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L’inattendu – Récit d’une escapade à Toronto – Par Gaëlle

L’été passé, je suis partie faire une escapade de quelques jours à Toronto accompagnée de ma bonne amie. Le but principal était d’assister à un spectacle et (surtout) de changer d’air. C’est que Sophie et moi, ça nous arrive de se donner rendez-vous pour prendre un café et de finir par pleurer parce qu’on jase de ce qu’on désire, de ce qu’on veut plus, d’être ailleurs. Bref, de ce que l’on a pas. On est des filles comme ça, nous autres. Une chance qu’on s’a pour se comprendre parce que c’est pas toujours glorieux nous voir aller.

On avait donc réservé un divan pour quelques nuits chez un parfait inconnu, qui s’avéra être très sympathique et qu’on aura vu, en tout, un beau gros dix minutes. Merci couchsurfing!

Nos quatre jambes ont fait un nombre incalculable d’aller-retour ces jours-là. On apprécie être ailleurs. Juste ça, ça nous suffit. Tout est simple : nous qui faisons dodo sur un divan, nos repas cheap faute de budget, nos fous rires pour tout et rien.

C’est la Pride Week partout dans les rues de Toronto. C’est un élan de folie rafraîchissant qui te dit : « tu peux être comme bon te semble, on s’en fout ». Une drag queen, plus féminine que moi et toutes mes amies réunies, dansait comme si sa vie en dépendait. Elle semblait si heureuse. Je la regardais en me disant qu’elle faisait bien de se bouger les foufounes ayant l’air de dire « watch me ».

Après une nuit chez Monsieur Divan, on est reparties l’air de rien pour une autre journée sans plan. Un petit élan de fatigue nous prit, on a alors décrété qu’une petite sieste dans un parc nous serait profitable. Lorsqu’on voit enfin un terrain vert, j’observe quelque chose d’étrange : « Sophie, regarde, je pense que y’a quelqu’un qui parle à l’arbre. » Elle se retourne et constate la même chose que moi : un gars est là, à rire avec son appareil photo et à jaser au tronc d’arbre.

« Les filles là-bas vont penser que je suis fou. » On voit alors un autre garçon sauter de l’arbre. C’est là qu’on allume : ils se prennent en photo. (Pourquoi faire simple quand on peut faire original?) Le classique « Hey! Vous êtes Québécoises? Vous venez d’où? Vous allez bien? Oui, vous aussi? » enclenché, une bière offerte à la main, on reçoit une invitation à se joindre à eux en soirée.

Appelons-les M et P.

P a un appartement à Toronto, c’est donc là que le rendez-vous a été fixé. On repart pour l’après-midi en leur lançant un « à plus tard », mais, mine de rien, on les trouve sympathiques (et cute). Disons juste comme ça que M correspond pas mal à ma définition de beau garçon, la voix rauque en prime!

Le temps passe vite. On pensait qu’il habitait proche P, alors on ne se pressait pas, très relaxes les fefilles. C’est plutôt à l’autre bout de la ville qu’il réside. Nous qui couraillons comme des folles, on se dit que ça ne se fait pas arriver à un souper tout préparé sans apporter une bouteille de vin, ou deux. Ah! Au diable le budget, envoye trois!

Bref, on arrive là avec un tout petit retard de deux heures. M et P nous accueillent tout sourire avec un repas, ma foi pas pire du tout. On mange sur la galerie ornée de jolies petites guirlandes, qui se situe sur le toit. Ça pourrait facilement être un décor Pinterest. Je regarde Sophie, qui s’en vient aussi chaudaille que moi, et je la trouve belle mon amie quand elle rit comme ça et qu’elle semble heureuse. Le vin se finit vers minuit et nous voilà en train de marcher vers je ne sais où. On demande alors à un passant de nous prendre en photo, sans doute puisque c’est inattendu et un peu spécial tout ça.

(M, tu donnes des becs de feu.)

Lendemain matin, on déjeune tous ensemble. On n’arrête pas de dire « Bravo » sans raison particulière, juste parce que tout mérite un « bravo » cette fin de semaine là. On passe l’après-midi sur la plage (oui, il y en a une à Toronto), et ils viennent finalement nous reconduire à notre show, la chanson Do I Wanna Know de Arctic Monkeys dans le piton. On se dit bye-bye, merci pour tout et que c’est fou la vie quand même.

Le spectacle commence, moi et Sophie, on crie à s’en époumoner. Les gens autour de nous restent assis, très calmes. On pourrait presque dire qu’ils comptent les secondes tellement ils s’emmerdent. Pourtant la musique est bonne. Le coucher de soleil devient rose fluo. Le chanteur se donne et court partout en criant : « I swear I lived ». Je lance : « Coudonc, allez vous coucher! » Tant pis, on se fait du fun comme dix, alors je me dis que ça compense.

Le lendemain, juste avant de quitter la grand-ville, on laisse une note à Monsieur Divan afin de le remercier pour sa grande confiance et son sofa gratuit. On passe rapido presto se prendre un café, question d’avoir un peu d’aplomb pour le long trajet d’autobus qu’on s’apprête à faire. Mais cette fois, pas question de se remettre en question et d’avoir les yeux pleins d’eau. Parce que les jours qu’on venait de passer nous ont donné une petite tape dans le dos, une dose d’énergie, un quelque chose à raconter.

Merci à M et à P et surtout à toi, Sophie, pour tout. J’ai hâte aux nouvelles aventures.

N’oubliez jamais qu’il ne faut pas sous-estimer l’inattendu et que les choses simples sont (très souvent) les plus magiques et mémorables.

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