Ahhhhh, l’enfance. Cette étape bénie de notre vie où on ne comprend pas du tout, ou si peu, ce qui se passe dans le monde des adultes. Pas de période limite pour faire ses impôts ou d’angoisse de ne toujours pas avoir de REER. Moment trop court où l’ultime satisfaction réside dans le fait d’arriver à négocier qu’on peut se coucher une demi-heure plus tard si on a été endurable durant la journée.
L’envie de vous jaser du merveilleux et étrange monde de l’enfance m’est venue en parlant avec une amie qui, il y a quelques jours, est tombée « par hasard » sur le mariage royal live à la télé : « Ben oui, mais j’avais rien d’autre à faire pendant que je repassais ma housse de couette. » Ouais ouais… On dirait que « le hasard » a contenté bien des gens cette journée-là. Qui repasse sa housse de couette anyway? Mais bref… ce qu’elle me disait avoir savouré le plus, c’est la réaction des enfants qui se tapaient l’opulente cérémonie.
Parce qu’on va se le dire, qu’il s’agisse du mariage du prince Harry, de l’enterrement de « matante grosses lunettes avec un gros point de beauté pis des poils qui en sortent » ou juste d’un brunch de famille pour le jour de l’an, les enfants n’en ont rien à crisser. Pis, dans la société actuelle de standing pis de « faire valoir ce qu’on est », ça fait du bien de les voir, justement, s’en sacrer royalement.
On est tous super prompts à vouloir bien paraître en société parce qu’on a été élevé.e comme ça. Pis c’est parfait! Une fois adulte, ça prend tout de même un minimum de retenue et de savoir-vivre, mais quoi de plus mourant (c’est le cas de le dire), en pleines obsèques, que d’entendre un kid lancer bien fort que « ses fesses le piquent »? Ben, rien. Ça donne juste un maudit beau moment de réalité et de décompression. Amen.
Vous, quels sont les moments de jeunesse et d’insouciance qui vous manquent maintenant que vous êtes un adulte supposément sérieux et conscientisé? Quels sont les souvenirs du « vous petit » qui vous font rigoler quand vous y repensez aujourd’hui? Ceux qui vous font remonter un vague sentiment de malaise? Quelles sont ces histoires qui auraient pu mal tourner, mais où votre intrépidité de superhéros de 10 ans ne voyait qu’une maudite belle aventure?
Voici quelques-uns de mes souvenirs pas nécessairement glorieux :
- Le jour où le père de mon voisin m’a demandé ce que je voulais faire dans la vie, pis que je lui ai répondu ben sérieusement : « danseuse nue ».
- La fois où ma mère s’est installé un p’tit lit pliant, durant une couple de semaines, juste devant la porte d’une pièce qui servait de débarras à côté de ma chambre. C’était TELLEMENT clair qu’il se passait des choses paranormales là-dedans… C’était rempli de vieux trucs poussiéreux dont un vieil orgue orange pis ben des objets étranges que mes parents accumulaient. En tout cas. Ben durant tout le temps qu’a duré sa « retraite » de la chambre conjugale, jamais je me suis demandé pourquoi don’ qu’elle couchait là. Je la trouvais juste fuckin’ courageuse.
- Toutes les fois où, mon frère pis moi, on est partis en Ski-Doo pis qu’on est revenus à pieds. Trop souvent.
- Une des nombreuses fois où j’ai pas écouté ma mère et que je me suis assise en arrière de mon frère sur son vélo. Une couple de bosses plus tard (avec un grand frère un peu trop Jackass), j’ai inévitablement fini par tomber sur la roue de derrière. Les shorts Adidas en ratine n’ayant comme qualité que le confort et non la robustesse, je me suis râpé les fesses au sang. Mais qu’est-ce que tu fais quand tu contreviens délibérément aux règlements parentaux? Ben tu te la fermes pis t’endures tes shorts qui te collent solidement au derrière pour le reste de la journée.
- Quand on sortait trouver des couleuvres, avec ma voisine, pis qu’on les amenait avec nous dans le salon pour écouter les dessins animés du samedi matin. Avec un peu de recul, je me dis qu’elles devaient VRAIMENT triper à écouter Lady Oscar. Écoute, ça arrive juste une fois une chance de même dans une vie de couleuvre.
- Les jours de vacances où on ramassait tous les moignons de crayons, les vieilles effaces noircies pis les carnets de notes où il restait juste 3 ou 4 pages qu’on pouvait trouver, pis qu’on faisait du porte-à-porte pour les vendre pis nous acheter des bonbons avec le cash.
- Quand mon père, en train de faire des mots croisés, a demandé à voix haute : « Os de l’avant-bras qui commence par un “c” et se termine par un “s ”? » pis que j’ai répondu « clitoris ». J’étais juste pas encore tout à fait rendue là dans mes connaissances anatomiques.
- La fois où j’ai pété une coche à mon frère parce qu’on s’en allait manger une crème glacée au village, pis qu’en attendant que ma mère sorte de la maison, il a trouvé le moyen de faire le cave pis de se casser le bras en tombant de la balançoire. Criss de « gâcheux » de fun…
- Les matins d’été à sortir aux aurores pour installer la glissade-banane au plus sacrant. Trois mètres de fun à flyer dans le jet d’eau glacée du tuyau d’arrosage pis à finir sa course en se râpant la moitié du corps sur la pelouse. 100 % plaisir.
Ce qui est beau d’être un enfant, c’est qu’on vit entièrement. En général, on ne reconnaît ni la peur, ni la bienséance, ni l’autorité. Ou si peu. Ou en s’en fout juste ben comme faut. Pis c’est parfait. La vie devient plate bien assez vite de même.
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