Naissance de 97 tortues en voie d’extinction sur une plage désertée par la COVID-19 au Brésil (Source)
Dimanche 15 mars. Je me dirige tranquillement vers mon rendez-vous avec un massothérapeute pour relaxer après des mois de rush au boulot. Mon téléphone sonne. On m’annonce avec regret que mon rendez-vous est annulé en raison de nouvelles mesures gouvernementales pour contrer la propagation de la COVID-19. Je texte mon ami pour qu’on aille prendre un verre. Puis, je réalise que les bars viennent de fermer. Ça y est. La crise s’est rendue jusqu’à nous. Un peu sous le choc, j’entre chez Veux-tu une bière ? pour trouver de quoi boire à la maison. Moi j’ai confiance de Philémon Cimon joue dans la boutique. Je ne sais pas si c’est un hasard ou un choix judicieux du propriétaire, mais c’était vraiment on point.
« Moi j’ai confiance qu’on peut sortir, qu’on peut marcher encore Moi j’ai confiance qu’on peut parler, qu’on peut être bien dehors Moi j’ai envie d’être en vie, de parler encore plus fort
Et d’être avec mes amis qui me parlent des rivières du Grand Nord »
Je retourne tranquillement chez moi en sentant bien que le vent est en train de tourner, mais sans encore mesurer l’ampleur de ce qui nous attend. Sans réaliser que le lendemain serait ma dernière journée au bureau avant longtemps, que bientôt les rassemblements allaient être bannis et qu’on se retrouverait tous confinés à la maison. Que bientôt, ma seule sortie serait l’épicerie.
Moi, j’ai confiance que cette crise passera. Non seulement elle passera, mais elle nous poussera à devenir meilleurs. Le monde ne sera plus jamais le même, c’est vrai. Mais est-ce vraiment dans ce monde que l’on souhaite vieillir et élever nos enfants ? À trop produire, trop consommer, trop dépenser, trop polluer et trop peu vivre, savourer, aimer, partager ? À partir de maintenant, nous sommes plus conscients de chacun de nos gestes, du fait que nous sommes dépendants non seulement les uns des autres, mais de l’humanité entière.
Plus que jamais, nous avons du temps. Du temps devant soi, du temps pour soi, du temps pour les autres. Plus que jamais, on apprécie les petites choses en se reconnectant à l’essentiel, en savourant chaque bouffée d’air volée dehors, chaque produit dans notre frigo et la chance qu’on a d’être en vie. Plus que jamais, on écoute notre cœur et on retrouve notre créativité en redécouvrant nos vieilles passions qu’on avait laissées s’empoussiérer en dessous de l’overtime et des obligations. Et on se surprend à rêver à toutes celles qu’on n’a pas eu le temps d’essayer. Plus que jamais, on ressent ce besoin de connexion avec l’autre, la nécessité de vivre en communauté, de renouer, de tisser des liens, de s’entraider. Plus que jamais, on souhaite s’abreuver d’art, de beauté, de spiritualité.
« Moi j’ai confiance qu’on peut aimer malgré l’orage malgré
La fin du monde qui s’en vient noyer les cœurs malades »
En regardant la destruction du monde tel qu’on le connait, moi, j’ai confiance. Confiance qu’on est en train de se préparer pour la création d’un nouveau monde auquel on voudra prendre part. La société est en pause, nos vies sont en pause et la Terre, elle, peut enfin reprendre son souffle, se régénérer. On peut déjà le voir, le sentir… Imaginez si on ralentissait durablement pour de vrai.
Moi, j’ai confiance que l’on peut s’unir face aux catastrophes qui nous attendent. Car il y en aura d’autres, de plus en plus grandes, de plus en plus mortelles. Mais si tout le monde s’unit, on saura renverser la vapeur et faire ce qui est nécessaire devant l’urgence climatique. Plus que jamais, nous savons que chaque geste individuel compte, mais surtout que les gouvernements ont la capacité d’agir de façon efficace pour endiguer une crise. Que le problème, ce n’est pas l’absence de solutions, mais bien l’absence de volonté. Ça ne se fera pas en un jour et ce ne sera pas facile. Mais maintenant que nous sommes de plus en plus nombreux à être conscients du non-sens du système actuel, on sera de plus en plus nombreux à refuser de se remettre en rang dans la chaîne de production du désastre environnemental et social. Et on sera davantage à vivre, savourer, aimer, partager.
Moi, j’ai confiance que tout n’est pas encore fini. Qu’il n’est pas trop tard. Que la fin du monde, ce n’est pas tout de suite.