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Récemment, une bonne amie à moi m’a écrit un message à la suite d’un dur moment.
Après la lecture de celui-ci, je vous avouerais que je me suis retrouvée sans mots, puisque ceux-ci n’avaient plus d’importance dans cette situation. Je crois, sous toute réserve, que seule ma présence était de mise ici malgré tout mon sentiment d’impuissance envers elle.
Après une relecture dudit message, je ne pouvais garder sous silence ce qu’elle m’a transmis, car elle-même cherchait un moyen de transmettre ce qu’elle vivait au « grand public ». J’utilise donc mes mots aujourd’hui pour vous transmettre les siens. Ceux qu’elle souhaite partager pour exprimer les maux qui surgissent lors de crises d’anxiété. Alors, pour toi, ma belle amie, comme promis, je transmets ton message, car il est criant de vérité !
« Hey Marie,
Ne dis rien, ne fais que m’écouter. Je n’ai besoin que de ça…
Qu’on écoute le message que j’aimerais que tant de gens entendent.
S’il te plaît, sois là et ne dis rien, car je sais que c’est tout ce dont j’ai besoin en ce moment…
Lentement, je me recroqueville sur moi…
Je sens mon souffle se couper…
Il est trop tard, la crise est commencée…
Je ne peux que la laisser déferler sur moi, en espérant qu’elle n’emporte pas tout sur son passage.
La vérité est que ce soir, la crise est féroce.
Aucun son ne parvient à franchir mes lèvres pourtant ouvertes…
Mon cœur serré si fort me donne l’impression qu’il s’arrêtera à tout moment.
Je sens mes doigts se crisper sur mes draps, cherchant désespérément une aide qui ne vient pas…
L’air ne pénètre alors tout simplement plus à l’intérieur de moi…
Mon corps se contracte dans de lourds soubresauts…
Ma tête tourbillonne et mes yeux peinent à ouvrir…
De grosses larmes silencieuses glissent sur mes joues…
La crise est à son apogée…
J’ai l’impression que la noirceur m’amènera aujourd’hui avec elle…
Pourtant, je reste là…
Vivante… mais incapable d’être maître de mon corps.
Je sens enfin la crise diminuer après de longues minutes à agoniser.
Je parviens enfin à laisser échapper un long râle étouffé.
Le plus horrible est que ces crises répétées, je les vis seule.
Personne pour me réconforter ou simplement pour m’accompagner.
Maintenant, les larmes continuent paresseusement de glisser.
La crise est passée, mais la douleur demeure.
Exténuée et vidée… Le regard vide et pourtant encore bien humecté.
Chaque crise me dépouille de mes moyens, je me sens souillée et je cache mon corps sous mes draps comme si quelqu’un avait été témoin de cet outrage.
Ce soir, la crise est arrivée sans crier gare, comme souvent elle le fait.
Mais je suis seule, alors personne ne le sait.
Personne ne se doute que, si souvent, la crise m’emprisonne et prend possession de tout mon être, et que je ne peux que simplement la regarder me ravager.
Le lendemain, lorsque je revois les gens, ils n’ont aucune idée que la veille, mon corps a été dépouillé. Que la crise, bien que passée, a laissé des séquelles.
Les gens vivent l’anxiété de différentes façons. Pour ma part, la mienne est sournoise et elle patiente jusqu’à mes moments les plus seuls pour ressurgir. Alors vous comprendrez que vivant seule, et étant isolée avec la pandémie, les crises apparaissent régulièrement.
Parfois, je les sens s’approcher et d’autres fois, comme ce soir, elles me prennent par surprise.
Mon corps est si lourd présentement… Mes yeux sont rougis et toujours humides, mais la crise est passée. Ma tête, elle, pourtant ne se repose pas… Elle continue de tourbillonner…
La vérité est que mes crises sont de plus en plus fréquentes et violentes. Une partie de moi voudrait rendre public ce genre de texte, afin que les gens voient et comprennent l’anxiété et la détresse psychologique, mais j’ai pas envie de me faire juger. Pas envie qu’on m’écrive des “pauvre toi”.
Alors, Marie, ne dis rien, ne fait que m’écouter. Je n’ai besoin que de ça…
Qu’on écoute le message que j’aimerais que tant de gens entendent.
S’il te plaît, sois là et ne dis rien, car je sais que c’est tout ce dont j’ai besoin en ce moment…
Qu’on ne me juge pas et que l’on m’accueille pour ce que je suis, malgré ce que je vis. » — S. —
Plus que jamais, nous sommes confrontés, en tant que société, à cette réalité qu’est le diagnostic d’anxiété. Nous sommes peut-être plusieurs à ne pas pouvoir le comprendre, certes, mais il n’en demeure pas moins que nous sommes plusieurs à connaître cet‧te ami‧e, ce proche parent, ce voisin, cette collègue qui souffre de ce mal-être bien souvent en silence, car après tout, à quoi bon crier sur tous les toits comment nous pouvons nous sentir, quand bien souvent, ce n’est même pas ce dont nous avons besoin.
Je n’ai pas la vérité infuse, mais je crois, lorsque nous sommes en présence d’une personne ayant une crise d’anxiété, qu’au lieu de trouver mille trucs positifs à lui dire, il serait beaucoup plus pertinent de lui demander de quoi elle a besoin au moment présent : se faire changer les idées, être blottie dans nos bras, une couverture, etc. Ainsi, peut-être (je dis bien peut-être) cela apaisera beaucoup plus rapidement ladite crise, et la personne pourra ainsi retrouver plus aisément son point d’ancrage. Celui qui lui permet de continuer à avancer, sans que personne ne sache réellement ce qui se cache derrière les portes.