« Les ostis de cyclistes, ils méritent juste de se faire frapper par un char! » — Une magnifique citation bien réfléchie et pleine de sens d’un animateur de radio populaire
« Tasse-toé du chemin avec ton bécyc à trois pédales! » — Une insulte gratuite lancée par un passager à bord d’un taxi
« Achète-toé un char! » — Quote assez ironique merci d’un chauffeur d’autobus à qui mon copain a tôt fait de lui répondre : « J’en ai un! »
« R’tourne chez vous criss de tapette! » — Un homme d’affaire dans une voiture de luxe avec sa cravate et toute la crédibilité qui vient avec
Je m’appelle Alexandra et j’ai 22 ans. Je vais à l’université, j’habite au centre-ville de Québec et je suis cycliste. J’ai un beau petit vélo mauve foncé orné de magnifiques fenders argentés metal flakes et des flancs blancs sur mes tires.
Début septembre, on a pété un de mes pneus durant la nuit. Mon vélo était dans un rack avec plusieurs autres en face de mon appartement. Faut dire que j’habite près des bars et que c’était la semaine des initiations de l’université. J’imagine que c’est drôle et que ça facilite ton intégration dans une gang que de faire du vandalisme sur un vélo. J’ai donc eu pitié de toi et de ta personnalité de marde et j’ai pas fait de cas avec ça. Rien qu’un p’tit « Tabarnak » de rien du tout suivi d’un timide coup de pied sur ladite roue au pneu crevé. Trois heures et 12 piasses plus tard, mon chum avait changé le pneu et j’ai pu reprendre mes activités à la normale.
À peine trois jours plus tard, c’est mon chum qui s’est retrouvé avec un flat. Ce matin, on a arraché ma sonnette. Je répète, mon vélo est mauve foncé avec des ailerons argentés brillants. Tu m’as jamais vue, mais au look et au size de la bécane tu dois facilement concevoir que j’suis une p’tite fille inoffensive.
Aimerais-tu ça que j’arrache un miroir su ton char?
Qu’est-ce qui fait que t’as tant de haine envers les cyclistes?
J’aimerais bien qu’on m’explique. J’en ai plein le cul des gens hautains qui crachent sur les cyclistes comme si on était une sous-classe de la société. J’en ai assez de me promener en plein centre-ville en craignant pour ma vie, parce que quand tu me klaxonnes et que tu me coupes sur un stop j’ai peur que tu me rentres dedans et que tu me passes sur le crâne. J’aimerais bien me mériter un titre de « parano » en avançant de tels propos, mais c’est le genre d’histoire qu’on voit trop souvent.
Savais-tu que pour passer de Sainte-Foy au centre-ville les rues cyclables empruntent des détours sinueux dans des petites rues non éclairées? On nous envoie dans les mêmes rues que prennent les gars chauds et les chauffeurs de taxi qui coupent court sur les stops pour être certain qu’on est pas sur le chemin Sainte-Foy à faire chier les automobilistes. Lorsqu’une piste cyclable est construite, on entend des gens chialer que ça a été payé avec l’argent de LEURS taxes.
Aux chialeux de ce monde, à vous écouteux de radio-poubelle, à vous haters compulsifs, voici pourquoi je prends mon vélo et voici pourquoi tu devrais avoir un peu plus de considération et de respect pour la cycliste que je suis.
- Le cyclisme, comme tous les transports actifs, contribue à l’économie d’énergie. Bien sûr, je suis dépendante du pétrole. Cependant, ma dépendance est moins forte que la tienne. Je consomme moins d’essence, une énergie non renouvelable et une ressource limitée. Un jour, on va en manquer. Évidemment, on va trouver une alternative. Par contre, je contribue à repousser le deadline. Tu vas donc pouvoir en consommer plus longtemps mon chanceux!
- Puisque je consomme moins de combustible fossile, je contribue à la préservation de l’environnement l’atténuation de la pollution planétaire. En me déplaçant à vélo, je diminue ma production de dioxyde de carbone, un gaz à effet de serre. À ma façon, j’essaie de repousser le réchauffement planétaire et je fais de mon mieux pour que l’air que tu respires ne soit pas trop pollué.
- En choisissant un mode de transport actif plutôt que ma voiture, je contribue à la diminution du trafic sur les routes. Tu trouves ça long, te rendre à la job le matin? Viens voir la quantité de vélos qui se trouvent sur les racks ici et là sur le campus et imagine le temps qu’il t’aurait fallu si on avait tous pris une voiture. Encore mieux, imagine le calvaire de te trouver un stationnement s’il avait fallu que tous les ratés qui ont pris le bus, les ostis de cyclistes et les Jésus Christ de piétons sales qui ont osé te couper sur une traverse piétonnière aient tous pris leur char.
- Finalement, en bougeant pour me rendre à l’école plutôt qu’on m’asseyant les foufs dans mon char, je contribue à améliorer la santé publique. Je fais de l’exercice, je me tiens en bonne condition physique. J’ai moins de prédisposition à faire de l’embonpoint et toutes les maladies qui viennent avec. Comme l’activité physique est une distraction psychologique et mentale, j’ai aussi moins de chance (quoiqu’on n’est jamais à l’abri) de faire une dépression et de consommer des antidépresseurs, un médicament dont les Québécois sont de fervents consommateurs.
Heureusement, on trouve encore des gens courtois sur la route. À ceux-ci, je dis merci. Merci de nous respecter et de partager la route. Aux autres, ça m’aura fait plaisir d’entretenir ce love/hate relationship.
J’te laisse sur ce court vidéo, ICI, qui présente l’ensemble des infrastructures installées à Copenhague dans le but de faciliter et de favoriser les déplacements à vélo, un exemple au niveau mondial, tant dans le domaine de l’environnement que celui de la santé, de l’économie et de la société.