Je suis un cliché. Je suis de ces filles quétaines qui rêvent du vrai secondaire américain. Celui qu’on voit dans les films ou les séries. Un endroit où les stéréotypes sont alimentés à coup de place de cafétéria. J’aimerais être l’anarchiste qui détruit l’ordre préétabli. Je suis aussi le genre à écouter The Breakfast Club sur Netflix un samedi soir. J’aimerais, moi aussi, lever mon poing dans les airs en proclamant fièrement que je suis à la fois surdouée, reine de promo, délinquante, détraquée et athlète. Je réalise que je ne peux être tout ça en même temps, que ce qui me complète réellement ce sont les amitiés que j’entrecroise depuis ma naissance. Ce pourquoi je proclame fièrement (toujours le poing dans les airs) que j’ai des amis surdoués, reines de promo, délinquants, détraqués et athlètes qui font qu’existent ma personnalité et moi.
Les surdoués, ceux avec qui on passe des heures à s’obstiner en sachant pertinemment qu’on a tort. Ces gens qui ouvrent nos horizons comme s’il n’y avait pas de limites. Ceux qui nous apportent plus qu’on voudrait parfois. Ces amis à qui on envoie nos travaux pour récolter des commentaires (ou un nouveau travail mieux fait). Un compliment venant d’eux fait notre mois entier. Toujours partant pour ces nombreuses soirées d’étude en fin de session. Ces individus pour qui nous n’avons pas une once d’inquiétude concernant leur futur. Ces gens pour qui j’ai le plus grand des respects.
Puis viennent les reines de promo. Ces filles pleines d’énergie avec qui tout est possible (littéralement tout). Ces petites fleurs qu’on arrose à coup de vodka et de rires. Des amies qui remplissent leurs sacoches de blagues et d’anecdotes rocambolesques. Celles qui nous rendent vivants (ou pompettes). Les belles avec un caractère, une personnalité et de la répartie. Ces individus qui écoutent nos vies de A à Z dans les toilettes miteuses des bars sans broncher. Avec qui un souper se transforme vite en nuit d’ivresse. Les meilleurs remèdes quand on perd le sourire. Les reines de promo solides qui ne perdront jamais leur diadème.
On a tous des amis plus wild, qu’on admire pour leur insouciance. Les gens inspirants prêts à refaire le monde en sac à dos. Ces délinquants toujours en train de préparer leur prochain périple. Rien ne les écœure. Tout les émerveille. Les esprits libres de ce monde qui désirent voir pour le croire. Entre la Grèce et l’Irlande, ils ne se perdent jamais. Le cœur aussi gros que la tête, ils agrémentent nos imaginaires un pays à la fois. Ils marchent sur des nuages la tête à l’envers pour veiller sur nous.
Il y a aussi les détraqués. Ceux qui collectionnent les malaises pour leur plaisir personnel. Qu’on aime sans savoir vraiment pourquoi. Peut-être parce que leur personnalité bizarre nous rassure sur la nôtre? Ou parce qu’ils sont attachants dans leur maladresse. Toujours là pour apporter une vision étrange des choses, pour se rappeler qu’on a une sensibilité. Ils parlent rarement. Ou trop. Des amis inconditionnellement présents qui répondent à toute heure de la nuit quand on se questionne trop à propos des athlètes.
Les athlètes. Cette amitié étrange et curieusement satisfaisante qu’on entretient avec le sexe opposé. Avec eux, on marche sur nos sentiments comme on marcherait sur des œufs. L’éternel questionnement de l’amitié gars/fille. Cette sécurité qu’on éprouve pour l’autre, une confiance aveugle. L’amitié facile à basculer, difficile à rattraper. Celle qu’on veut transformer et laisser intacte à la fois. L’amitié qui réchauffe le cœur quand c’est l’hiver.
En écrivant, je me rends compte qu’il existe un autre type d’amitié : le type multifonction. Ces amis qu’on connait comme si on les avait tricotés, qui sont là pour rester. Une symbiose infatigable. Des amis qui se mélangent à notre famille. Qui sont tout en même temps, qui nous aident à grandir en nous faisant la courte échelle. Les meilleurs amis du monde. Non, les meilleurs amis pour soi. Ceux qui nous tombent dessus et qui ne s’excusent pas. Des âmes sœurs qu’on suivrait jusqu’au bout les yeux fermés, les deux poings dans les airs, sans jamais avoir le sentiment de perdre l’équilibre.