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Optimiser le temps

Quelques jours après l’annonce des mesures de confinement de la part du gouvernement, j’ai lu un article qui comparait l’étrange période dans laquelle nous nous trouvons à un deuil.

Après tout, collectivement, nous faisons le deuil de notre liberté. Ce ne sera pas demain qu’on pourra flirter avec la proximité entre humains, mettons.

Cet article parlait des différents stades du deuil. De comment nous allions sans doute passer par le déni. La colère. La tristesse. Puis, finalement, au bout de je-ne-sais-trop combien de temps, l’acceptation.

Pour ma part, ce processus s’est passé en quelques jours.

Le déni. Me dire que ce n’est qu’une grippe. Qu’on s’en sortira dans quelques petites semaines seulement.

La colère. Apprendre que je suis en arrêt de travail temporaire (payé, au moins). Être frustrée de ne pas pouvoir faire aller mes méninges. En vouloir aux gens qui se la coulent douce à l’extérieur, ne respectant pas les mesures établies par le gouvernement.

La tristesse. Penser à mes amis, à ma famille. À ceux qui sont loin de moi. Au fait qu’un océan nous sépare. Qu’il me faudra attendre des semaines, des mois avant de les revoir et de les prendre dans mes bras. Me sentir seule.

Puis, au bout du troisième jour, je me suis réveillée bercée par les doux rayons du soleil. Je me suis réveillée sans hargne, sans peine, sans désarroi.

Il me fallait simplement m’adapter à cette nouvelle réalité. Il me fallait être résilliente, et me bâtir un nouveau train de vie.

L’affaire, c’est que je suis de type A. Je vire folle lorsque je ne fais pas quelque chose de tangible. J’ai besoin de penser, de me creuser le cerveau, de travailler. Je suis une Monica dans Friends, qui angoisse à la vue d’un lit pas fait. Je suis incapable de faire la grasse matinée, de peur de « gaspiller » ma journée. Je dois m’activer, tout simplement.

Je me suis donc finalement levée, ce matin-là. Puis, assise à mon bureau, j’ai fait une liste. Une liste de toutes ces choses que j’ai mises sur pause par le passé, sans raison. De ces beaux projets qui m’allumaient jadis, de ces élans créatifs qui n’ont jamais abouti à quoi que ce soit, faute de temps. Ou faute de courage.

Il me fallait passer à travers ma liste de projets incomplets. Il me fallait optimiser ce temps précieux que j’avais pour moi. Pour moi seulement. Pour personne d’autre.

Peu à peu, j’ai commencé à mettre des crochets à côté de certains items de la liste. J’ai relu un vieux manuscrit incomplet qui traînait dans les fins fonds de mon ordinateur. J’ai décidé d’en terminer la rédaction, quelques pages à la fois. J’ai finalement filmé le processus de création de mes biscuits décoratifs, et passé par-dessus cette gêne de jaser à une caméra. J’ai appris à faire du montage vidéo au passage, et je m’améliore de fois en fois. J’ai commencé à peaufiner mes connaissances en coding, parce que ben c’est le futur (et le présent).

Chaque jour, j’optimise mon temps. Certains jours plus que d’autres. Parce que han, des fois, on a le droit de juste vouloir être en bobettes dans son lit à écouter des séries nécessitant un quotient intellectuel de -24.

Mais chaque jour, je me fais du bien. J’active mes méninges. J’optimise ce temps précieux, je le transforme en souvenirs et accomplissements.

Dans quelques semaines, dans quelques mois, lorsque nous commencerons à voir la lumière au bout du tunnel, je sais que je serai fière de tous ces crochets sur ma liste.

Crédit photo : Aron Visuals pour Unsplash

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