Parce que je me rends compte à quel point c’est gossant un cellulaire. Parce que tu peux pas te cacher quand t’as pas envie de parler au monde extérieur, tout le monde sait que t’as ton cell dans les mains 24/7.
Parce que je m’ennuie des années 2000-ish où MSN Messenger était une révolution.
Je ne parle pas du MSN moderne où y’a juste de l’actualité redondante et une boîte de courriels pleine. Je parle du vrai MSN, celui qui nous permettait de garder le contact avec nos amis quand l’école finissait. Je parle du moyen de communication le plus simple et efficace avant que le clavardage Facebook vienne fucker toute.
C’était tellement plus sain, tu pouvais être connectée et quand tu l’étais, personne t’achalait de 1001 messages insignifiants qui font vibrer ta poche de jeans. Dans ce temps-là, quand t’avais un message, c’était accompagné de la plus belle mélodie, ça mettait de bonne humeur et ça te faisait croire que t’étais populaire.
Tu pouvais même être là sans que le monde le sache, tu pouvais être Occupé(e) ou Au téléphone et si tu étais de ceux bien précis, tu pouvais être De retour dans une minute.
Je m’ennuie du temps où choisir ma police d’écriture était ma plus grosse décision de la journée (Comic Sans MS rose, of course). Tu pouvais changer la couleur de l’arrière-plan quand bon te semblait, accumuler les émoticônes sans retenue et ta photo avec un peace pis des broches pouvait être laide de proche, anyway personne zoomait.
Quand il était passé les onze heures et que y’avait plus personne En ligne, tu jouais huit games de dames ou d’échecs avec le seul de tes « contacts » toujours éveillé.
T’avais aucune obligation : si t’avais accès à l’ordi familial, tu y allais et si non, ben tu lisais des livres et personne pouvait te déranger parce que c’est bien rare qu’on s’appelle pour se raconter des histoires qui ne valent pas la peine d’être dites à voix haute (mais on se les texte sans arrêt, de nos jours)…
Mon moment préféré, c’était de changer de nick’ (pseudo). Là, t’avais le monde à portée de doigts. Tu pouvais dire que t’allais magasiner et avec qui. Tu pouvais dire que t’avais un kick sans dire c’était qui. Tu pouvais écrire tes états d’âme d’ado-en-crise-de-toute et mettre deux cœurs brisés + une fleur fanée à côté. Tu pouvais faire le décompte des jours restants avant ton voyage scolaire à Ottawa. Pour ajouter à ça, tu pouvais même écrire ce que t’avais mangé pour souper dans ton sous-nick’. Si c’est pas de la liberté d’expression, ça!
T’avais la paix. T’avais la pire adresse courriel quétaine, avec beaucoup trop de chiffres et au moins un mot gênant dedans.
L’angoisse de ne pas avoir de réponse du gars que t’aimais n’existait pas, tu pouvais lui envoyer des wizz jusqu’à ce que son ordi bogue, comme ça t’étais sûre qu’il pouvait parler à personne d’autre.
Y’a eu la révolution des webcams aussi et là, tu te sentais comme dans l’émission de Paris Hilton. Tu pouvais passer des heures à parler à quelqu’un sans avoir besoin de l’inviter chez vous. C’était comme un appel Facetime mais vintage, et t’avais le temps de t’arranger la face avant. Y’avait toujours la crainte que la webcam fige à un moment douteux où t’avais l’air défigurée durant trois longues minutes.
Je m’ennuie de tout ça. J’suis tannée de me concentrer juste à 87 % sur ce que je fais, parce que y’a un 13 % de ma tête qui doit gérer mon téléphone. Je m’ennuie de pouvoir être Absent(e) ou juste Parti(e) manger. Je m’ennuie du temps où je pouvais être « invisible », mais choisir avec soin à qui je voulais écrire. Je m’ennuie d’être flo-the-chixx-0407.
Je m’ennuie d’être Déconnecté(e) pour de vrai.
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