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Mériter mieux

C’est par un soir d’hiver l’année dernière que ma meilleure amie a commencé à me parler de ses insatisfactions au travail. Il n’y avait rien de dramatique : elle s’était simplement rendu compte que sa description de tâches avait changé au cours des derniers mois, et ne correspondait plus à ses ambitions professionnelles.

Les semaines ont passé. Peu à peu, l’ambiance au boulot a commencé à changer. Chaque jour, elle apprenait une nouvelle l’affectant directement : elle se faisait retirer d’un projet sans préavis ou son consentement, ses tâches se réduisaient à de l’exécution, lui enlevant le volet stratégique qu’elle aimait, elle devenait celle qu’on blâmait pour chaque petit détail n’allant pas comme prévu, même si elle n’avait aucun contrôle sur la situation en jeu.

Chaque conversation que nous avions tournait autour de ses insatisfactions grandissantes. Et surtout, d’une inconfortable sensation de se faire de moins en moins écouter et respecter au travail.

Après un certain temps, suite à de longs échanges et pep talks assumés de ma part, elle a décidé de s’exprimer. D’aller voir son supérieur. De lui expliquer clairement les problèmes encourus quotidiennement au travail.

Les choses ont changé. Pendant quelques jours.

C’était toutefois retour à la case départ une semaine plus tard. Et elle en avait assez.

Elle méritait mieux. Elle méritait de se faire traiter à sa juste valeur. Elle méritait de se faire respecter. Elle méritait un employeur soutenant ses rêves, endossant ses talents, l’encourageant à se développer et se parfaire.

La bonne nouvelle, c’est qu’elle s’en est tirée fabuleusement. Elle a décidé qu’elle valait mieux, et qu’elle allait avoir ce qu’elle méritait. Peu longtemps après son échange avec son superviseur, elle s’est vu offrir un poste incroyable, lui permettant de s’épanouir complètement et de réaliser ses rêves professionnels les plus ambitieux.

Elle savait qu’elle méritait mieux. Et elle l’a eu.

Combien d’entre nous ont déjà eu cette réflexion, celle de se dire que notre situation actuelle – professionnelle ou personnelle – n’est pas à la hauteur de l’incroyable personne que nous sommes?

J’ai eu cette réflexion pour la première fois en 2015, dans une tour de bureaux au coin de Peel et Maisonneuve. Après un an à travailler au sein d’une agence de publicité à occuper un poste d’entrée qui était bien loin de ce qu’on m’avait vendu comme rôle à mon arrivée, j’avais de plus en plus cette sensation de ne pas honorer mon cerveau et mes compétences. Ce qui était censé être un rôle au sein de l’équipe du service-conseil en est lentement devenu un de « peux-tu aller chercher le lunch du directeur général, il aime pas mal les sandwichs du petit resto au coin ».

Ce matin-là en 2015, j’ai donné ma démission au directeur général. Je voulais approfondir mes connaissances sur le marketing et la publicité, pas celles sur les menus de chaque restaurant de la rue Peel.

Il a compris ma décision. Il a enchaîné en disant qu’il devrait sans doute revoir le descriptif de poste pour la personne qui allait me remplacer, « parce que c’est pas mal plus une assistante exécutive que je recherche, dans le fond ».

Je me souviens avoir répondu, un sourire en coin, « ou bien un assistant exécutif ».

Je me souviens de la courte pause qui a suivi mon commentaire. Du malaise dans la pièce. Puis de sa réponse : « je pense que les femmes sont plus qualifiées pour être dans des positions d’assistante. C’est plus naturel pour vous. » Puis d’un autre commentaire laissant sous-entendre que les hommes sont, quant à eux, plus outillés pour des postes de direction.

Je me souviens avoir passé en revue tous les commentaires de la sorte qu’il avait passés subtilement dans les derniers mois. Ceux que je n’avais pas remarqués à l’époque, parce que j’étais trop occupée à vouloir bien faire au travail, à me prouver en tant que jeune professionnelle commençant à peine sa carrière. Je me suis souvenue de ce moment où il m’avait empêché de contribuer à un projet de l’équipe de création, suite à la demande du directeur créatif, sous prétexte que j’étais son employée à lui seulement. Je me souviens de la fois où il a pris les accolades et les félicitations pour un projet que j’avais organisé du début à la fin, sans son aide.

Dans le fond, je méritais mieux, mais je ne le savais pas encore.

Mais ce matin-là, en 2015, je l’ai réalisé. Je méritais mieux. Cette démission était l’une des meilleures décisions que je pouvais prendre pour honorer ma valeur en tant que personne AWESOME. Point final.

Crédit photo : Content Pixie pour le site Unsplash

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