Êtes-vous déjà revenu d’un rendez-vous avec un(e) ami(e) en vous sentant extrêmement épuisé? Pas parce que vous aviez trop ri, trop mangé ou trop bu. Simplement parce que l’autre personne a soutiré de vous la dernière goutte d’énergie et de positivisme qu’il vous restait. Le genre d’épuisement qui te fait mal dormir le soir même, un peu parce que l’autre t’a transmis sa lourdeur d’âme.
Ressentir ce type d’impuissance m’a souvent anéantie… et par la suite frustrée. Une amitié ne devrait jamais reposer sur des heures de consultation gratuites et prises pour acquis sans qu’il n’y ait réciprocité dans les échanges, ou ne serait-ce qu’un signe de gratitude. Une rupture, un décès, une grosse déprime… les amis sont là pour alléger le parcours du rétablissement, pas pour le faire à notre place.
Je me suis longtemps dit que la gentillesse, l’amour et la persévérance vaincraient tout, rendraient toute situation difficile plus surmontable. À force de les cultiver moi-même, j’ai essayé de les répandre sur les autres. Frôlant le masochisme, je me suis acharnée à faire voir lumière et joie de vivre à ceux autour de moi qui étaient le plus encastrés dans l’ombre. J’ai le dicton anglophone « kill them with kindness » collé à la peau. Mais il me « chicotte » encore, ce précepte, puisqu’il n’est pas toujours efficace de vouloir tuer les démons des autres avec son amour et sa gentillesse. Ça a fonctionné pour les miens, peut-être parce que j’ai accepté de faire chuter ma façade de béton pour accéder à ma vulnérabilité, et ainsi apprendre à vivre et accepter la montagne russe d’émotions sur laquelle je carbure. Certaines amitiés énergivores sont venues gruger mon espoir d’aider jusque dans ma moelle osseuse… intolérants à l’optimisme, plusieurs se plaisant dans leur mal-être ont fait un rejet, et m’ont laissée vide, exténuée.
Je suis une éponge à émotions; je le ressens quand quelque chose cloche pour les gens de mon entourage, parfois sans même les avoir vus. L’instinct? Le feeling? L’éveil de ma conscience? Je n’ai pas la réponse, mais les gens hypersensibles à leur environnement se reconnaissent sans doute dans ce texte, et sont, malheureusement, souvent la première cible des gens énergivores, car ils ressentent notre ouverture, notre compassion imminente qu’on arrive mal à camoufler. Ça peut engendrer des relations parasitaires.
Je suis de ces personnes qui se fait rarement demander sur un ton sincère : « Comment tu vas, ces temps-ci, Cath? ». Quand ça arrive je suis presque prise de court et j’ai envie, sur la défensive, de répondre : « c’est quoi, j’ai l’air de mal aller!?!?!? ». Je me suis habituée à ce que les autres aient besoin de moi, à être un pilier.
Et vous savez quoi? Je me plais plus souvent qu’autrement dans ce rôle de faire « du bien aux autres », parce que ça me fait du bien en même temps. Suffit de cerner ceux qui valent la peine, et écarter ceux qui ne feront que te tirer vers le fond, vider ta tank de carburant et broyer du noir; leur noir.
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