Source: Unsplash
Dans les couloirs du pavillon G d’un cégep montréalais, dans la cafétéria d’une école secondaire, sur une plate-forme de train londonienne ou à la fête d’anniversaire d’une amie, c’est dans les moments anodins que naissent les « nous ». Ces inconnus qui petit à petit se glissent dans le casse-tête de nos vies. À travers les mois, la complicité et les fous rires, j’aime croire que des « nous » se créer dans le silence des sous-entendus.
Nous grandissons entourés de « nous ». Et s’il y a bien une chose que j’ai comprise, au contraire de ce qu’on pourrait penser, c’est que « nous » n’est pas une personne: c’est un amalgame de sentiments, d’émotions et de moments.
Peut-être que présentement, ton « nous » se vit avec quelqu’un qui t’est chèr.e. Peut-être crois-tu dur comme fer que ce « nous » survivra à toutes les épreuves et les ravages du temps. Mais la vie est truffée d’incertitudes: tu ne sais pas où tu seras demain ni comment tu te sentiras. Dans quelques années, la personne qui deviendra des plus importantes à tes yeux, selon tes valeurs et qui tu seras devenu.e, n’est peut-être pas celle que tu appelles aujourd’hui « nous ». Et c’est correct ainsi.
Il existe toutes sortes de « nous » : des longs, qui durent depuis des lunes, ceux qui te connaissent par coeur et qui t’aiment inconditionnellement. Les « nous » qui voient le jour et qui sont remplis de promesses et d’attentes. Les « nous » de nostalgie, qui sont tombés avec le temps, mais auxquels tu aurais aimé pouvoir t’accrocher juste un peu plus longtemps. Les « nous » desquels tu t’ennuies et ceux qui resteront à jamais les plus belles leçons. Des souvenirs de « nous », qui ressurgissent dans ta tête quand les accords une certaine chanson commencent à la radio.
Il existe aussi les histoires qui se sont terminées en « je ». Elles ont dégringolé avant la fin de leur chapitre. Des bribes d’histoires finies en solo. Les « nous » qui avaient du potentiel et qui ont terminé leur aventure dans quelques souvenirs bien gardés au fond de notre mémoire.
Malgré tous les efforts qu’on puisse faire pour sauver un « nous » de terminer en deux étrangers aux visages familiers, force est d’admettre que le dos d’une seule personne ne sera jamais assez fort pour soutenir une relation qui devait se jouer à deux.
Récemment j’ai écrit une phrase qui m’a aidé à accepter le fait que certains « nous » n’étaient simplement pas destinés à survivre:
Des nous tu peux en faire partout. Sur les rives de la Seine, dans les grandes avenues de Montréal ou simplement dans le quotidien, chaque jour est une possibilité.
La vérité c’est que tu n’as pas de contrôle sur les heures qui filent, sur les pandémies, sur les semaines qui s’évaporent…et surtout, sur les gens qui croiseront ta route. Toutes les histoires qui ont fini en « je » te rendent plus disponible pour les « nous » que tu t’apprêtes à créer. C’est peut-être en commandant ton café demain matin que ta prochaine amitié ou relation naitra. Ce ne sera pas le même « nous » que celui que tu as laissé derrière. Mais le but n’est pas de trouver son égal : c’est de trouver celui qui te fera sentir tout aussi heureux.se. Parce que « nous » n’est pas attaché à quelqu’un : ce n’est qu’une chimie et une connexion qui se trouve partout.
Alors en hommage à tous les « nous » qui deviendront importants et tous ceux qui font déjà partie de ta vie, souris aux étrangers. Écris aux amis auxquels tu as moins parlé dernièrement. Chante un peu plus fort dans ta voiture. Répare les « nous » que tu peux encore sauver.
La vie est trop courte pour entretenir de la rancoeur. Tu n’as pas encore rencontré tous les gens qu’il te reste à aimer et tous les « nous » qu’il te reste à créer.