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La semaine dernière, j’ai reçu un vraiment beau cadeau par la poste, gracieuseté de Blackburn&Raymond. Quoi? Tu ne connais pas ces deux chapelières?! Attends deux secondes, j’vais t’en apprendre plus sur elles.
Chez Blackburn&Raymond, les chapeaux sont faits à la main à partir de feutre de laine. Ils sont confectionnés avec soin par deux Montréalaises, Maha-Leïssa Morin Doré & Julie Roy, que j’ai eu la chance d’interviewer. Leur style créatif pourrait se décrire comme un mélange entre la culture bohème et les nombreux looks observables dans les festivals tels que Coachella.
Mon chapeau, N° 1487 – Bernard (Bernie, pour les intimes), a par ailleurs été fait sur mesure après que j’aie donné carte blanche aux filles. Elles ont pris soin de scruter mon Instagram, à la recherche de pistes pour en créer un qui serait le plus fidèle à mon style personnel, tout en composant avec le leur. Plumes, métal, broderie et motifs à l’intérieur… Tout y est, et il est parfait!
Q : Premièrement, qui êtes-vous, quelle est votre histoire?
Maha : J’ai fait un cours en design de mode, en 2014, et ma mère était designer, alors j’ai toujours baigné là-dedans! Avant ça, je travaillais beaucoup le cuir et j’ai toujours beaucoup aimé la fourrure. J’ai commencé à faire des chapeaux pour enfants puis, éventuellement, j’ai découvert le moulage de chapeau et j’avais vraiment envie d’en faire plus!
Julie : J’ai fait des études en arts visuels à l’UQAM, mais c’est un milieu qui ne m’allait pas vraiment… C’était pas ma place. Mais le côté créatif, que j’aimais beaucoup, se retrouve aussi dans Blackburn&Raymond, autant dans le moulage que dans la finition. J’aime beaucoup la mode, alors ça aide! Ça m’a pris du temps avant que je me décide de le faire, mais quand j’ai décidé de me lancer, c’était bien!
Maha : Pis là, on est rendues chapelières!
Q : J’ai remarqué que vos chapeaux ont de petits noms tels qu’André, Tancrède ou Denise. Est-ce que ça représente quelque chose en particulier?
Julie : Blackburn et Raymond, c’est les noms de famille de nos grands-mères, leurs noms de jeunes filles, en fait; Candide Blackburn et Denise Raymond! C’est aussi pour ça que nos chapeaux ont des noms de grands-pères et de grands-mères. On leur donne aussi des numéros, un peu comme des dates, mais c’est plus aléatoire.
Maha : C’est un peu comme leurs dates de naissance, si on veut!
Q : Quelles sont vos valeurs en tant que créatrices?
Maha : C’est une question piège…
(rires)
Maha : Non mais, sérieusement… On a notre bannière : « Si le chapeau te fait, mets-le. », dans le sens où il faut s’assumer. Y’a un engouement envers le port du chapeau, mais il faut absolument oser le style et accepter le fait que c’est ce qu’on fait. Ça fait partie de toi, un chapeau, parce qu’il s’accorde avec ta personnalité!
Julie : Par rapport aux noms des chapeaux aussi! C’est pas pour rien qu’on a pris le nom de nos grands-mères; ça honore le fait que notre projet est un projet de femmes. C’est un adon, mais probablement pas un hasard que tout le monde qui nous a aidées jusqu’à maintenant soit des femmes. On veut vraiment valoriser la femme, avec Blackburn&Raymond. Aussi, on a comme objectif que tous nos chapeaux – ou presque – soient unisexes, parce qu’on veut exclure personne!
Q : Pourquoi avoir choisi de faire des chapeaux en particulier?
Maha : On s’est juste dit : « On va faire des chapeaux! » (rires) Non… On aimait vraiment ça, les chapeaux, et on a chacune fait un cours avec une chapelière à Montréal. Pas en même temps, mais on s’en parlait beaucoup par la suite et on s’est lancées cette année.
Julie : Moi j’ai toujours porté des chapeaux, mais c’est plutôt dur à en trouver un de la bonne grandeur, à ton image, etc. Tout en restant accessible et original, on voulait sortir du chapelier ordinaire. On veut ajouter une touche contemporaine et actuelle… On voulait donner une mise à jour aux chapeaux, parce qu’on a envie de rejoindre le plus de gens possible.
