Cette semaine, je n’ai cessé de voir des articles à scandales dérouler dans mon fil d’actualité. Je n’ai rien lu au sujet du mouvement #MoiAussi qui venait d’être lancé, mais c’est en lisant les différents statuts publiés sur Facebook que j’ai compris. Plusieurs femmes de mon entourage en avaient long à dire. Non seulement elles ont vécu ou assisté à un geste déplacé de la part d’un homme à leur égard, mais en plus, c’est arrivé plus d’une fois. Mon premier réflexe a été de lire tous leurs témoignages dans leur entièreté. Même le bruit ambiant autour de moi semblait silencieux. Je n’arrivais pas à comprendre comment ces femmes, beaucoup plus nombreuses que je n’aurais souhaité l’imaginer, arrivaient à ainsi dénoncer leur(s) persécuteur(s).
La vague est rapidement devenue un tsunami. Les artistes se sont mis à publier des témoignages sur leurs profils officiels. Les journaux ont publié des articles sur des gens d’affaire du milieu québécois. Des démissions, des suspensions, des mises en retrait… Des pages Facebook d’émissions de télévision qui ont changé leur visuel de page pour retirer les personnes suspendues. J’ai l’impression ce matin de revivre le scandale du comédien surpris dans un parc de Montréal par un policier en civil. Le tout, à beaucoup plus grande échelle. Il semblerait que le monde artistique soit le pire incubateur pour ce type de situation selon les articles.
Qu’en est-il vraiment dans la réalité? Je ne peux parler des autres sphères sociales, je ne peux parler que de mon univers de tous les jours. Il est sans dire que ce genre de situation arrive aussi dans le domaine numérique. Que ce soit des allusions à une serveuse dans un 5 à 7 d’affaire ou tout simplement des remarques de temps à autre sur mon orientation sexuelle, j’ai été témoin de plusieurs gestes de la part d’un ancien employeur. J’ai fini par m’y faire, en me disant que c’était le résultat d’une crise de la quarantaine, car qui pourrait penser qu’un homme ayant une conjointe et des enfants pourrait avoir un comportement aussi déplacé? En plein coeur de la belle ville de Québec surtout. Personne n’y songerait sans doute…
Pourtant, c’est arrivé. C’était après un 5 à 7 justement. Je voyais que mon employeur avait beaucoup trop bu et j’étais la dernière du bureau encore présente, mes collègues venant tout juste de partir. Je me suis offerte pour lui faire un lift jusqu’à chez lui, plutôt que de le laisser prendre sa voiture. Je trouvais l’idée de rendre service très honnête, car je lui évitais de prendre le taxi et d’arriver tard pour voir ses enfants. Par contre, mon élan de gentillesse s’est vu se retourner contre moi, car dès que nous sommes arrivés à ma voiture, les choses se sont mises à aller mal. Déjà, faire affaire avec un homme saoul, ce n’est pas très efficace pour connaître le chemin. Nous n’avions pas même quitté le stationnement qu’il me faisait des avances et me demandait de lui faire la bise. J’ai connu suffisamment de gars pour savoir où il voulait en venir et me méfier. Mais comment aurais-je pu prévoir qu’il retiendrait ma main pour la tenir sur son entrejambe tout au long du trajet?
Ce fût le 15 minutes de route le plus long de toute ma vie. Un trajet interminable, sans compter les détours fait parce que mon copilote était complètement désorienté. C’est une fois arrivée chez moi, avec un profond dégoût que je me suis aperçue que cet homme me répugnait. Comment pouvait-il encore embrasser ses enfants et sa conjointe après ça? Sitôt chez moi, inutile de dire que je suis aussitôt entrée dans ma douche. Dès le lendemain, ma voiture passait au même traitement que moi la veille, soit un nettoyage intégral de l’intérieur et de l’extérieur. Je me jurais alors de ne plus participer à aucune activité pour être seule avec cet homme qu’était mon employeur.
Dès le lundi suivant l’incident, j’ai eu droit à des excuses en privé de sa part. Je n’y ai donc plus repensé en songeant que c’était une erreur de parcours, soit une bière de trop. Mais j’ai vu un pattern se dessiner. Plus tard, j’ai eu l’impression qu’il ferait la même chose, peut-être pire, avec ma collègue. Je lui ai donc confié ce secret afin de la prévenir de ses comportements indécents.
Je n’ai peut-être vécu que le centième de ce que certains ont pu subir d’une personne d’influence. Je tenais toutefois à leur transmettre tout mon respect d’avoir pu vivre avec ces secrets et je tiens à leur offrir mon support dans leurs démarches. Ces personnes, qu’elles soient des hommes ou des femmes, envers d’autres hommes ou d’autres femmes, peu importe leur statut professionnel ou leur influence dans le domaine, doivent être dénoncées. Ce ne devrait pas être acceptable d’avoir peur autant pour sa carrière alors que nous n’avons rien demandé.
#MoiAussi, je vous supporte.
Par Maeve