Je m’oppose à la pornographie mainstream. Pas à ce que les gens en écoutent : les copains que j’ai eus en regardaient régulièrement (ou pas – à leur rythme), et leur consommation de porno ne m’a jamais rendue furieuse ni encore jalouse. Je sais depuis le début que ça a fait partie de l’éducation des gars de ma génération. Je savais qu’ils avaient l’impression de voir des trucs excitants et consentants et qu’ils n’y voyaient pas une once de malice. J’ai toujours eu des relations avec des hommes au grand cœur et des rapports à la sexualité sains. J’ai été chanceuse. Ce n’est pas le cas de tout le monde.
Mais je suis tout de même contre la pornographie parce que je n’ai pas l’impression de voir de vraies femmes ni de vrais hommes à l’écran. Ce n’est pas naturel, ce n’est pas beau, ce n’est jamais tendre. Pire encore, les scénarios sont complètement nuls, et je vois ça comme si on insultait l’intelligence du spectateur et qu’on essayait de démontrer que n’importe quelle circonstance peut mener à une relation sexuelle sans effort.
Et un million de fois pire que ça encore, les rôles que jouent les femmes dans les films pornos sont à 95% des humiliations et des rôles de soumission. Ce qui n’est PAS (ni ne doit jamais être) le reflet de la réalité. Faisons rapidement le tour de la question : femmes sans poils au corps qu’on dit « de rêve », principalement jeunes, qui rêvent qu’on leur éjacule au visage et qu’on les sodomise, et qui atteignent toutes sans exception l’orgasme par pénétration. Si vous êtes une femme, ou que vous avez déjà eu une relation sexuelle consentante avec une femme et êtes moindrement à l’écoute de votre partenaire, vous devez certainement avoir un petit sourire en coin à lire ceci : ce n’est PAS représentatif de la réalité!
Il est arrivé un jour où des femmes qui avaient un appétit sexuel se sont rendu compte qu’elles ne se reconnaissaient pas dans la porno mainstream. Elles ont réalisé des films elles-mêmes, ont choisi des acteurs et des actrices qui sortaient des normes et ont grandement amélioré leurs conditions de tournage. Elles se sont dit que ce ne serait jamais en snobant la porno ni en s’insurgeant qu’elles allaient voir de vrais changements à l’écran. Et c’est ainsi qu’elles ont pris les rênes de ce nouveau mouvement beaucoup plus artistique que les films barbares et répétitifs qui sont offerts aux amateurs de ces séquences. Dans ces films de cul qu’on dit féministes ou queer, le plaisir des femmes est représenté aussi bien que celui des hommes (qu’on n’exclue PAS!), et les scénarios sont plus inventifs, les images plus soignées et il y a plus de diversité, et moins de stéréotype!
C’est réjouissant de voir qu’il y a des efforts dans cette direction. La pornographie, ça a toujours été une affaire de gars, dont les femmes étaient exclues! Et si on veut voir des changements dans le monde, il faut s’en charger! Je pense que d’éduquer nos garçons et nos adolescents (et nos filles!) par des exemples réalistes et doux, ça ne peut qu’empêcher la création d’attentes surréalistes et la dépendance à la pornographie.
À la diversité et à toutes les beautés du genre humain, les crépu-e-s!
AA ♥