Samedi après-midi, bored, tu glisses ton doigt sur l’écran de ton téléphone cellulaire à la recherche de quelque chose qui saura capter ton attention.
Tu lis de beaux textes de motivation, tu sauvegardes des épingles sur Pinterest pour plus tard. Tu regardes des vidéos qui te motivent au boute. Tu rêves aux beaux couchers de soleil de Thaïlande, au ventre plat « photoshoppé » de telle actrice et aux délicieuses recettes de Trois fois par jour qui se glissent sur ton feed Instagram.
Tu fais avec ce que t’as, tu t’inspires avec ce que tu trouves sur la toile. Je le fais aussi, tout le monde le fait. Et tu t’exaspères de tout le chemin que tu as à parcourir pour atteindre ton but.
Puis, au travers ton feed se glisse le statut d’un de tes copains qui t’invite à faire du bénévolat pour le temps des fêtes. Ou celui d’une collègue qui fait une collecte pour une amie dans le besoin. Tu vois la photo d’un chat errant recueilli dans sa nouvelle famille. Ton petit voisin de 10 ans vient cogner à ta porte pour te demander si tu n’as pas quelques denrées à offrir pour ceux qui ne peuvent pas se payer de petit-déjeuner à son école.
Et tu décides d’abandonner les Internets pour t’abonner à ce type d’inspiration venant de gens vivants et vrais qui s’accrochent à pas grand-chose pour offrir beaucoup. Parce que les vrais super-héros ne portent pas de cape (et n’ont pas un feed Instagram parfait).
Outre toutes les personnes formidables qui offrent leur temps et leur argent à la charité, les super-héros peuvent aussi être plus discrets. Ça peut être ta douce qui te prépare un délicieux souper, sachant que tu avais une grosse journée. Ça peut être ta meilleure amie qui te soutient lors de ta séparation amoureuse. Ça peut être ta mère qui te prépare des plats congelés parce qu’elle sait que t’es en fin de session. Et ça peut aussi être de purs inconnus.
Un jour, j’ai rencontré un couple d’inconnus durant un voyage. Un peu bohèmes, guitare en mains, ils parcouraient les rues du Canada pour répandre leur magie dans nos oreilles. Pour rigoler, la copine s’amusait à faire de drôles de tresses dans la longue chevelure de son copain. Lorsqu’il est venu temps de quitter, il s’est levé sans hésitation, sa drôle de coiffure toujours en place. Voulant être gentille, je lui ai fait remarqué. Plein de sagesse et sans arrogance, il me répondit simplement : « Personnellement, je ne me vois pas. La seule personne que cette coiffure peut déranger, c’est toi et rendu là, ça ne me regarde plus. »
Ce garçon n’en a probablement aucune idée, mais il est une très grande inspiration dans ma vie. Pourtant, il n’a pas d’Instagram fabuleux rempli de photos d’eau turquoise. Pourtant, il n’est pas riche, ni vegan, ni fit. Mais il est heureux et ça m’inspire à l’être aussi.
À ma dernière année de cégep, je suis partie faire un backpack au Costa Rica. Mon cégep n’avait pas été léger côté études et travaux et j’hésitais à m’inscrire à l’université (qui, dans ma tête serait bien pire). En arrivant à l’auberge, un groupe de Québécoises un peu plus âgées, nous acceptent parmi elles. Des filles vraies, des filles fortes, des filles inspirantes. Elles me parlent de leurs problèmes de vie avec une désinvolture qui m’invite à remettre en question l’importance des miens. L’une d’elles m’invite à poursuivre à l’université et qu’au pire je n’aurai qu’à arrêter si je n’aime pas ça. Go with the flow, Jessie.
Cette fille, elle ne le sait peut-être pas, mais elle a réussi à me faire aller à l’université. Elle m’a fait vaincre mes incertitudes. Pourtant, elle n’a pas une garde-robe de rêve, un couple idéal et un MacBook avec une case en faux design de marbre. Mais elle est forte et désinvolte et ça m’inspire à l’être aussi.
Tout ça pour dire que, dans le fond, t’es quelqu’un.
Tu le sais peut-être pas, mais t’es quelqu’un.
T’es quelqu’un pour moi, en tout cas. T’es peut-être le quelqu’un qui me donne la force de croire en moi. C’est peut-être ton sourire, qui m’encourage à me lever tous les jours. C’est peut-être toi mon inspiration. T’es la personne que je follow sur le Instagram de ma vie.
We all could be heroes.
Par Jessie Fillion
Marie-Ève Joseph
Crédit : Jessie Fillion