C’est tellement compliqué les relations en 2016 : on se magasine une date à coups de swipes à droite, on se rencontre, on jase un peu, on se fait les yeux doux, on se plaît. On s’engage dans de quoi de pas trop défini, un peu vague, une relation un-peu-ouverte-mais-pas-trop où il faut se la jouer cool et détaché, et pas trop laisser paraître ce qui brasse en dedans. Un jeu d’apparences pour ne pas effrayer l’autre et essayer de contrer cette fameuse peur de l’engagement.
J’vous avoue quelque chose : je suis vraiment pas bonne à ce jeu-là.
Les gens de mon entourage savent que je me fais plutôt discrète sur mes relations « amoureuses ». J’aime pas trop en parler avant que la chose soit, disons, officielle. C’est un peu superstitieux, mais j’ai l’impression que ç’a moins de chances de marcher si j’en parle. Et puis je déteste devoir expliquer pourquoi ça n’a pas marché, avec un air semi-détaché de fille qui est ben au-dessus de ça… alors que ça me gruge le dedans.
Fait que là, j’vous parle de mon petit cœur un peu magané, pis ça me prend ben du courage.
Mon petit cœur, je le gardais caché. J’croyais, bien honnêtement, qu’il s’en venait pas mal dur. Un p’tit cœur de béton. Mais j’sais pas trop comment, y’a commencé à ramollir. Y’a quelque chose de ben insidieux qui s’est faufilé un chemin jusqu’à lui : l’espoir.
L’espoir, c’est traître : tu le vois pas trop arriver, il s’incruste incognito et après il est difficile à faire partir. L’espoir, ça te rend heureux, mais temporairement, sur une fondation pas solide. Un cœur de béton mou sur une fondation pas solide : j’étais partie pour la gloire (not).
Évidemment, ç’a fini par s’effondrer. Le cœur a fini par s’égrainer et j’en suis encore à ramasser les miettes.
J’essaye de me raisonner pis de me dire que ça n’a pas de sens d’avoir de la peine pour quelqu’un qu’on connaît pas. Parce que non, j’pense pas qu’après quelques semaines de fréquentation, on peut dire qu’on connaît quelqu’un. On connaît ce que l’autre personne a bien voulu nous montrer et c’est tout. C’est la désillusion qui fait mal plus que d’autre chose, j’pense.
Fait que, bref, j’ai décidé de donner un break à mon cœur pour lui laisser le temps de se reconstruire. Comme disait Garou et Céline : « Je donne des vacances à mon cœur, un peu de repos. Souuus leeeeee vennnnnnnt ». J’vais lui construire un petit coffre-fort pis j’vais choisir avec soin la personne à qui je vais donner la clé.
Les déceptions amoureuses, ça fait mal. Mais j’me dis que rien n’arrive jamais pour rien. Qu’à travers le rejet et l’amertume, on en ressort plus fort. Et plus forte je serai, à condition de me laisser du temps.
Du temps pour vivre pour moi. Pour m’émerveiller devant les premiers flocons de l’hiver, pour écrire, pour chanter un peu trop fort et danser comme une folle dans le salon quand y’a personne pour me regarder. Pour respirer à pleins poumons la vie et la savourer une journée à la fois.