Le minimalisme est une drôle de bibitte. Le terme n’a longtemps évoqué pour moi qu’un courant artistique et un style de musique. Du côté des arts visuels, le mouvement minimaliste (ou art minimal) a pris son essor aux États-Unis dans les années 60 avec, entre autres, Donald Judd et Robert Morris comme principaux représentants. En musique, je pense plutôt à Philip Glass et à Steve Reich. Les mots d’ordre, autant en arts visuels qu’en musique : simplicité, dénuement, répétition.
Oeuvre de Donald Judd
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Mais je ne suis pas ici pour vous parler d’histoire de l’art ou de la musique. Je vais vous parler de ma récente découverte du minimalisme en tant que mode de vie. Il y a quelques semaines, mon copain a commencé à regarder des vidéos de divers YouTubeurs se targuant d’être des minimalistes, autant d’un point de vue matériel qu’idéologique. Au début, ça m’amusait un peu, je dois l’avouer, que des gens s’autoproclament minimalistes. J’y voyais quelque chose de prétentieux. Curieuse tout de même, j’ai voulu en savoir plus. J’ai mis de côté mon dédain de l’auto-étiquetage et j’ai regardé la majorité des vidéos de la chaîne YouTube de Jenny Mustard et lu presque l’entièreté du blogue zenhabits.net, tenu par Leo Babauta.
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Les deux sont des adeptes du minimalisme mais sont radicalement différents. Jenny Mustard a une esthétique très recherchée, épurée à l’extrême. Son approche du minimalisme passe avant tout par la gestion de son espace de vie (l’appartement qu’elle partage avec son partenaire à Berlin), par la mode (il suffit d’un coup d’œil à son compte Instagram) et par l’alimentation (végane et presqu’uniquement crue). Leo Babauta, lui, se contente d’un blogue très sobre, dénué de photos. Il aborde le minimalisme d’une manière quasi-spirituelle. Selon lui, sa vie « minimalisée » lui donne l’espace et le temps pour accomplir les choses qu’il considère réellement essentielles dans la vie.
Une seule idée semble leur être entièrement commune : vivre avec moins, sur tous les fronts.
Mon copain et moi regardons donc compulsivement des vidéos sur le minimalisme, lisons sur le sujet depuis presque un mois et en discutons souvent. Loin de moi l’idée de faire une Jenny Mustard ou un Leo Babauta de moi-même : les deux sont des exemples extrêmes et il existe une pléthore d’autre blogueurs et YouTubeurs qui sont beaucoup plus modérés. Si j’ai abordé ces deux personnes en particulier, c’est que j’ai tendance à m’inspirer de l’extrême pour apprendre. J’aime en prendre et en laisser, faire des détours et réfléchir. Voilà donc comment j’ai pris la décision d’appliquer le minimalisme à certaines facettes de ma vie, à ma manière. Et sans presse, surtout.
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Je n’aurai jamais assez d’un article pour parler en long et en large de ce que je pense pouvoir appeler « la philosophie minimaliste » (oui vous avez le droit de rire), mais je sais ce que j’aime dans la vie et ce que ma découverte m’a donné envie de changer.
Ce qui m’a séduite en premier : le désencombrement (decluttering). Je n’aspire absolument pas à vivre dans un appartement entièrement blanc avec un matelas, une tasse et une fourchette, mais je suis consciente que je possède trop de choses qui me sont inutiles. Je vis dans un appartement relativement grand, mais qui ne possède presque pas d’espaces de rangement. Je me suis donc rendue à l’évidence que (yé! une liste) :
– Je porte toujours les mêmes vêtements. Ceux que je traîne de déménagement en déménagement parce que je trouve jolis mais qui ne font que prendre de l’espace, OUT. Aucune pitié. Ils iront à des œuvres de charité. Même chose pour les bijoux. Je n’en porte presque jamais de toute manière. Je me maquille très peu aussi, donc je ne garde qu’un crayon, un tube de mascara, de la poudre compacte et deux tubes de rouge à lèvres.
– J’ai trop de cossins. J’en ai des caisses et des caisses. Ces cossins, je les ai longtemps appelés « souvenirs. » Il y a bien sûr quelques objets matériels dont je ne me déferai jamais : la boîte à musique de ma grand-mère, ma vieille guitare, mon toutou d’enfance, par exemple. Mais mon bulletin de troisième année, mes oreilles de Mickey Mouse, mon vieux laptop mort depuis 10 ans? Ils ne servent strictement à rien et à bien y penser, ne revêtent pas de valeur sentimentale pour moi.
– J’ai trop de livres. Je n’aurais jamais pensé avoir le courage de dire ça. Mes livres sont ce que j’ai de plus précieux. J’aime les accumuler. Même ceux que je n’aime pas… et là est le problème. J’ai décidé de faire un tri dans mes bibliothèques, bientôt. Je garderai tous les livres que je compte relire, que j’ai aimés ou que je compte prêter. Les livres que je n’ai pas aimé et que je suis certaine de ne jamais rouvrir iront dans les boîtes à livres de mon quartier.
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Mis à part la tâche titanesque du désencombrement, que je compte prendre d’assaut petit à petit, sans me stresser, j’ai envie de poser des choix plus réfléchis dans la vie de tous les jours, surtout en ce qui a trait à mes finances et à mon empreinte écologique. Par exemple, au lieu de m’acheter une (ou plusieurs) paire de bottes de qualité moyenne à chaque hiver, je voudrais en acheter une qui me coûtera plus chère, que j’aurai soigneusement choisie, mais qui me durera plusieurs hivers. Je suis loin d’être riche (*rire jaune*), et ça me prendra du temps avant de pouvoir faire pareil avec tout ce que je porte, mais je sais qu’à la longue, mes choix me feront économiser.
Pour ce qui est de l’empreinte écologique, je n’ai eu qu’à penser à mon bac de recyclage qui déborde à chaque deux jours pour comprendre que recycler, c’est beau, mais que la majorité des produits sont encore suremballés. C’est pourquoi j’ai envie de commencer à fréquenter davantage les magasins qui offrent des produits en vrac, où le client emmène et remplit son propre contenant en verre ou en plastique. De plus en plus d’épiceries d’aliments naturels offrent des produits alimentaires ou des produits d’hygiène en vrac (je pense entre autres à Vrac en Folie à Montréal et à Lemieux, qui a pignon sur rue à Québec et à Montréal).
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Je pourrais continuer à déblatérer pendant des pages sur les changements que j’ai envie de faire. Le minimalisme aura été une porte d’entrée, le début d’un dialogue avec moi-même sur ce que je considère nécessaire dans ma vie. Oubliez un instant toutes les étiquettes et posez-vous cette question : qu’est-ce qui est nécessaire à ma vie?
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