Le 29 janvier 2017 marque désormais une date importante dans la vie collective des habitants du Québec, que dis-je du Canada. Il s’agit de la date à laquelle l’attentat de la mosquée de Québec a eu lieu.
Pour commémorer les six personnes décédées lors de ce tragique événement, une lettre de la part du Conseil national des musulmans canadiens (CNMC) a été envoyée le 5 janvier dernier au premier ministre Justin Trudeau afin de lui demander de faire du 29 janvier la Journée nationale de commémoration et d’action contre l’islamophobie.
Depuis, le débat autour de cette journée demeure torrentueux à l’Assemblée nationale. Alors que le Parti libéral demeure ouvert à l’idée et que Québec Solidaire appuie la demande, le Parti Québécois et la CAQ refusent l’idée en raison de l’utilisation du terme « islamophobie ». Sérieux? S’agit-il vraiment d’un terme controversé? Est-ce que le fait de changer « islamophobie » pour « sentiment anti-musulman » influence réellement le fait que les groupes minoritaires musulmans sont, depuis déjà trop longtemps, dans la mire des groupes extrémistes, et ce, à l’échelle mondiale?
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Selon le dictionnaire Larousse, l’islamophobie veut dire « hostilité envers l’islam, envers les musulmans ». Il me semble qu’il est difficile d’être plus juste dans l’utilisation de ce terme que lorsque l’on se représente les événements du 29 janvier dernier. Mais ce qui me frustre vraiment c’est cette citation de la CAQ que j’ai lue dans La Presse :
« La CAQ n’entend pas soutenir cette demande. Nous croyons que la journée du 29 janvier devrait être consacrée à commémorer la mémoire des victimes de cette terrible tragédie, a expliqué le parti dans un courriel. Il s’agit du geste intolérable d’une seule personne et non pas celui d’une société entière. Les Québécois sont ouverts et accueillants, ils ne sont pas islamophobes. » (Source 1)
Eh non! Ça ne fonctionne pas comme ça! Pour la commémoration des victimes, oui je suis d’accord, et on va commémorer leur mémoire peu importe le titre que porte la journée! Et je comprends aussi l’idée de soutenir que tous les Québécois ne sont pas islamophobes. On n’est pas débiles non plus. Mais cette citation laisse croire qu’aucun islamophobe n’est Québécois et ça c’est se mettre la tête dans le sable jusque dans le c**. Pardonnez ma prise de parole crue, mais il faut vraiment être politicien pour dire de pareilles bêtises. Il n’y a environ qu’un mois, certains Québécois se soulevaient afin d’injurier des musulmans qui avaient, apparemment, demandé que des femmes soient exclues d’un chantier de construction près d’une mosquée. Une grosse crise de panique pour fuck all, comme on dit. Un peu de journalisme « botché » et on découvre un peu plus les visages de l’islamophobie.
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Et si on comparait un « ti-peu ». Vous devez certainement vous rappeler de cet événement du 6 décembre 1989 où un homme a décidé d’ouvrir le feu sur plusieurs femmes à l’École Polytechnique de Montréal. Cette journée-là, 14 femmes ont été tuées et désormais, à cette même date, nous avons la Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes. Est-ce que tous les Québécois violentaient les femmes? Non. Est-ce que certains agresseurs et « batteux » de femmes étaient Québécois? OUI. Les victimes de la mosquée méritent une journée commémorative au même niveau que les victimes de la Polytechnique. Ces personnes sont toutes des victimes de haine démesurée. La peur de l’autre, la phobie et l’incompréhension de l’autre mélangées aux idées folles d’un esprit tourmenté peut mener à la violence. Avoir une journée nationale de commémoration des victimes et de lutte contre la possibilité de vivre de tels événements à nouveau me semble, à moi ainsi qu’à plus de 70 organisations, une demande honorable et justifiée.
Source 1. Béland, Gabriel (8 janvier 2018). La Presse. « La CAQ et le PQ s’opposent à une journée contre l’islamophobie ». [En ligne], .
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