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Les attachantes aventures d’une sympathique poubelle

2 juillet

Cher journal. Aujourd’hui est une journée spéciale. Alors que j’étais bien alignée avec mes consœurs dans une grande allée d’une grande quincaillerie, une personne m’a fait sursauter. Elle m’a prise dans ses mains et m’a déposée sur le plancher. J’ai dû faire rapidement mes adieux à mes camarades poubelles, alors que je m’éloignais d’elles en roulant. C’est une jeune femme qui m’a donc apportée jusqu’à la caisse enregistreuse pour me payer. J’étais dorénavant, sa poubelle à elle.

4 juillet

C’est l’été et il fait 40 degrés. Je me sens ballonnée de déchets et j’ai bien hâte que l’on vienne m’en libérer. J’attends patiemment sur le bord de la route, avec mes nouvelles amies poubelles. Nous discutons de ce que nous avons dû ingérer durant la semaine, et nos copines les mouches semblent nous jalouser.

8 août

Cher journal. Ma bouche est ouverte continuellement, puisque des gamins ont emprunté mon couvercle pour le convertir en frisbee. Ces jeunes semblent avoir du plaisir, au détriment de mon haleine fétide qui s’échappe sans retenue dorénavant.

15 août

Un des voisins de ma propriétaire semble prendre un malin plaisir à me remplir, au grand désarroi de cette dernière. Comme c’est la 3e fois que cela arrive, et ce, malgré la vaste étendue de choix de poubelles dans la cour où je me trouve, ma propriétaire est devenue rouge de colère! Elle a retiré les sacs qui n’étaient pas les siens pour pouvoir déposer ses propres ordures. Afin de remédier à cette fâcheuse situation, elle est revenue avec un crayon en me tatouant la mention suivante : «  À L’USAGE EXCLUSIF DU… », suivi de son numéro civique. Elle a bien fait, car je n’aime pas qu’un étranger m’utilise. De plus, ce voisin exagère en me remplissant lourdement, et mes frêles roulettes deviennent trop chambranlantes lorsque je suis en surpoids. Je n’aime pas cela.

22 août

Ma propriétaire et son désagréable voisin semblent s’être engagés dans une relation passive-agressive. Plus tôt dans la semaine, cet agaçant monsieur m’a utilisée en jetant des trucs lourds comme des briques, enrobés dans du papier journal. Ma propriétaire, furieuse, a eu de la difficulté à me manipuler. Elle a tout de même réussi à les faire sortir, tout en marmonnant qu’elle songeait à changer de modèle pour se procurer une poubelle à laquelle elle pourrait apposer un cadenas, pour ainsi bloquer l’accès à sa boîte à déchets. Cela me cause de l’angoisse, car je ne voudrais pas être remplacée!

23 août

Cher journal. Au lieu de me laisser librement dans la cour ou de me remplacer, ma propriétaire m’a rapprochée de son milieu de vie, pour garder un certain contrôle sur moi. J’en suis très heureuse. Ma propriétaire, elle, un peu moins. Elle est dans un demi sous-sol et la seule place disponible autre que dans la cour arrière est à l’avant, tout près de sa fenêtre de salon. « Ça va sentir bon… », qu’elle se dit avec ironie.

19 septembre

J’étais sur le bord du chemin, comme pour chaque collecte hebdomadaire. Une voiture sortant du stationnement m’a délicatement heurtée, ce qui m’a rapprochée de Gertrude, mon amie poubelle préférée. (Ben oui, entre nous, on se donne des noms!) Je n’ai pas détesté. Je lui referais ce genre de câlin sans hésiter!

26 septembre

Les bacs à recyclage et les poubelles ont l’habitude de se côtoyer. Cependant, un des bacs semble vouloir nous berner pour se joindre à notre groupe. Il est dans sa tenue de camouflage, affublé de peinture noire, arborant un tatouage mal orthographié allant comme suit : « Poubel ». Eh bien, bienvenue parmi nous, Poubel!

16 janvier

Cher journal. Il a beaucoup neigé, ces derniers temps. L’hiver est maintenant bien installé. Je croyais que la relation passive-agressive entre voisins était chose du passé. Qu’à cela ne tienne! Lorsque l’emmerdant voisin est venu récupérer ses multiples poubelles, il m’a bien reconnue parmi les autres et m’a violemment garochée sur la bute de neige la plus élevée. Lorsque ma propriétaire est venue me récupérer, elle a maugréé : « Ben voyons donc… La prochaine fois va falloir que je m’équipe de mon pantalon d’hiver puis de mes bâtons de randonnée pour venir te chercher… »

20 février

Cher journal. Alors que je me sentais bien en sécurité, loin du voisin malfaisant, c’est un vent hivernal massacrant qui m’a arraché de mon emplacement. J’erre donc sur la rue. Les voitures menacent de me frapper à tout moment. J’ai peur! Je ne crois pas aimer l’hiver et j’aimerais que ce vent peu clément me transporte vers les frontières d’un pays moins tempétueux. Je serais triste de me séparer de ma propriétaire, mais je n’en peux plus. Qu’on me libère de cet infernal hiver!

20 mars

Cette semaine, ma propriétaire est venue jeter sa petite poubelle domestique en fin de vie en la déposant à l’intérieur de moi. Toutefois, un voisin maladroitement attentionné, que j’ai peu l’habitude de côtoyer, est venu retirer la petite poubelle abîmée pour la remettre au bord de la porte de ma propriétaire. Lorsque cette dernière en a fait le constat, elle est revenue me porter la poubelle amochée en s’exclamant : «  Ben voyons! Pourquoi on me l’a ramenée? Ce n’est pas comme si je l’avais jetée par erreur. Elle est petite, mais pas tant que ça! »

24 avril

L’arrivée du printemps m’a donné bon espoir. Le dégel ayant cependant revigorer mes fortes odeurs intérieures, ma propriétaire n’a pas hésité à me chatouiller avec du savon et les jets d’un boyau d’arrosage. Me voilà comme neuve, après cette merveilleuse cure de jouvence! De plus, l’embêtant voisin semble être parti pour de bon. Ce poids en moins me rend plus légère, et je ne suis plus amère de l’hiver!

26 avril

QUELLE BONNE NOUVELLE! LE TEMPS DU FRISBEE EST RÉVOLU! On m’a enfin rapporté ma bouche! C’est tout ce qu’il me manquait pour être une poubelle entièrement comblée, maintenant dans tous les sens du terme!

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