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Mon anxiété & moi

En 2013, au début de l’été, je décrochais un emploi vraiment cool dans une pizzeria locale. C’était mon deuxième emploi et, honnêtement, entre ça et laver la vaisselle au Tim Hortons du coin (le seul des Îles, ha!), les pizzas m’apparaissaient une bonne option.

Toutefois, et je crois que quiconque ayant déjà travaillé dans la restauration sait ça, c’est un milieu qui peut devenir rapidement stressant. Travailler dans un restaurant, ça apporte son lot de pression. C’est rien contre l’endroit, contre les propriétaires ou les autres employés. Le problème, vraiment, c’était moi.

En travaillant là, j’étais constamment nerveux, inquiet de me tromper, de faire des erreurs, de « nuire » à la compagnie. Et, en fait, toute la pression que je ressentais, c’est moi qui me la mettais sur les épaules. Au final, j’ai travaillé trois semaines dans cet endroit.

Mes derniers quarts de travail, je revenais à la maison avec les larmes aux yeux et j’angoissais en pensant que je devais y retourner, je n’arrivais pas à croire que je m’étais engagé à faire ça tout l’été! Chaque soir, j’y pensais dans mon lit et ça me tenait réveillé. Mes journées de congé représentaient des moments ultra-joyeux, mais je ne pouvais pas en profiter parce que je ne pensais qu’au fait que je devais retourner travailler le lendemain.

Finalement, pendant un chiffre, lors d’une soirée pas-si-tranquille-que-ça, j’ai craqué; j’ai fondu en larmes dans la cuisine, sur le bord de la crise de panique, avant de me résoudre à démissionner.

J’avais honte. Je ne pouvais pas y croire. Je ne laissais pas seulement tomber l’entreprise, mais ça représentait un échec majeur pour moi. En réalisant l’impact que cet emploi-là a eu sur moi, quelques proches m’ont conseillé d’aller voir un psychologue, juste pour voir, pour en parler. Finalement, après quelques sessions à tourner autour du pot et à parler brièvement des événements de la pizzeria, encore frais dans ma mémoire, j’ai été diagnostiqué d’un léger TAG (trouble d’anxiété généralisé).

J’ai pas besoin de vous dire que j’étais démoli. Moi? Anxieux? Pourquoi? Y’a tellement de choses qui me passaient par la tête et je ne voulais pas que ça m’arrive.

De recevoir un diagnostic officiel d’un professionnel de la santé, ça a vraiment fessé fort. Je l’ai immédiatement vu comme un échec. Cette partie de moi, imparfaite, représente tout ce que j’ai toujours détesté à mon propos.

Je déteste quand je laisse mes peurs m’envahir. Je déteste quand j’ai pas la force de faire face à mes angoisses. Je déteste quand je me prépare pour sortir et, en regardant une dernière fois dans le miroir, décide que j’en suis incapable parce que je ne suis pas assez « bien » pour être vu en public. Je déteste passer des nuits blanches dans mon lit à me poser les questions les plus connes. Je déteste devoir constamment douter de mes actions, même si elles n’ont pas le moindre impact sur rien. Je déteste et j’ai honte.  

Mais, cette partie de moi, c’est aussi quelque chose qui va rester pour toujours, quelque chose dont je ne pourrai jamais me débarrasser. C’est ce qui fait de moi, moi. Cette partie de moi, c’est aussi ce que j’apprends aujourd’hui à vivre avec, voire à aimer.

Je crois qu’un des traitements les plus communs, pour le trouble d’anxiété généralisé, c’est ce que les professionnels définissent comme la psychoéducation ou psychothérapie. Brièvement, cette technique consiste tout simplement à informer la personne atteinte du TAG des symptômes qu’elle peut ressentir, des situations qui peuvent déclencher son anxiété, etc., et de la guider vers un contrôle plus précis de ses angoisses.

C’est, dans mon cas, ce qui m’a été conseillé. Et, heureusement, ça fonctionne.

Quand je sens l’anxiété s’emparer de moi, j’essaie de rationaliser en me disant justement que je m’en fais trop, que le problème n’est pas aussi gros qu’il le semble et que, au final, il y a toujours une solution, même si elle n’apparaît pas évidente.

Mon meilleur truc à ce jour, c’est d’arrêter tout ce que je fais et de prendre le temps de respirer un bon coup. Ça peut avoir l’air simpliste comme idée, mais c’est ce qui me procure le plus grand bien quand je commence à paniquer.

Après trois ans de vie commune avec mon trouble d’anxiété généralisé, je réalise de plus en plus que ce n’est pas si grave, que ce n’est pas l’échec que je voyais dans ma tête. C’est tout simplement moi et c’est bien comme ça.

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