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Lettre à mon ex

Je m’excuse, c’est pas que je voulais pas t’écrire, je crois juste que les mots étaient pas prêts. Je suis encore bleu, je le sais. Entre toi pis l’été, j’ai oublié comment respirer. Mais je m’en remets, un poumon à la fois.

Depuis le mois de juin, c’est juste ça que je fais. Ça a été la plus grosse partie de mon été : essayer de m’en remettre, de me débarrasser de tout ce que j’ai accumulé sur mes épaules, essayer de redevenir léger; comme je l’étais quand on s’est rencontrés. J’apprends encore à connaître le gars que je suis devenu quand j’étais avec toi, le gars que je suis devenu sans m’en rendre compte. De plus en plus, je l’apprécie. De plus en plus, je suis capable de vivre avec, même si t’es pas avec lui. J’ai appris à prendre soin de ce gars-là autant, sinon plus, que j’aimais prendre soin de toi.

Depuis le mois de juin, j’ai dû passer par toutes les émotions possibles, mais j’avais besoin de temps pour laisser tout ce que je pouvais ressentir de négatif se dissiper. Maintenant, quand je parle de toi, quand je pense à toi; je souris. J’ai plus de place pour la colère pis pour l’amertume. J’ai que de l’amour, c’est promis.

Depuis le mois de juin, on s’est pas vraiment revus. C’est pas ta faute, c’est normal, je comprends, je te blâme pas, je sais que j’ai passé l’été à l’intérieur de ma tête. Parfois, trop souvent, je me demande ce qui se passerait si on se croisait. Je me demande si tu me parlerais, si tu me ferais un sourire ou un signe de la main, ou si tu ferais juste comme si j’étais pas là. Sache que c’est correct, peu importe ce que tu choisis. Saches que si tu croises un de mes amis et qu’il te salue, c’est pas pour mal faire, j’ai jamais dit de mal sur toi, j’espère que tu le sais ça aussi.

Depuis le mois de juin, je ressens un vide à l’intérieur et autour de moi. Mais je le ressens un peu moins chaque minute. Pis là où t’étais, c’est des souvenirs qui ont pris ta place. Y’a tellement de nous un peu partout, c’est beau dans le fond, quand t’y penses.

J’espère vraiment que t’étais la bonne personne, que c’était juste le mauvais timing. Je sais qu’on s’est perdus quelque part dans le froid de l’hiver. Je sais qu’on s’est fait mal.

Malgré tout, j’espère que l’avenir va nous permettre de nous rencontrer à nouveau, pis qu’on se souviendra d’avant comme une de nos anciennes vies et que tu voudras encore de moi pour en commencer une nouvelle. Peut-être que quelque part, y’a une ligne dans la paume de ma main qui dit qu’on va prendre le même départ au même endroit sur la ligne orange. On déménagera à Montréal, comme on disait. Ou à Brooklyn, pour faire comme dans les films et vivre le reste de nos étés à faire l’amour dans ton char sur le bord de la mer, quelque part à Coney Island. D’ici là, peut-être que ton amertume se sera dissipée aussi. Peut-être que tu vas te souvenir de moi pour le bien que je t’ai fait. Pis j’ose espérer que d’ici là, je serai meilleur.

Crédit: Martin Dufresne

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