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Pour plusieurs, l’hiver est cette saison monstrueuse qui engouffre plusieurs mois de lumière et assèche cruellement notre peau, fait frissonner notre système immunitaire et écrase notre budget à coup de bûche dans le poêle et de dépannage automobile. Que ce soit notre période préférée ou notre plus grande hantise, l’hiver passe et nous reviendra que cela nous plaise ou non. Ce cycle, aussi habituel puisse-t-il être, ne nous laisse cependant pas indifférent. Il nous change et nous transforme, l’hiver nous rend plus fort.
De novembre à avril
Un jour à la fois on prévoit notre vie en fonction de la neige, fascinant de réaliser comment 30 cm de flocons, quelques rafales et une vague de froid peuvent maîtriser notre horaire. Nous apprenons donc, tels des ninjas, à nous faufiler et à exécuter les exigences de notre quotidien, malgré les caprices hivernaux, et ce, pendant plusieurs mois. Pensez- y! Non seulement nous sommes des acrobates des neiges, mais nous pratiquons ces routines avec le poids de bottes, manteaux et accessoires d’hiver encombrants. Costume obligatoire de la prestation, à enfiler et retirer plusieurs fois par jours. L’hiver nous rend endurant.
Attention c’est glissant!
Une dame a glissé sur une plaque de glace, la pauvre. Ses sacs toujours à la main, sur le dos en pleine rue. En se précipitant pour l’aider à se relever, les deux hommes sont tombés eux aussi. Quelques passants ont trouvé la scène plutôt amusante. Un vilain bleu sur une cuisse, plus de peur que de mal. Tout le monde de retour sur pieds, on s’assurera de mettre du sable pour prévenir d’autres chutes. L’hiver nous rend humain.
Abandonner dans le froid
Le premier -38 C ressenti avant même d’oser sortir de chez soi, le premier vrai froid dont on se souviendra. Cet entrechoquement puissant entre « impossible qu’il fasse aussi froid » et « voyons il fait donc ben froid ». La réalité effrayante qui finit par rebalancer notre vision météorologique. De quoi rendre -15 agréable et -10 plus près de la chaleur que de la glace. Perspective et capacité d’adaptation. L’hiver nous rend résilient.
Pelleter tout ce qui tombe
Déneiger l’auto, casser la glace dans les marches, enlever la neige sur le toit, faire un chemin pour accéder à la porte d’entrée, redéneiger l’auto… Si on recevait un dollar pour chaque coup de pelle… L’hiver nous rend persévérant.
J’ai mal au visage
J’aurais dû mettre mes mitaines, on ne peut pas texter avec des mitaines. Cette sensation fascinante et unique que seul le froid peut provoquer. Les doigts qui perdent graduellement de leur motricité. Cette absence de sensibilité, cette hypersensibilité souffrante. Les extrémités qui brûlent et la paume gelée. La chaleur se veut ici une solution irritante sur le coup. Mes mains dégèlent, c’est la dernière fois que répondre à mes messages sera aussi douloureux. Je vais mettre mes mitaines, et toi aussi. L’hiver nous réveille.
Wow un flocon!
La troisième de février, en rafraîchissant la page des vols à rabais, on finit par songer sérieusement à Cancun et aux Barbades. On vendrait notre âme pour déménager au soleil et pour avoir du sable dans notre maillot à l’année. Cette journée-là, il tombera de gros flocons. Beaux et brillants. Au lieu d’aller dans le sud, on ira skier. La poudreuse est trop belle pour ne pas en profiter. Et puis, elle risque de fondre bientôt de toute façon. L’hiver nous émerveille.
Pour plusieurs, l’hiver est cette saison qui éveille en nous l’insoupçonnable, met de l’avant les grands « chialeux » que nous sommes, mais aussi le meilleur de nous-même. Notre polyvalence, notre persévérance, notre créativité. Que ce soit notre période préférée ou notre plus grande hantise, l’hiver s’en fout. Il nous reviendra que cela nous plaise ou non. On se renforcera donc, on sera prêt la prochaine fois que le neige tombera plus que prévu. Une bordée de plus ou de moins, ça ne nous dérange même plus. Ce cycle, il nous change et nous transforme, l’hiver nous rend plus fort.