Les toilettes publiques : lieux inconfortables, mais essentiels. Pour certains d’entre nous, le seul souci repose dans la propreté des lieux. Cependant, pour d’autres personnes, c’est leur sécurité qui est compromise. Aux États-Unis, cette guerre est beaucoup plus évidente. Par exemple, l’état de la Caroline du Nord a adopté une loi qui exige que les gens utilisent les salles de bain qui correspondent au sexe inscrit sur leur certificat de naissance, ce qui pose évidemment problème aux personnes qui ne s’identifient pas à leur sexe biologique. Plusieurs autres États ont adopté des projets de lois similaires, malgré la grande controverse que ceux-ci apportent. Pour les personnes non-binaires (terme utilisé pour désigner les identités de genre non-normatives), aller aux toilettes lorsqu’elles sont en public peut s’avérer particulièrement inconfortable, au point de se sentir comme si elles n’étaient pas les bienvenues, se faire harceler et craindre pour leur vie.
Les toilettes séparées selon le genre est un vestige du 18ème siècle, dont la première apparition de ce phénomène aurait été dans un bal parisien. Avant cette époque, les salles de bain publiques étaient désignées pour les hommes seulement. Mais dès que les femmes ont commencé à émerger dans le marché du travail, des réformes ont été jugées nécessaires. Vers la fin du 19ème siècle, la ségrégation urinaire a fait son apparition en Amérique du Nord.
Bon, l’argument principal contre les toilettes séparées est que certains affirment que cela permettraient aux criminels de se faire passer comme transgenres afin d’avoir accès aux salles de bains pour les mauvaises raisons, et que les agressions sexuelles et viols dans les toilettes des femmes augmenteraient. Le seul hic : aucune donnée, aucune statistique, aucune étude ne supporte cet argument. C’est plutôt l’inverse qui est souvent documenté aux nouvelles et dans les réseaux sociaux. On voit de plus en plus de cas de violence verbale et physique contre les transgenres et non-binaires dans des toilettes publiques, renforçant encore plus l’idée de mettre des toilettes unisexes.
On se demande donc, les salles de bain genrées, divisées en « hommes » et « femmes », pourquoi ça existe encore aujourd’hui? Des toilettes mixtes ne bénéficieraient pas qu’aux personnes non-binaires, mais aussi aux personnes à mobilité réduite ou âgées, et toute autre personne qui est assistée par quelqu’un de l’autre sexe, sans parler des parents qui souhaitent accompagner leurs enfants aux toilettes, mais se voient le passage bloqué. Et des personnes cisgenres dont l’expression physique, donc leurs vêtements et leur coupe de cheveux, par exemple, ne correspondent pas aux normes sociales. De plus, ça résoudrait le problème des files d’attente trop longues pour les femmes et inexistantes pour les hommes! Bien sûr, les questions d’intimité et de confort seraient à bien réfléchir.
Ç’a l’air ben compliqué de changer 3 siècles de normes sociales, mais pourtant, en y pensant un petit peu plus, ce ne l’est pas vraiment. On parle simplement de gens qui, comme n’importe qui dans la vie, veulent faire un besoin de la base de la pyramide, un besoin que littéralement tout le monde a besoin de faire : utiliser la salle de bain.
Par Trina Chen-Cormier
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