Une guerre de tous les instants. On l’épile, on le rase, on l’arrache, on paie des sommes importantes pour être toujours prête à s’exhiber. Bref, il ne faut pas qu’il n’y en ait nulle part! Je ne vous apprends rien en vous disant que c’est un phénomène de société. C’est une question d’hygiène, d’esthétique, de conformité à une norme sociale très puissante. L’image de la femme véhiculée est celle d’une femme à la peau lisse, glabre c’est-à-dire dépourvue de poil, sauf pour… les cils.
Les territoires de chasse sont notamment le pubis, les jambes, les aisselles, les sourcils, la lèvre supérieure. Selon mes lectures, dès le XIXe siècle, les dames plus fortunées et notre belle Cléopâtre s’épilait déjà. Donc ça ne date pas d’hier! C’était une question de mode à cette époque. Aujourd’hui, avec les vêtements qui sont de plus en plus courts, davantage de pieds carrés de peau sont exhibés. De là la phobie de percevoir un poil mal placé dans ta paire de short qui laisse voir le rebondi de tes fesses de Beyoncé.
Qui n’a pas refusé une soirée au coin du feu avec un jeune homme parce que ses jambes n’étaient pas rasées? Eh non, je ne fais pas exception.
Passons aux choses sérieuses. Le poil du bien aimé triangle des Bermudes. De toutes les régions du corps, c’est le saint-graal de la haine qui s’y cache. Dans le temps (19e siècle), même les peintures étaient censurées! Oui madame! Si on y voyait des poils pubiens, la peinture était considérée comme blasphématoire et obscène. Mais si la peau était lisse dans le coin, y avait pas de trouble. Même son de cloche chez les grands producteurs Hollywoodiens, qui bannissent les actrices pourvues de poils pubien et d’aisselle de leurs studios (1930).
Depuis, avec la grandissante popularité de la pornographie et des occasions en or de marketing pour les entreprises que cela représente, la guerre à la pilosité nounienne (il faut bien vous faire rire un peu) est plus en force que jamais. Le porno montre une image de femme-enfant. C’est un retour à la position de faiblesse et de soumission. Le corps entier se doit d’être lisse, pas d’exception. On laisse passer le message que c’est supposément plus attirant pour l’homme.
C’est peu dire, mais il s’agit d’une attente que les hommes ont envers plusieurs femmes. D’être perfectly shaved de partout. Mais pourquoi ne leurs demanderions-nous pas la même chose !? En même temps, tout ceci est une question de goût et de préférence me direz-vous, et c’est vrai.
Les nouvelles méthodes pour s’en débarrasser ne cessent d’apparaître, toute plus coûteuses les unes que les autres. Il existe même figurez-vous, des stencils à poil pubien, oué madame.
Dans une optique d’actualité, vous avez peut-être vu passer la nouvelle mode pratiquée par plusieurs femmes, j’ai nommé le #dyedpits. Qui consiste fondamentalement à remiser le rasoir (venus embrance gold hawaï sensation/nom qui fini plus) et à se teindre le poil de dessous de bras, et ce, de la teinte de votre choix. Certaines disent que cet acte est un support à la cause féministe alors que d’autres évoquent tout simplement le fait d’assumer leur pilosité et de contrecarrer cette norme ridicule. Elle gagne de plus en plus d’adeptes sur Instagram.
Un autre mouvement (un peu moins récent) qui cause tout un émoi est celui du Hairy Legs Club. Présente sur Tumblr, cette communauté fait appel à toutes les femmes qui décident d’arrêter de se raser les jambes. Leur slogan «our legs are the champions!» