Mon grand-père et ma grand-mère se sont dit « je t’aime » pendant 55 ans. Vers la fin, ils pouvaient se le dire 40 fois par jour environ. Normal! Ils n’entendaient plus rien et se faisaient sans cesse répéter.
Mais ma grand-maman ne le cache pas, y’a eu des « boutes durs ».
Les « boutes durs », dans un couple, c’est comme une douillette déjà sale sur un lit d’hôtel. On sait que ça existe, mais on se pose pas plus de questions.
Et ma grand-mère de demander :
– Toi? Comment ça va avec ta copine?
– Eh bien…
Avec notre rupture, l’hiver a été froid pour le coeur, grand-maman. Y’a même des matins où il partait juste pas. Tu sais ben que c’est elle qui avait le contrôle sur les câbles à booster.
Je ne mangeais pratiquement plus. J’ai beaucoup maigri. Emmenez-moi pas sauter en parachute, c’est clair que j’me casse un bras sur un nuage!
J’ai cohabité des mois avec la boule dans mon estomac. C’est moi qui lavais ses bobettes sales avec l’eau des larmes que j’versais.
Ça a brassé beaucoup de choses, cette décision-là. Autant pour elle que pour moi.
Ça a mené à des discussions, à des conflits, à des tensions. Question par dessus question. Remises en question. Ça avait quand même l’air plus simple dans Titanic.
Avoir l’air…
Y’a rien de plus rose ailleurs, rien.
Et nous le comprenons mieux que jamais.
J’ai donné mon coeur à une fille dont je suis follement amoureuse. J’ai entre les mains cette belle personne pour qui j’éprouve énormément de respect. Il faut lui faire attention.
La neige a fondu, les saisons ont changé. Nous aussi. On s’est remodelées. On s’aime encore.
Lentement mais sûrement, elle et moi, on recolle les morceaux, grand-maman. J’pense que c’est notre « boute dur » à nous… Ça s’peut-tu?
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