Aujourd’hui, j’ai décidé de vous parler d’un fléau de société.
Je ne parle pas ici de Donald Trump ou encore de la Syrie, parce qu’honnêtement, j’éprouve une grande incompréhension encore trop difficile à mettre en mots face à ces deux désastres de l’humanité. Par contre, il existe un phénomène beaucoup moins tragique, mais tout de même aberrant que je suis capable de décortiquer… Je parle ici de la fameuse peur de l’engagement (insérer musique dramatique).
Pour être honnête, je ne suis pas certaine de comment on en est arrivé au point où admettre qu’on aime bien quelqu’un est devenu synonyme d’engagement « à la vie à la mort. » Je n’arrive pas non plus à saisir comment ce terme si inoffensif est devenu un mot porteur de tant d’effroi. Ça me semble pourtant évident : si j’aime bien quelqu’un, j’ai envie de passer du temps avec lui et de voir si ça pourrait marcher – et comme je l’aime bien, je n’ai pas vraiment envie qu’il apprenne à connaître trois autres filles en même temps. Est-ce que ça veut dire que je veux qu’on soit pris ensemble sur une route de laquelle on ne pourra jamais dévier? Euh… non. Ça se peut que, moi aussi, j’aie envie de quitter le sentier, un de ces jours, mais, au début, j’ai le goût de faire ça avec un minimum de respect et d’implication, parce qu’un couple, même un couple en devenir, ça prend un peu de don de soi (sorry not sorry de vous voler le punch.) C’est ça l’engagement, pour moi : choisir consciemment de faire un effort pour se concentrer sur une personne. En fait, on ne fait tout simplement que se donner une chance.
Je vais te dire un secret. La vérité, c’est qu’on n’a pas vraiment peur de s’engager, on en est juste venu collectivement à accepter cette phrase, ce « phénomène » comme une défaite raisonnable. Cette peur, c’est vraiment celle de manquer de place dans le buffet de la vie, parce qu’on a pris une trop grosse entrée. C’est le fameux : « Ce n’est pas toi ; c’est moi » de notre génération. Sauf qu’au moins, quand la génération d’avant disait : « Ce n’est pas toi, c’est moi, » la personne qui se faisait domper savait très bien que c’était au moins un peu elle aussi et ça lui permettait de passer à autre chose. La peur de l’engagement, c’est encore un peu trop récent et de ça provoque un autre phénomène tout aussi accablant : on s’accroche. Ça arrive à tout le monde au moins une fois : on attend, on se languit et, surtout, on accepte beaucoup moins que ce que l’on mérite.
Faut dire que, souvent, l’autre ne nous aide pas : il nous dit qu’on est différente, il nous envoie régulièrement des textos, il nous fait l’amour – il ne nous fourre pas là, il nous fait l’amour, avec des baisers, de la tendresse pis du contact visuel et, en prime, un dodo en cuillère après… On est en droit de se faire des attentes, non? Pis BANG : la panique arrive et notre amoureux en devenir nous frappe avec le classique : « J’aime vraiment ça ce qui se passe entre nous, je te trouve incroyable, je ne comprends pas ce qui m’arrive… mais je pense que je ne suis juste pas prêt à m’engager. » À noter que j’utilise le masculin ici à titre d’exemple, mais c’est un classique pour nous, les femmes, aussi. La peur de l’engagement ne discrimine pas selon le genre ; c’est vraiment un fléau de 2017.
« Où s’en va-t-elle avec tout ça? », vous demandez vous sûrement. Eh bien, je me dis que, peut-être que sauver la Syrie, c’est un gros projet en 2017 et qu’espérer peut-être aussi que Donald Trump sera un bon président est l’équivalent de penser réussir à changer un bad boy, soit impossible et démoralisant… mais une chose qu’on serait en mesure de faire cette année, c’est éradiquer l’utilisation de l’excuse de la peur de l’engagement – parce qu’on va se le dire, si j’étais la femme de ta vie, si tu pensais que je suis la personne la plus fantastique de l’univers et que mes crottes de yeux le matin agrémentent joliment mon visage endormi, tu ne me mettrais pas de côté, juste parce que t’as peur de t’engager. Non, tu foncerais et tu ne te poserais pas de question à savoir si essayer avec moi risque de t’en faire manquer une autre.
Ça fait que là, génération millénium, on peut-tu se promettre deux choses?
- Si la personne ne t’intéresse pas, dis le lui. Dis le lui gentiment, avec tact ; utilise la technique sandwich : « T’es quelqu’un de super, il manque quelque chose à notre relation, mais je te souhaite tout ce qu’il y a de mieux. » Ce n’est pas plus compliqué que ça. Ça va lui faire de la peine, ça va être awkward, mais tu fais la bonne chose et la personne va silencieusement t’en remercier un jour.
- Si quelqu’un te dit qu’il ou elle a peur de s’engager, dis-lui que tu comprends. Souhaite-lui bonne chance dans le réglage de sa phobie, donne-lui le numéro d’un bon thérapeute s’il le faut, mais ne l’attend pas.
Millénium, en 2017, va donc te chercher quelqu’un qui va te rencontrer et se dire que s’engager avec toi serait la plus merveilleuse des aventures.
Par Marie-Christine Chartier
Élodie Dugat
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