« I don’t really want you back, I just want the life we had. »
C’est cette phrase qui m’a frappée comme un dix roues allant en sens inverse un soir où j’étais assise dans le bus. Ces quelques mots de la chanson « I don’t want you back » the AJ Mitchell, je les ai ressenties très fort et très profond. Je t’explique pourquoi.
Dans la vie, si tu es un minimum nostalgique comme moi, tu ressens. Tout. Beaucoup. Tout le temps. Trop. Tu t’attaches, tu prends tout un peu trop personnellement, les petits accros de la vie te font souffrir. Tu es un peu anxieux.se. Tu as peur de faire mal. Quand t’es heureux.se, par contre, tu es vraiment heureux.se. Quand tu es down, c’est malheureusement le même concept. Ça ne prend pas grand-chose : deux, voire trois jours de grisaille pour que je m’ennuie du camping de l’été passé, avec cet ami à qui je ne parle plus. Je m’ennuie du temps où j’avais une meilleure relation avec ma mère. Je m’ennuie de la Gaspésie et de Paris.
Dans ces moments-là, je commence à faire une chose dans laquelle j’excelle : j’idéalise, je romance les situations. Je colore les souvenirs, qui avaient leur lot de positif, mais aussi de négatif en des moments roses, glorieux et magnifiques. J’oublie que, lors de ce fameux camping, je m’étais plaint du froid et de l’humidité de la nuit de Saint-Sauveur. Que, à Paris, je m’étais étiré un muscle dans la jambe et que j’avais clopiné toute la semaine. Mon cerveau met à l’avant tous les sourires pendus aux lèvres que j’ai eus dans les cinq dernières années.
D’un côté, je suis reconnaissante : ma capacité à voir le positif est hors pair. Je raconte mes souvenirs et je rends facilement les autres envieux, eux qui auraient tant aimé se glisser dans ma valise ou dans mes chaussures. Je skip facilement les moments où j’étais perdue, ceux qui m’ont menée à vivre ce que je suis en train de décrire. Je ne le fais pas sciemment, mon cerveau trie vraiment, de sorte que je ne me souviens que du beau.
Je ne le fais pas seulement pour les lieux physiques, je le fais aussi pour les relations. Quand je pense à ces gens que je ne côtoie plus, ils deviennent automatiquement de bien meilleures personnes. Je repense aux fous rires, aux conversations profondes et je me demande pourquoi je n’ai pas gardé contact avec eux. Mon cerveau a déjà passé un coup de gomme à effacer sur les engueulades et les coups bas.
Je pense que c’est ce que ça fait être nostalgique, surtout avec l’arrivée tranquille et sournoise des temps froids.
Aujourd’hui, j’ai envie de faire un gros wake up call : tu t’ennuies probablement de quelque chose qui n’a jamais existé. Tu t’ennuies de l’idée que tu te fais du souvenir. Tu t’ennuies de te sentir bien, des sentiments que tu avais quand tu vivais ce moment-là.
Mais un sentiment n’est pas attaché à aucun lieu physique. Tu vas en revivre du bonheur sans être là-bas, avec cette personne-là. Même si tu essayes fort, que tu retournes dans ta tente à Saint-Sauveur pour réentendre le crépitement du feu et la douce mélodie de la rivière, tu vas juste réaliser qu’il y a aussi des maringouins pis que ton sleeping bag est pas plus confortable qu’il y a deux ans.
C’est correct de s’ennuyer de la vie qu’on avait il y a quelque temps, mais c’est une belle et grande prise de conscience de réaliser que, même si notre chère amie Nostalgie nous fait croire le contraire, on ne veut pas vraiment ravoir ce qu’on avait à cette époque.
Bref, je pense que ce soir-là, dans le bus, j’ai réalisé que je m’ennuyais surtout d’être heureuse et insouciante, mais que, profondément, je ne m’ennuyais pas de ce qui m’avait rendue heureuse. Ça, ça évolue constamment.
À toi de trouver ce qui va, aujourd’hui, dans ta réalité, te faire sentir comme étant la meilleure version de toi-même.
Cheers to that.
Source : Pixabay