Enfant, j’ai toujours pris plaisir à virevolter dans les airs. Lorsque la cloche sonnait pour aller à la récréation, je n’avais qu’une idée en tête : courir jusqu’aux balançoires pour assurer mon trône sur l’une d’entre elles. Le vent dans les cheveux, je n’avais qu’une idée en tête : aller plus haut. Oui, toujours plus haut! Mes yeux fixaient le ciel pour essayer de comprendre jusqu’où il pouvait bien s’arrêter. Je me balançais en avant jusqu’en arrière, de gauche à droite et parfois je m’enroulais avec les chaînes pour tourbillonner dans tous les sens. La balançoire était pour moi l’invention la plus ingénieuse de tous les jeux qui se retrouvaient dans la cour d’école. J’en profitais pour vivre l’instant présent avant de devenir immobile devant un grand tableau noir rempli d’incertitudes.
L’idée de me bercer doucement dans mon espace de vie a flirté avec mon esprit la toute première fois que j’ai mis les pieds dans mon logement que j’ai surnommé mon « loft-atelier », puisque c’est ici que j’ai le plaisir à peindre mes créations. Les hauts plafonds en bois « à la pinterest » m’ont permis de croire qu’il était enfin possible en tant que jeune adulte en devenir de posséder ce petit plaisir qu’on délaisse au fil des années : une balançoire. Comme je ne fréquente plus les parcs comme autrefois, je voulais renouer avec cette chaise magique pour connecter aux sources. Je souhaitais voir ériger une balançoire, occuper le centre de mon univers pour qu’elle égaye le quotidien de mon copain et moi.
Après l’inauguration officielle de notre balançoire, j’ai pris plaisir à l’apprivoiser assez rapidement. Ma balançoire est devenue non seulement un bel accessoire à mon salon, mais aussi un élément positif à ma vie. Quand je suis assise, je m’offre un moment de simplicité. Je délaisse, pendant quelques secondes, mes responsabilités pour faire le vide. C’est comme devenue ma manière de méditer version fast-food. En prenant du temps pour renouer avec mon cœur d’enfant cela me permet en quelque sorte de voir la vie sous un autre angle. Je plonge dans mon enfance pour extraire la joie que j’éprouvais à faire des choses aussi simples. Ma balançoire me ramène à l’essentiel et à l’équilibre.
À mon sens, être adulte ne signifie pas devoir délaisser son cœur d’enfant. Au contraire, on doit renouer avec celui-ci pour mener une existence créative et heureuse. Je ne rêve pas de redevenir une enfant; j’aime mon âge. En fait, plus je vieillis et plus je me sens épanouie. Avoir une balançoire est pour moi un symbole de créativité, de légèreté et de folie. Je ne veux tout simplement pas perdre mon émerveillement enfantin qui suscite chez moi ma source primaire d’inspiration. Selon moi, en préservant son cœur d’enfant, on conserve notre véritable essence.
Mon espace de vie est devenu mon terrain de jeux et je compte bien utiliser ma balançoire pendant longtemps. Pour les personnes qui ont peut-être l’idée d’en installer une à leur domicile et qui hésitent à le faire, je vous confirme bel et bien qu’il n’y a pas d’âge pour avoir une balançoire!
Crédit photo : Véronique Boisvert