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Parce que notre année a drôlement commencé, que je te vois aller depuis le début et que je le sais qu’au fond de toi, tu te dis que les conditions à l’école sont la pire chose qui pouvait arriver dans ta vie d’ado. Même si à mon sens, tu vivras sûrement des choses encore pires au travers des différents obstacles de ta vie.
Parce que je vois bien que tu dois mettre un frein à ta liberté, que ça fait déjà un petit bout qu’elle est restreinte et que tu as juste hâte d’ouvrir tes ailes et d’aller voir qui tu veux, où tu veux et quand tu le veux. De vivre tes expériences et de continuer à découvrir la personne que tu es.
Parce que même si vous avez un masque, je le vois, l’élève qui se mord les lèvres parce que son stress l’appelle un peu trop souvent le soir avant de se coucher ou celui qui s’empêche de crier à tout le monde de se la fermer parce que LUI, il a envie d’avancer et de passer son année.
Je le vois, derrière votre masque, quand vous faites un petit sourire en coin qui me dit que j’ai raison quand on se parle.
Je le vois, votre menton qui tremble quand vous vous retenez de ne pas pleurer pour peu importe la raison.
Je le vois dans vos yeux quand vous avez juste envie d’aller respirer le grand air au lieu de garder sur votre visage la première chose qui vous enlève une partie de liberté.
Je l’entends dans votre voix quand vous avez le goût de partir faire des heures au travail que vous vous êtes trouvé pendant le confinement.
Je le ressens quand vous tournez en rond et que vous n’en pouvez plus d’avoir l’impression de perdre votre temps en ne faisant pas grand-chose.
Mais je voulais vous dire que je vois aussi l’humain en vous. Celui qui a envie de bien s’entendre avec les autres, celui qui vit des frustrations qu’il aimerait exprimer adéquatement, mais qu’il finit toujours par dire à coups de « Ta yeule ! » Par peur d’avoir l’air bizarre ou que ce soit pire après s’il fait un message au « je » comme dans les règles de l’art.
Je vois l’humain qui pense aux autres en revendiquant ses droits quand son ami vient de se faire réprimander par l’adulte.
Je comprends chaque moment où vous vivez de l’injustice parce qu’il m’arrive moi-même d’en vivre.
Je le vois que vous n’êtes plus capable déjà, un mois avant Noël, de ne devoir penser qu’à l’école puisque votre sport ou votre loisir n’a plus lieu pour une durée indéterminée. Je le sais parce que je suis dans le même bateau que vous. Je sais que l’ado en vous se développe difficilement parce que certains aspects de l’adulte en moi ne se développent pas aussi facilement non plus en temps de pandémie.
Donc à toi, finalement cette personne qui n’est pas qu’un ado, mais bien un être humain. J’ai envie de te dire que le jour où tu te mettras à voir les autres comme des semblables, le jour où tu réaliseras que tes émotions peuvent aussi être celles des autres, que tes réactions sont les mêmes pour d’autres et que tes obstacles ressemblent parfois à ceux des humains qui t’entourent, tu te sentiras moins seul et ton cœur ira déjà mieux.
Dis-toi qu’ensemble, on est capables d’y arriver et que oui, tu as le droit de vivre des journées plus difficiles même si la personne à côté de toi pète le feu. Juste, respire profondément, les yeux fermés, soit connecté avec toi-même et tu seras automatiquement plus facilement connecté avec les autres.
J’ai confiance en toi.
Mme Carolanne ?