À titre de fille qui regarde les émissions de télévision en jugeant l’ajustement des soutiens-gorges de toutes les actrices sur les talk-shows de fin de soirée (Oui, Halle Berry, je parle de toi! T’étais mal ajustée que l’criss à Jimmy Kimmel! On t’a toute vue, essaie pas de te cacher!), mes amies, toutes aussi mal ajustées que Halle Berry, me laissent un libre accès à leur tiroir-de-dessous afin que j’en fasse un tri draconien pour éliminer tout ce qui ne cadre pas dans mon unique règle en matière de lingerie.
L’ajustement. C’est pas ajusté? NO WAY!
Mon amie – Mais il est doublé en léopard.
Moi- Prends-moi pas par le léopard. Ça sert à rien, que je te dis.
Mon amie – Ben voyons, Precious me trouve vraiment femme avec celui-là.
Moi – Precious? C’est une drag queen. J’pense pas que ça soit une référence…
Et là, à mon amie d’aller me chercher tous les morceaux de sa garde-robe qui match ledit-soutien-gorge mauve, doublé léopard, ben trop grand pour elle. Et dans ce défilé de lingerie trop aimé que j’me suis rendu compte qu’au-delà de l’ajustement, y’avait peut-être une autre règle qui comptait.
Celle de l’indispensable – parfois mauve et léopard. Et c’est avec ce défilé de lingerie trop grande, trop usée et trop aimée que j’ai décidé de jouer le jeu moi aussi.
Sweet sixteen
Je suis là – avec toi et Flo et les autres – comme une fille échouée au soleil d’une terrasse de fin de journée sur le bord d’un bar – à la dérive. Je ris comme une fille de seize ans qui trouve que le meilleur ami de son frère est trop cool. Une fille qui pense que « trop cool » est encore une expression acceptable à se dire à soi-même. Je ris parce qu’il me donne encore plus chaud – une vraie belle fille de seize ans. Même plus la capacité de me juger moi-même. COOL!
Disco du dimanche matin
- Couleur fluo qui match un sac de bonbons. Check!
- Des bonbons Rockets à manger comme des médocs? Check et recheck!
- Disque du S Club 7? Surtout – Check!!!
- Semelle compensée pour réveiller les voisins? Déjà dans les pieds!
- Pile de vaisselle sale? Pour plus tard.
Let’s Get It On
I’ve been really tryin’, baby
Tryin’ to hold back this feelin’ for so long
And if you feel like I feel, baby
Then come on, oh come on
Let’s get it on
Let’s love, baby
Let’s get it on
Sugar, let’s get it on
Marvin Gaye aura toujours des mots plus justes que moi pour ce genre de situation.
#Freetheboobies
Dimanche matin. La gueule à terre de la veille. Debout à cause d’une envie de pisser. La pluie et le sommeil qui ne revient pas. Dans le frigo, plus de pain ni de lait, pas encore un frigo d’adulte toujours plein. Et tu croises les doigts pour revenir en enfance. Christina Ricci dans Souvenir d’été, les seins bandés dans du coton pour avoir l’air plus tough. Kate Moss en 1990. Sauf que t’es en 2015, y’arrive 9 h et t’as toujours pas de pain ni de lait. Rough.
Frufru-menstru
Frufru-menstru – équivalent du kit de jogging un soir de souper-fondue-au-chalet. Et c’est pas parce qu’on en jase que je vais vous le montrer, celui-là. Il sort en public une semaine par mois, et c’est justement parce qu’il est sur moi que vous ne le verrez pas!
Le match parfait
Mercredi soir. Comme si on n’avait rien prévu de ce qui allait se passer, lui et moi.
Moi – Ça… Ça va se passer, là?
Il rit. J’l’embrasse. Mes jambes sont faites, ben fraîches, rasées et beurrées. Pis quand il va enlever mon jean et pis mon t-shirt pour découvrir mon shorty en dentelle noire et mon soutien-gorge-pas-trop-sexy-et-déssasorti-en-coton-fleuri, il sera convaincu que tout ça, c’était dû à l’impulsion du moment, à la bière et au match de foot qu’on vient de voir. Rien de plus.
Comme si les filles comme moi, ça agissait sur le coup.
Maudit leprechaun!&***!
Dialogue hypothétique avec ma coloc qui s’en fout ben trop de ma lingerie.
Moi – Je l’ai perdu, c’est évident. Tu l’as pas vu?
Ma coloc – Il est comment?
Moi – Je sais pas moi. Un genre de mauve foncé, noir.
Ma coloc – Celui que t’as mis toute la semaine là?
Moi – Euh, de quoi je me mêle! Il est parfait, confortable, il match tous mes kits.
Ma coloc – Il est beaucoup trop grand de partout.
Moi – C’est comme une pantoufle pour mes petits pepperonis.
Ma coloc – T’as regardé dans ton sac de linge à laver?
Moi – Impossible qu’il soit là. J’te dis, on a des leprechauns dans maison.
OK, c’est bon. Il était peut-être dans le panier à lavage. Mais je ne lui dirai pas.
Coup de foudre
Dentelle. Rose-poudre et crème. Petit volant. Ne dis plus rien. J’étais déjà en amour à « dentelle ».
La bobette porte-bonheur
Découpe de slip de l’espace. Style-coton-fruit-of-the-loom-pour-homme. Des motifs de bateaux. Des coutures épaisses. Elle n’a rien pour elle, cette paire-là. Pourtant, chaque fois que je la vois, je revois les pyjamas à motifs de dinosaures de mes cousins, ceux qu’ils portaient l’été où le premier Jurassic Park est sorti au cinéma. J’étais jalouse. D’une jalousie sans nom. Quand je l’ai vu en magasin, y’a ben des années, je me suis dit que c’était un vrai coup de chance. Depuis, c’est ma bobette pour les jours d’examens, pour les jours difficiles. Quand je la porte : bonheur assuré.
Il n’y a d’indispensable que les choses inutiles. Je sais plus qui écrivait ça. Mais me semble que ça me fait du bien de lire ça. Parce qu’en regardant ma pile de lingerie en bordel sur mon lit, j’me dis, que là-dedans, y’en a ben gros, de l’inutile. Tout le monde y voit de l’inutile et beaucoup d’argent. Mais comme mon amie avec son mauve-léopard, j’me sens femme. Femme et heureuse. Sans le regard de personne d’autre que le mien. Et ça peut être inutile. J’imagine que c’est inutile, parce qu’en 2015, c’est pas le genre de chose sur lequel on peut mettre un prix à The Price is Right.