Avec les conséquences du réchauffement climatique, de même que toute la polémique causée par l’arrivée du nouveau guide alimentaire canadien, plusieurs remettent en question leurs habitudes alimentaires pour être en phase avec la réalité d’aujourd’hui.
La diminution de la consommation de produits d’origine animale est beaucoup mise de l’avant pour avoir une meilleure empreinte écologique. Toutefois, pour de multiples raisons, beaucoup de gens ne peuvent pas ou ne veulent pas tout de suite amorcer une transition vers une alimentation strictement végétarienne ou végétalienne. Et c’est tout à fait leur droit.
Pour diminuer l’importante source de pollution que constitue notre alimentation, une autre voie, qui peut se conjuguer à la fois avec des régimes végétariens et omnivores, pourrait être davantage valorisée. Il s’agit tout bonnement de consommer un maximum de nos produits locaux, et dans la mesure du possible, de saison.
D’une part, cela nous permet d’éviter tous les GES émis par le transport sur de longues distances. En outre, mettre en valeur les produits d’ici plutôt que certains aliments exotiques — d’ailleurs paradoxalement à la mode — aident à empêcher l’aggravation de certains problèmes environnementaux à l’étranger, qui nuisent aux populations locales. Nous avons qu’à penser aux amandes, qui contribuent grandement à la sécheresse en Californie1, de même qu’aux avocats, qui, au Mexique, provoquent un problème de déboisement et d’approvisionnement en eau2. Évidemment, je ne dis pas qu’il faut bannir à tout jamais ces aliments. En revanche, pour être cohérents sur le plan environnemental, il serait plus sage d’en diminuer notre consommation.
D’autre part, manger local, c’est d’encourager nos agriculteurs et nos producteurs, et ainsi favoriser directement notre économie. D’ailleurs, si chaque Québécois remplaçait, chaque année, 30 dollars d’aliments de provenance étrangère pour des aliments d’ici, le Québec engrangerait 1 milliard de dollars au bout de cinq ans3. Comme le dirait Gaby Gravel, « c’est un pensez-y-bien! » En plus, cuisiner nos aliments valorise notre patrimoine culinaire, et incite à la transmission de nos traditions alimentaires. Cela contribue ainsi à la spécificité du Québec face au reste du monde, ce qui est un atout important, surtout sur le plan touristique.
Il est vrai qu’il est difficile de se nourrir local en hiver. Il existe certes la possibilité d’acheter hors-saison des végétaux produits en serre, mais cette méthode produit, elle aussi, une quantité importante de GES. De toute façon, ce mode de production n’est pas un passage obligé, puisque beaucoup de fruits et légumes québécois se conservent bien et sont offerts sur le marché toute l’année, comme les légumes racines, les oignons, les champignons, les pommes, les patates, les choux et les courges4. Il est également possible de congeler des aliments ou de faire des conserves en prévision de l’hiver. Nous pouvons aussi favoriser les pommes de terre par rapport au riz comme féculentes, de même que le sirop d’érable ou le miel vis-à-vis du sucre blanc. Bref, plusieurs solutions existent pour manger davantage d’aliments québécois en hiver.
En somme, bien qu’elle ne constitue pas une panacée, la consommation d’aliments locaux présente tout de même plusieurs avantages économiques et environnementaux, et constitue un complément intéressant à un mode de vie plus vert. Toutefois, l’achat de ces produits n’est pas à la portée de toutes les bourses, et les aliments étrangers, plus abordables, s’avèrent plus accessibles que leur version québécoise. Une politique gouvernementale devrait être envisagée pour corriger la situation et permettre à tous de bénéficier d’aliments frais et locaux, en offrant par exemple un meilleur soutien financier aux agriculteurs et aux producteurs pour diminuer les coûts de production.
[1]https://www.huffingtonpost.fr/2017/04/09/a-cause-de-notre-amour-pour-lamande-les-reserves-deau-en-cali_a_22030234/
[2]https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1060574/avocat-fruit-plantations-illegales-production-mexique-michoacan-deforestation
[3]Bernard LAVALLÉE, Sauver la planète une bouchée à la fois, Les éditions La Presse, 2015, p. 22.
[4]Id., p. 24 à 26.
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