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Les poils en temps de canicule

Au tout début de la canicule qui a récemment touché le Québec, j’ai été confrontée à une situation, celle de montrer mes jambes sans les avoir préalablement rasées. D’abord, pendant les trois premiers jours, je pensais que la chaleur passerait rapidement. J’évitais les annonces météo, je vivais dans un déni évident! Lors de ces journées, je m’obligeais à me couvrir par peur de recevoir des regards offusqués à la vue d’un signe de pilosité. J’avais chaud, on ne se le cachera pas! Mes leggings ajoutaient une couche de plus à mon inconfort. Je m’épile à la cire depuis des années déjà et j’attendais le bon moment pour faire usage de cet instrument de torture. Mes poils n’étaient pas suffisamment longs, mais assez – à mon avis – pour m’empêcher de vivre à ma guise.

Pourtant, j’avais vu des femmes se balader les jambes garnies de poils. Je me disais qu’elles étaient extraordinaires, voire fabuleuses de s’affirmer de la sorte, de faire un pied de nez à cette convention insidieuse établie par notre société. Elles étaient à l’aise avec leur corps, belles.

Malgré tout, je n’osais pas. C’est une chose de les trouver courageuses et libérées, c’en est une autre de poser le geste, de sortir et de dévoiler ces « indiscrétions ». C’était mon paradoxe. Comment pouvais-je autant trouver ça merveilleux sur les autres alors que je me refusais de faire comme elles? Puis, durant cette semaine étouffante, une amie est venue me rejoindre chez moi afin de travailler sur notre projet d’écriture. Elle avait apporté son maillot de bain pour que nous puissions, si nous en avions envie plus tard, aller nous baigner dans la piscine publique du quartier. J’ai immédiatement pensé à mes jambes qui n’étaient pas prêtes à voir le jour, pas assez « belles » pour les autres. Après une journée bien productive, j’ai enfilé mon maillot et nous sommes parties en direction de la piscine afin de nous rafraichir. En route, je lui ai fait part de mon malaise. Bien qu’empathique à ma situation, elle affirmait sans la moindre hésitation son indifférence vis-à-vis la présence de ses propres poils. Pour moi, au contraire, c’était un problème épineux (wow, le mauvais jeu de mots!).

Ces jambes, je les ai finalement sorties! À ma grande surprise, tout le monde s’affairait à autre chose – comme se baigner (quelle activité étrange à faire dans une piscine!), éprouver du plaisir entre amis ou lire sous les rayons du soleil – que de les scruter.

Je ne pourrais pas dire que ce combat soit terminé, mais il m’a fallu cette grande chaleur pour que je constate que cette gêne minait mon quotidien. J’ose croire que cette réflexion sur le poil fera son travail dans ma tête. J’ai réussi, il y a quelques années, à me libérer de la pression de se maquiller. Il ne faut pas supposer que je n’aime plus le maquillage! Cependant, j’accepte maintenant de révéler mon visage tel qu’il est. La peur du jugement d’autrui s’est peu à peu estompée avec le temps. Je peux à présent faire le choix d’en mettre ou non selon mes envies. Je pense bien qu’un jour je pourrai faire de même avec le poil!

Crédit photo : Joe Pizzio, Unsplash

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