Je me souviens quand j’étais jeune et que je voyais mes parents boire leur café tous les matins. Je ne comprenais pas trop comment une simple boisson avait le pouvoir de les réveiller. Ils me disaient souvent à la blague (ou pas ?) qu’ils n’étaient pas vraiment parlables avant d’avoir bu leur première gorgée. Tranquillement, j’ai fini par attribuer une place pratiquement sacro-sainte au café, cette partie intégrante du rituel du matin. J’étais encore trop jeune pour en apprécier le goût, cependant. On me disait toujours que ça viendrait avec le temps. Je ne sais pas pourquoi, j’ai toujours eu cette crainte de ne jamais développer ces goûts d’adultes, au même rang que l’alcool et les olives. Dans ma tête, une vraie adulte aimait le café. Et je voulais être une vraie adulte.
Ils avaient raison, mes parents. J’ai fini par développer cet amour pour le goût amer du café. À l’époque, ma relation avec cette boisson était plus sociale. Je ne buvais jamais seule. J’enfilais les tasses de café quand j’allais déjeuner au restaurant sans vraiment penser aux conséquences de mon geste, juste parce qu’on m’en donnait sans arrêt (sérieusement, qui prend autant de réchauds dans la vie ?). Après, je passais la journée à avoir la main qui tremble sans trop comprendre pourquoi. Ça m’a pris beaucoup de répétitions avant de commencer à faire des liens.
On pourrait dire que j’étais simplement jeune et naïve. Mais il y a plus que ça, je pense. On banalise tellement la consommation de ce stimulant, de nos jours. C’est quand je suis arrivée à l’université que j’ai compris que beaucoup trop d’étudiant.e.s entretenaient une relation malsaine avec cette boisson. Quand t’es à bout durant la période d’examens parce que tu ne dors plus, ne manges plus, ne sors plus, on te répond presque en riant : « Mais oui, mon amie, ça va te prendre plus de café pour passer au travers ! » C’est une conception du café que je déteste. On le voit beaucoup trop comme un remède miracle qui nous permet de mieux performer, de mieux passer au travers nos journées beaucoup trop remplies. On a l’idée qu’un vrai adulte est tellement dépassé par ses responsabilités qu’il n’a pas assez de temps pour dormir. Il est constamment fatigué. Et il a besoin de caféine pour fonctionner. S’en enlever des épaules ? Hors de question. Des vrais adultes avec des vraies responsabilités. Pas de temps pour des futilités : « Passe-moi la tasse de café, je suis capable d’en prendre ».
Je n’ai jamais été une buveuse assidue chaque matin. Je l’avoue. J’ai toujours beaucoup trop craint les fameux maux de tête de sevrage pour me le permettre. Par contre, plus je vieillissais, plus l’anxiété prenait une place importante dans ma vie. Et plus la moindre trace de caféine dans mon sang me menaçait d’être en proie aux sueurs froides, à la respiration coupée et à la tête qui tourne. Décidément, ça ne me faisait pas, il faut croire.
Mais alors, pourquoi est-ce que je continuais d’en boire même en sachant tout cela ? Étais-je incapable de me contrôler à ce point ? Mon attraction pour cette boisson allait au-delà du désir de faire comme tout le monde. Assez étrangement, j’avais aussi associé au café une conception de réconfort, de petit plaisir du matin. L’odeur me ramenait automatiquement aux vacances d’été avec mes parents, aux arrêts au Tim Horton sur le bord de la route, à la pause du premier cours du matin à l’école. En gros, j’aimais ça. Et c’est bien connu, l’évitement n’est jamais une solution. Il ne me restait qu’à trouver comment je pouvais vivre ma relation avec le café plus sainement.
Comment j’ai fait, alors ? J’ai commencé par arrêter de me l’administrer comme un médicament. J’ai commencé à réserver mon café aux matins de fin de semaine. J’ai troqué la cafetière filtre pour une machine à espresso. J’ai commencé à apprécier la qualité du produit que je buvais en m’intéressant au riche univers du café. Sache, cependant, que tu n’es pas moins adulte qu’un.e autre si tu n’aimes pas ça, n’en bois pas ou n’en sens pas le besoin. C’est un goût tout à fait comme un autre. Rien à voir avec la maturité et le sens des responsabilités. Il existe d’ailleurs plein d’autres options pour s’offrir une boisson réconfortante quand on a envie de se détendre.
Quoi de mieux, ces temps-ci, que d’encourager quelques compagnies locales pour redécouvrir ta relation avec le café ou explorer d’autres options de boissons tout aussi intéressantes ? Bientôt, je l’espère, nous pourrons nous y retrouver pour une boisson sur place, mais pour le moment il est toujours possible de prendre pour emporter. Je te laisse sur mes adresses préférées à Québec pour une expérience solo, entre ami.e.s ou avec ta date.
Les Brûleries, plusieurs adresses
Pour les allongés de soirs d’été ou les lattés qui accompagnent l’étude. Leur décor inspire la création et les discussions enflammées.
Café Pekoe, 433 rue Saint-Joseph E
Pour leur grande variété de boissons et leur décor épuré qui favorise la concentration. J’adore m’y retrouver avec mon ordinateur pour un bubble tea, une théière de mon thé préféré ou un latté.
Nektar Caféologue, plusieurs adresses
Pour les différentes sortes de café à tester chez soi ou sur place, allant des plus traditionnelles aux plus aventureuses. Les employés donnent d’excellents conseils pour nous guider.
La Pomme En Cage, 837 avenue Royale
Pour un café ou un chocolat chaud accompagné d’un dessert aussi beau que bon. Un incontournable déjà bien connu des gens de Beauport et qui mérite d’être découvert.
Source photo de couverture