Avec l’arrivée du printemps (le vrai, au Québec, pas celui du mois de mars qui nous réserve toujours quelques tempêtes de neige), c’est comme si tout renaît. La neige qui s’affaisse au sol sous le soleil décidé du mois de mai. Il s’agit d’un moment au ralenti. C’est l’instant où la nature nous invite, par sa transformation extraordinaire, à nous redéfinir. C’est une mise en perspective de ses limites : il y a une semaine, la terre était recouverte de neige, et maintenant, les fleurs commencent à se montrer le bout du nez.
Et si nous pouvions, nous aussi, être comme cette nature? Qui est par moment plus renfermée, plus timide, et par d’autres, plus éblouissante, plus grande. Si nos limites n’étaient, en fait, que contextuelles? Peut-être alors pourrions-nous nous voir d’un œil différent? Davantage comme faisant partie d’un mouvement dense et unique. Les limites comme temporelles, pas comme définies.
Nos limites ne seraient en fait que l’art d’être en mouvement. Si celui qui reste immobile au sol est plus vulnérable aux intempéries de la nature, la clé se retrouverait-elle dans le mouvement? Et ce, qu’importe la direction?
Percevoir le changement comme non linéaire, mais davantage comme circulaire. Il n’est plus question d’avancer ou de reculer, comme le supposerait une conception linéaire de la vie (avancer étant bien, reculer l’étant moins). Derrière nous, ce que nous sommes, devant nous, ce que nous pouvons être. Soit. Mais on ne peut jamais réellement reculer. Ce qui était hier n’est plus identique à ce qui est aujourd’hui. Alice l’expliquait dans son aventure au Pays des Merveilles : dès le matin en se levant, elle se sentait un peu différente de la veille… Et pour cause.
Nos limites seraient par conséquent des battements irréguliers dans notre réalité. Cela voudrait dire que ce qui était impossible hier ne l’est pas forcément aujourd’hui… et vice-versa.
Nous sommes tous invités.es à faire osciller nos limites, à les faire valser au rythme de nos ambitions, de nos rêves, de nos difficultés, de notre mémoire et de notre cœur.
Allez-y, maintenant, valsez!
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