Selon moi, il existe une différence nette entre « préjugé » et « étiquette ». Le premier s’avère viscéral, utilisé à outrance pour dénigrer un peuple et ceux qui le composent. L’étiquette, elle, tend plus à la première caractéristique que l’on associe à quelqu’un. Elle définit son être entier, faisant fi de toutes les infimes parcelles de sa personnalité. Bien entendu, plus on apprend à connaître une personne, plus l’étiquette se décolle. Ainsi va la vie chez les humains.
La différence entre les deux semble mince comme une tranche de salami que l’on a laissé trainer sur son comptoir depuis deux jours, je vous l’accorde, mais elle est bien présente, tangible même. Dans la rangée des étiquettes, les Français arborent celle de l’exubérance. Les Anglais, la tempérance. Celle des Québécois, me demandez-vous? Je vous réfère au titre de cette chronique. La gentillesse, minable gentillesse. Trait trop souvent regardé de haut, pratiquement niais et futile sur une toile où l’on peint la performance ainsi que ses résultats.
Est-elle si pâle, la couleur de la gentillesse? Non. La preuve? Elle se promène partout autour de nous en ce temps covidien. Je la vois dans l’homme quinquagénaire qui me laisse passer à l’épicerie. Dans la vendeuse du magasin qui prend le temps, avec douceur, de bien m’expliquer où se trouve la sortie (mon sens de l’orientation est exécrable). Je la vois aussi dans les yeux des gens que je croise sur nos trottoirs québécois. Je pense pratiquement voir leur gentil sourire sous leur masque. En fait, on voit le véritable sourire bien plus dans les yeux, si vous voulez mon avis. Ils ne mentent jamais.
Bien que les étiquettes ne soient qu’illusion en bout de compte, j’aime bien celle que l’on donne aux Québécois. J’espère qu’elle ne se décollera jamais. Qui sait quand on en aura à nouveau besoin.
Par Thomas Bourgault