Quand j’avais 16 ans, je pouvais boire six Boris bleues et des mélanges d’alcool fort qu’on volait à nos parents. Je me levais le lendemain, fraîche comme une rose, avec seulement un petit mal de tête qui passe après une tranche de pain.
Aujourd’hui, je bois une bouteille de vin et j’en ai pour deux jours à m’en remettre.
Passer le cap de la vingtaine, chaque fois que je bois juste un peu plus que ma limite le permet, je finis la tête dans le bol de toilette à regarder flusher mon souper qui m’a coûté ma paie.
Je ne sais pas ce qui s’est passé entre le moment où je pouvais boire sans répercussion et les lendemains de veille où je suis à l’agonie. C’est peut-être mon corps qui me rappelle que je suis une adulte respectable et qu’une adulte respectable ça ne se pète pas la face le vendredi soir, encore moins le samedi.
Plus on vieillit, plus nos lendemains de veille nous punissent d’avoir exagéré.
On dort jusqu’à deux heures de l’après-midi, nos crânes veulent exploser dans nos têtes et notre estomac ne se satisfait plus d’une bonne poutine.
Chaque année de vie qui s’ajoute fait en sorte qu’on quitte le bar une heure plus tôt. Plus question d’attendre le last call ou de rester jusqu’à ce que les lumières s’allument pour nous permette de contempler les dégâts.
Aujourd’hui, mes lendemains de veille ressemblent à moi qui suis seulement capable de traîner ma carcasse jusqu’au divan. J’ai des envies de buffet chinois, mais je suis trop maganée pour me lever de là. Je cherche des remèdes miracles sur les Internet en sachant pertinemment que je n’aurai jamais la force de les réaliser. Je me roule en boule en criant à l’injustice que je me suis moi-même infligée la veille, quand j’ai crié : « Huit shooters de Jack, s’te-plait! »
Et, clairement, tout ça n’ira pas en s’améliorant. Peut-être qu’un jour on apprendra de nos erreurs!
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