À 17 ans, j’ai foutu l’camp.
Y’en a qui partent dans l’Ouest, d’autres en Europe et rajoutez-en. Moi, j’suis partie à Jonquière, la ville du rêve embué par des souvenirs massacrés par la Pabst pis le vin cheap.
Là-bas, j’me suis retrouvée ben éloignée. Fait que je me suis fait des amies. On devinera que mettre des souliers d’adulte quand t’as des pieds d’enfant, ça te fait trébucher. Souvent.
Donc on s’est pété la gueule à plusieurs reprises. Pis on s’est relevées à plusieurs reprises.
Dernièrement, quelqu’un d’important m’a dit que je devrais peut-être songer à me faire de nouvelles amies. Les miennes sont trop intenses, paraît.
Pour être totalement honnête, mes amies sont pas juste intenses. Elles sont complètement folles. Y’en a une qui crie tout le temps, une qui chiale tout le temps, une qui aime tout le temps et une autre qui vit d’impulsivité et de bière. Pis à travers ça, y’a moi qui pleure tout l’temps pis qui suis pas capable de décider comment j’feel.
T’as envie d’être notre amie, hein? Welcome to the messy club, dear.
Vous devinerez qu’ensemble on fait toute qu’une équipe. On s’encourage mutuellement à être de plus en plus intenses pis c’est ce qui fait notre beauté au final. On passe du coq à l’âne en approximativement 25 secondes parce qu’on n’est pas foutues d’arrêter de parler. On est très bizarres. Mais paraît qu’il vaut mieux être bizarre que comme tout l’monde. Pis mes amies ben j’pense qu’elles en sont la preuve vivante.
On en a vécu des coeurs brisés, des haines envers des gars, des larmes pis des crises de panique. On en a vécu des nuits à pas dormir, des cafés pour se réconforter et des brosses qu’on préfèrerait oublier par boute. Des lifts à 1h du matin, des conseils oubliés, des leçons pis des « juge-moi pas, stp ».
Pis on est toujours restées ensemble. Ben soudées. Rien à faire pour nous décoller.
Fait longtemps qu’on a quitté le banc d’amis pour s’asseoir dans le trône d’la famille. Aussi confortablement que nos soirées cinéma évachées dans le divan du trois et demi aux armoires qui font dur.
On a grandi ensemble. On a commencé petites filles qui apprennent à faire du spaghetti et on est femmes maintenant. On s’est vues s’arracher l’coeur, se chicaner, se faire ramasser. On a passé des soirées à se questionner sur le sens de la vie, à se noyer l’coeur brisé dans l’vin pis à se rappeler à quel point on est chanceuses de s’avoir, dans l’fond.
Ben chanceuses, quand on y pense un peu plus.
On dit souvent que la maison, c’est où l’amour est.
F*ck off.
Pour moi, la maison, c’est ces personnes-là. On aura ben beau être toutes séparées de tous bords tous côtés, ma maison, ça sera les 4 murs où on se retrouvera. Ce sera les obstinations qu’on aura, les chicanes pis les histoires qu’on prend toujours le temps de se rappeler même si ça fait 100 fois qu’on les entend. Ça sera de les voir vieillir pis s’accomplir et d’être un peu plus fière d’elles tous les jours.
Ce sera les bouts de chou qu’on verra apparaître dans quelques années, les brunchs du dimanche matin pis leur sourire de « on a trouvé l’bonheur finalement ».
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