Dès notre naissance, on nous colle des étiquettes et on nous range dans une catégorie. On nous demande de suivre les règles établies à la maison, à l’école et dans la société. On nous donne une ligne directrice sur ce qu’on devrait dire ou ne pas dire, être ou ne pas être, faire ou ne pas faire pour ne pas déranger, pour ne pas faire de vagues et pour rentrer dans la « normalité » et dans les rangs. Mais c’est quoi, la normalité, sinon être comme tout le monde? Je ne suis jamais rentrée dans le moule, pis aujourd’hui, je m’en fous!
Au début quand j’étais petite, on s’entend que ce n’était pas par choix. C’était plutôt parce que j’avais l’habitude de faire à ma tête, de juste vivre le moment présent pis de trouver ce qui me plaisait. Plus tard à l’adolescence, quand j’ai compris comment le monde tournait, bien j’ai essayé de suivre ce que la société nous dictait.
À cet âge-là, notre vie tourne autour de l’opinion des autres, pis ça a bien de l’importance… Je me demande encore pourquoi, car quand on y pense aujourd’hui, nos principales préoccupations étaient pas mal superflues.
Mais, j’ai quand même essayé pendant des années de rester à ma place, de me fondre dans le décor, de faire comme les autres pour ne pas trop détonner, pour ne pas déranger et faire fuir les gens. Mes aspirations étaient pas mal calquées sur le parcours qu’on doit suivre. Genre, les bonnes études, la job, la maison pis le bébé pis toute, pis toute.
J’ai suivi cet ordre établi, mais peu importe ce que je faisais, ça ne fonctionnait pas. Ma nature profonde reprenait toujours ses droits. On m’a toujours dit : « Tu as vraiment une tête de cochon, tu parles trop fort, tu manques vraiment de tact, tu es trop directe, tu n’es pas assez sociable, comment ça se fait que ce genre de trucs t’intéresse? » C’est sans compter les : « Je ne te comprends tellement pas, tu n’es pas comme les gens qui font ça habituellement. » Ou encore les : « Pourquoi tu penses ou fais ça comme ça, moi je ne ferais pas ça de même?! »
T’sais, moi, dans ma tête, ça a toujours été une évidence. Pourquoi je devrais suivre aveuglément une ligne directrice comme ça, les yeux fermés? Et pourquoi justement je devrais utiliser ou suivre cette façon de faire plutôt qu’une autre? Pourquoi ça existe ce genre d’affaires là, au juste? Pis qui a donc inventé ces conneries et pourquoi je vous écouterais sans faire d’histoire? Personne n’a la science infuse à ce que je sache, donc je ne devrais pas croire et faire tout ce qu’on me dit, non?
Puis j’ai compris. Il n’y avait pas de moule fait pour moi. Ils l’ont probablement fabriqué qu’une seule fois. J’ai donc juste décidé d’arrêter de me définir en me basant sur le regard des autres et leur règle. Je te dérange quand je ris de bon cœur et que pour toi c’est trop fort? Tu n’aimes pas ça quand je te questionne sur ta procédure ou tes idées qui me semblent être illogiques? Ma manière de penser ou mes valeurs te dérangent parce qu’elles ne te rejoignent pas? Je ne suis pas correcte quand je te dis ma façon de penser au lieu de ne rien dire et de faire l’hypocrite? Ben tant pis.
Ce n’est pas facile de rester soi-même, surtout quand les autres voudraient que tu sois comme eux ou moins intense dans la vie. Ça te fait perdre des amis en cours de route, peut-être même que ça t’éloigne aussi de certaines personnes au travail, dans ton entourage ou ta famille.
Mais d’un autre côté, tu sais qui t’apprécie vraiment pour ce que tu es. Pas seulement parce que tu incarnes quelqu’un de plus « normal », mais parce que ces personnes t’acceptent avec tes qualités, mais aussi tes mauvais plis et tes défauts. On a tous quelque chose d’unique, il faut l’accepter et justement s’en servir. Tu peux être libre de penser et de vivre comme tu l’entends. Le reste, soit ce que les autres peuvent penser de toi, de ta façon d’être ou de tes choix, tu t’en fous parce que l’important, c’est d’être bien avec toi-même.
Par Julie Lambert
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