Le brouillard est opaque. Entre moi et lui fourmillent les gouttes d’une pluie froide et acide qui agresse ma peau, bouche ma vue, rend ma respiration difficile.
Et pourtant, je sais que derrière les épais nuages noirs règne un ciel immense, bleu d’azur et plein d’un soleil dont je connais la chaleur si réconfortante.
Ce brouillard est rempli de phrases, d’images, de sensations, de mots, tous aussi obsédants les uns que les autres. La pluie cogne avec régularité sur les parois de mon crâne et ça résonne, faisant rebondir l’écho jusque dans tous mes membres suant dans leur lutte contre les pensées perturbatrices.
Brouillard, obscurité, tempête… autant de métaphores du chaos pour décrire les états mentaux durant lesquels le contrôle nous manque.
Et alors, lorsque viennent ces moments – plus ou moins longs – où l’esprit n’est plus qu’un champ de bataille, ton bien-être en sort rarement vainqueur. Angoisses, névroses, souvenirs et autres sentiments contradictoires sont pris d’assaut, lâchés libres, sans défense contre les émotions maîtresses.
Difficile, voire impossible parfois d’ordonner le cessez-le-feu, d’exiger une trêve parce que ce déchaînement libère un poison en nous qui nous laisse croire que nous méritons cette tempête. Longtemps, je me suis laissée rongée par mes colères, mes tristesses enfouies, mes pauvres jalousies, mes douleurs et mes rancœurs. Autant d’obsessions me faisant naïvement oublier à quel point elles ne sont rien à côté de la force de la joie, de l’apaisement, de la gratitude et de l’amour. Ces dernières sont encore plus puissantes, car elles sont celles qui nous nourrissent, nous chérissent, remplissent l’esprit de lumière. Au contraire, les éléments fondateurs du brouillard, lorsqu’on les autorise à prendre toute la place, nous dévorent, nous aspirent, nous aveuglent, nous délestent de cette si essentielle lumière.
Nous méritons tous de vivre dans la lumière, de ne pas être victimes des fluctuations capricieuses de notre esprit. Faire disparaître le brouillard n’est pas mince affaire. Loin d’être une évidence non plus.
Mais savoir que le ciel est là, nu et ouvert, calme et grand, prêt à nous baigner de son halo bienfaisant est déjà d’une grande aide. Il faut se le rappeler constamment. Sentir en soi, dans son esprit et dans son corps l’existence universelle d’un bien-être durable.
Chaque être étant différent, il va sans dire que les moyens permettant de dégager l’horizon mental sont divers, surtout lorsque celui-ci ressemble à un océan ravagé par une tempête, agressé par les violentes vagues et les incontrôlables remous de l’âme.
Il est possible pour chacun de nous de constituer des antidotes : anticyclones de l’esprit permettant de calmer la rage des émotions plus rapidement, chacun à sa manière.
Le point commun entre tous les antidotes, c’est l’objectif : parvenir grâce à des pensées positives, émotions positives, images positives, environnement positif, à limiter la force du brouillard ou à le faire disparaître.
L’idée, c’est de trouver ce qui, avant même d’en arriver à la perte de contrôle, nous rappelle que le ciel bleu est là, juste là, tout près. Il est essentiel que l’antidote nous ramène à notre nature première : le calme et le moment présent.
Mon antidote à moi, c’est un mélange de plusieurs choses. Parfois, je rappelle simplement à mon corps qu’il est vivant, je le fais respirer, longtemps et profondément, pour m’ancrer dans l’ici et maintenant.
Un autre antidote très efficace pour moi : l’eau, sous toutes ses formes.
Parfois, quand je réalise soudainement que je me laisse aller dans des coins pas très ensoleillés de mon âme, j’imagine de grandes eaux couler sur mon esprit, venant balayer les pensées négatives et noyer celles en préparation.
Développer des antidotes efficaces pour moi a changé mon quotidien et ma manière de concevoir le bien-être mental. Je sais aujourd’hui que je suis la seule maîtresse de mon esprit et qu’il est de mon ressort de ne pas me laisser submerger.
Sans affirmer que les antidotes changent tout, j’affirme qu’ils sont le début de quelque chose de bien. Les trouver prend du temps, mais essayer c’est déjà réussir quand il s’agit de prendre soin de son esprit.
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