Je me souviendrai toujours de ce moment.
De celui où, assis dans notre divan de salon, nos yeux étaient rivés sur l’écran de mon cellulaire. Ce moment où nous écoutions le premier ministre annoncer les nouvelles mesures préventives contre le virus.
« Ne sortez pas de chez vous. Restez à la maison pour sauver des vies. Dorénavant, vous ne pouvez sortir que pour des besoins essentiels, ou encore pour une activité physique extérieure par jour. Rien de plus. »
Je me souviens avoir été nerveuse. Je m’y attendais, je savais qu’on allait éventuellement arriver à ces mesures plus restrictives. Je m’attendais à dire au revoir à mon petit café du coin. Je m’attendais à notre quartier devenir désertique.
J’étais nerveuse non pas pour ces mesures. J’étais nerveuse parce que je me demandais si le fait d’être constamment ensemble, dans notre logis, allait avoir un impact néfaste sur notre relation.
Non pas que je doutais de notre amour, loin de là. Ça fait deux ans maintenant que j’y crois dur comme fer, que je suis convaincue de ce qu’on a bâti, et que je suis encore plus excitée face à ce que nous construirons dans le futur, ensemble.
J’étais nerveuse parce que je ne savais pas comment la situation actuelle allait influencer notre moral. Notre humeur. Notre façon de réagir au stress et au changement. Notre perte d’indépendance.
Je ne savais pas comment j’allais m’adapter à cette perte de mon jardin secret. Celui où j’écoute des films de filles en bobettes dans l’appartement quand tu travailles tard le soir. Celui où je fais jouer (très) fort des vieilles chansons des Spice Girls en me dandinant dans la cuisine quand je me prépare un souper et que tu es dans un bar avec tes collègues de travail.
Je ne savais pas, mais maintenant, je sais.
Je sais que tu es parfait. Que tu respectes mes besoins d’indépendance. Que tu me laisses la télévision pour écouter pour la neuvième fois toutes les séries de Gilmore Girls, question de me remonter le moral quand ça feel tout croche.
Maintenant, je sais que tu as aussi besoin de périodes de repos, à ne rien faire. Je sais qu’on respecte mutuellement nos petits jardins. Je sais que tu es là quand j’ai un trop-plein d’émotions, et que j’ai besoin de ventiler ou de simplement laisser quelques douces larmes couler sur mes joues. Je sais que tu passes ta main dans mes cheveux pour me réconforter quand je suis triste d’avoir été mise en arrêt de travail temporaire pendant la crise.
Je sais que tu es parfait. Et que notre amour en ressortira encore plus doux. Plus beau. Plus grandiose.
Merci d’être là. Merci de m’écouter. Merci d’être qui tu es, et de rendre cette période un peu weird plus légère, plus facile.
Merci d’être là.
Crédit photo : Priscilla Du Preez pour Unsplash