs sociaux nous donnent. La communauté LGBTQ aide beaucoup aussi. J’ai pu poser toutes mes questions à un paquet de personnes différentes et ils ont pu m’éclairer sur le chemin que je devais prendre. »

« Selon moi, c’est important de prendre ça un jour à la fois et de ne pas se presser, même  si on voudrait que tout change du jour au lendemain, parce que ça peut vite devenir vraiment lourd, chaque corps réagit à sa manière. Il n’y a personne de pareil, alors c’est important de ne pas se comparer aux autres et de focaliser sur les changements positifs qu’on voit sur nous-mêmes. »

C’est une brève introduction pour un sujet aussi énorme, je sais ! Ça va beaucoup plus loin et je vous invite à faire des lectures sur le sujet. Si ce n’est pas pour vous aider, ce sera peut-être un jour pour aider un ami ou un membre de la famille.

C’est dur de sortir du lot, de s’affirmer dans ses différences. Ça commence par un simple coup de main, par de l’acceptation, par de l’encouragement, par le soutien ou tout simplement par une petite dose d’amour. Ces choses simples peuvent sauver des vies, car après tout, le vrai luxe c’est d’être soi-même et ça, personne ne devrait s’en priver.

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