Snif, snif. Bouhou.
Un vélo volé. :’(
Un article touchant. :’(
Un fait divers sordide. :’(
Le dernier hashtag activiste. :’(
L’annonce de la rupture d’un ami. :’(
La vidéo d’une expérience sociale choc. :’(
La CAQ prenant de l’avance dans les intentions de vote. :’(
La photo des conditions de vie d’animaux élevés pour leur viande. :’(
C’est tellement facile de cliquer sur un bouton.
Je sais, je sais.
Il y a tellement de catastrophes naturelles, de non-sens politiques, de scandales économiques, de crimes horribles, de drames quotidiens.
C’est moins déplacé qu’un « j’aime » pour réagir à tout ça.
C’est peut-être même mieux que rien.
Mais est-ce que ça vous soulage, vous, d’utiliser cet emoji ?
Est-ce que vous vous sentez plus concernés ? Plus engagés ? Moins indifférents ?
Ça ne me console pas, moi, une sad face.
Ça ne remplace pas mon ami qui m’invite à dormir quand je ne vais pas bien.
Ça ne remplace pas le brunch que ma mère veut me faire pour me remonter le moral.
Ça ne remplace le regard de compréhension de ma coloc qui a pris du temps pour m’écouter raconter ce qui ne va pas.
L’hostie de sad face.
C’est un des flambeaux de l’hypocrisie facebookienne.
C’est comme les LOL. Je te crois pas, t’as pas ri pour vrai.
C’est mon malaise face aux médias sociaux. Je ne sais pas comment les gérer. Certainement pas comme mon journal intime. Je me vois mal en faire une tribune politique. Une plateforme publicitaire, alors ?
C’est un aveu d’impuissance devant les vagues de confidences qui ont frappées mon fil d’actualité dernièrement.
C’est une des raisons pour laquelle je ne me confie pas sur Facebook, même si je salue le courage de nombre de personnes qui ont osé le faire pour enfin lever le silence. Afin qu’on ne puisse plus dire qu’on savait pas. Mais tout ça est si vite oublié. Ça s’efface si rapidement derrière la nouvelle révélation troublante, la prochaine tragédie, l’inévitable aberration qui nous frappera.
À quand le …
?
Crédit photo de couverture : Marianne Lebel