Pour moi, les gens dynamiques ont une longueur d’avance de plus en énergie positive et en charisme que les autres. Ils sont attirants et contagieux.
Comme la barista qui m’a servi.
J’aime ce titre d’emploi au point de vouloir en être un moi-même juste pour le nom.
Cette barista qui m’a accueilli en allant chercher mon café, mon deuxième café ce matin-là, à la brûlerie près de mon travail. T’sais quelqu’un d’heureux dans la vie? C’était cette fille. Si cet emploi avait été aussi à la mode en 1991, c’est « barista » que j’aurais répondu à la question de l’orienteur : « Tu veux faire quoi dans la vie, Patrick? »
« BARISTA!!! »
Mais c’est peut-être parce que j’ai commencé à boire du café à 31 ans que je ne le connaissais pas, ce nom. Une barista, c’est comme une barmaid mais spécialisée pour le café. Ça fait noble, ce titre, je trouve (habituez-vous, parce que je risque de ploguer ce mot dès que j’en aurai l’occasion).
Donc, j’entre dans un café d’une façon anormalement énergique (probablement parce que l’effet de mon premier café n’était pas tout à fait terminé).
Énergique au point de donner de l’argent trop intensément à l’itinérant à la porte (limite le faire sursauter) considérant que je n’ai jamais de monnaie sur moi alors qu’à ce moment oui, et en saluant le gars qui sortait, la tête penchée sur son épaule à parler au téléphone, son café dans une main et sa valise dans l’autre (t’sais un gars le moins réceptif du monde à recevoir un signe de tête en guise de « Salut »?).
Ben y m’a pas répondu. Il m’a même pas regardé. Il m’a même pas remercié. Il a dû penser que la porte que je lui ai tenue pour qu’il puisse sortir s’est ouverte toute seule grâce à un œil magique.
Ben l’œil magique s’appelait Patrick, mec. De rien.
Pas grave. J’suis débordant d’énergie en ce moment. Ça ne m’a même pas affecté. Pentoute. Zéro. Un bon mood, quoi.
J’arrive au comptoir. Je suis au moins le 5e en ligne. J’ai pas grand temps mais pas grave, j’suis turbo plein de vie limite tapage-sué-nerfs! Arrive mon tour. La barista (j’adore ce titre d’empl… OK, non…) m’accueille avec un beau grand sourire et un « Bonjour! » familier qui remplace 7 fois celui que je n’ai pas eu tantôt. Je commande mon latte et un café régulier, avec mon œil encore plus coquin que d’habitude (pas sûr ici du terme « coquin » par contre, à moins de t’appeler Charlotte, d’avoir 5 ans pis de manger des fraises en étant coiffée de tresses).
La barista (l’écrire, c’est bien, mais le dire est beaucoup mieux…B-A-R-I-S-T-A. J’arrive presque à voir la Toscane) me demande mon prénom et, sans trop y réfléchir et en souriant, je lui réponds « Jordy ». Demandez-moi pas pourquoi.
C’était pas prémédité, j’vous jure. Je n’aurais pas fait ça mettons avec Pierrette à l’air bête au casse-croûte du coin, mais avec cette charmante jeune femme, j’avais envie d’une folie. J’voulais pas la niaiser, elle avait l’air ouverte. (OK. Je conviens que, quand t’as envie de « folie », aller pique-niquer au sommet d’une montagne ou te payer un voyage à New York dans le temps des Fêtes est beaucoup mieux, mais bon, j’ai fait la folie qui m’est passé par la tête à ce moment, c’est-à-dire m’appeler Jordy pour un instant.) La barista a pris une micro-pause en me regardant, avec son feutre prêt à écrire sur mon gobelet dans sa main.
Elle a souri. Pas souri comme on sourit timidement en croisant un inconnu dans un couloir au boulot, là. Souri en levant les sourcils de façon : « J’te crois pas une miette, mais bon, si ça te tente de jouer à ce jeu-là l’gros, j’suis ta fille. » Ce sourire-là.
En voyant sa face compétitive, j’aurais VRAIMENT aimé m’appeler Jordy pour vrai. Pendant 1 minute, mettons. Carte d’identité à l’appui pour remporter le duel, pis ensuite « POUF! », Patrick.
J’attends donc mon latte et mon café à l’écart avec les autres clients. Pis là ben, j’ai chaud. Chaud parce que j’ai mon manteau su’ l’dos et qu’il fait à peu près 40 degrés avec une odeur de beignes artisanaux dans la place, mais aussi parce que je suis en train de me dire que c’est ben beau avoir fait cette blague one on one comme ça avec la barista, mais on va bientôt dire mon nom haut et fort quand ce sera prêt!
Effectivement… Et comme je n’ai pas le temps de finir ma pensée et que ma panique n’est pas encore complètement installée, ben « LE LATTE ET LE CAFÉ POUR JORDY!! » anormalement plus fort que d’habitude se fait entendre. Bien fait pour moi, c’était une coriace barista.
OK, en ce qui me concerne à ce moment dans ma tête, j’me suis littéralement senti comme : « Je m’appelle Jordy, j’ai 4 ans et j’suis petit…» Très petit… dans mes culottes. Mais je l’ai ri! J’ai pris ma commande et je suis sorti. J’ai pris une gorgée de latte. J’ai donné le café à Guy en sortant (l’itinérant à qui j’ai donné 1 $ en entrant). Guy m’a remercié très surpris (encore), j’me suis senti bien avec mon geste et il a bu son café en pensant probablement que je m’appelais Jordy.
En passant, j’en connais beaucoup sur Guy, mais Guy ne me connaît pas. Ce sera d’ailleurs dans un prochain texte. Guy est un homme inspirant dans son genre, vraiment. Vous verrez.
De retour au bureau, je me suis aperçu qu’il y avait AUSSI une inscription de l’autre côté : « Pas si dur, dur, d’être un bébé? » WOW!
Donc, j’ai eu ce que je méritais et ça m’apprendra!… Bah, pas tant…
Elle a remporté haut la main cette manche! Mais j’adore ces gens qui font que ce genre de p’tit moment anodin en devient un spécial à sa façon. J’adore les gens dynamiques. En particulier les gens qui sont barista ET dynamiques!
C’est définitif! Quand je serai « grand », je veux être un barista. Un barista dynamique! Comme elle.
Vous ai-je dit que j’aime le mot « barista »?
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