Hello! Nous y sommes!
Une publication partagée par Blackburn&Raymond (@blackburnetraymond) le 27 Avril 2017 à 9h43 PDT
Q : Est-ce que c’est un milieu qui est compétitif , dur à vivre?
Julie : Non! C’est sûr qu’on commence et que c’est quand même dur de convaincre les gens de s’acheter un chapeau de qualité à un prix relativement raisonnable tandis qu’ils pourraient en acheter un à 10 $ qu’ils vont porter une fois, par exemple. Mais il n’y a pas vraiment de compétition, parce que notre style est unique et il se démarque des autres.
Maha : Des chapeaux comme les nôtres, à nos prix, ça n’existe pas vraiment… Aux États-Unis, il y a beaucoup plus de chapeliers qu’au Québec, mais les chapeaux valent environ 400 $! On veut vraiment montrer que c’est possible d’acheter local. On a une super belle réception des gens jusqu’à date, mais là c’est juste de se faire connaître.
Q : Qui sont vos inspirations, autant pour la mode que dans la vie?
Maha : On se connaît depuis 6 ou 7 ans, et on est des « trippeuses » de bazars. On va dans les sous-sols d’églises pour trouver des vêtements et des accessoires. Fait que, des designers en tant que tel… On peut pas vraiment dire qu’on en aime ou pas.
Julie : Sinon, j’essaie de voir des personnes qu’on aime bien… Ève Gravel, June Swimwear, Betina Lou, Cokluch, Le Jupon Pressé, etc. Leurs énergies et leurs collections sont assez impressionnantes. Les designers d’ici se démarquent beaucoup et c’est très beau! Ça sort souvent des stéréotypes du mannequin à taille grande et mince, et ça, c’est un plus.
Q : Qu’est-ce qu’on peut espérer de vous, dans un futur proche?
Julie : En ce moment, notre calendrier s’arrête au mois de septembre! On mise beaucoup sur les festivals pour voir la réception face au produit et rencontrer les gens « en vrai ». À Québec, au festival du barbecue, on a jasé avec beaucoup de personnes! Il n’y a encore rien de confirmé, alors on ne peut pas trop en dire. On demeure encore dans la phase où il faut gagner en visibilité, mais on voit qu’on commence à atteindre des gens!
Q : Et si on parle d’un futur lointain, idéalement, quels sont vos objectifs/vos rêves?
(rires)
Maha : On resterait en Floride! Non, mais… Je pense que notre rêve ce serait d’être rendues seulement en boutique et d’aller partout pour faire des séances photos et des partenariats avec d’autres designers.
Julie : Notre rêve, ce serait sûrement d’égaliser Brixton. Éventuellement, on aimerait avoir un site Internet et ne pas seulement se limiter au Québec, au Canada ou aux États-Unis. Ce serait quand même quelque chose, que la marque soit internationale! C’est vraiment notre but. Sinon, on aimerait aussi avoir un atelier-boutique pignon sur rue, où on pourrait travailler et vendre des chapeaux! C’est un petit rêve qu’on aimerait concrétiser bientôt.
Q : Finalement, si on devait décrire Blackburn&Raymond en 5 mots?
Julie : C’est comme ce que je disais tantôt : « Si le chapeau te fait, mets-le. », fait que peut-être quelque chose qui a à voir avec l’acceptation de son style personnel?
Maha : « Authenticité »!
Julie : Oui! Et c’est clair que le mot « tradition » doit y être, parce qu’on fait tout selon la tradition, en ajoutant une touche de modernité.
Maha : Sinon, on pourrait rajouter « femmes », « oser » pis… « famille »!
Julie : Ouais, on va y aller avec ça!
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Pour acheter les merveilleux chapeaux Blackburn&Raymond, il y a de nombreuses façons de procéder. Premièrement, tu peux visiter la boutique Etsy des filles. Sinon, il y a toujours moyen de s’arranger en leur écrivant sur Facebook ou sur Instagram, deux pages que je te conseille fortement de suivre!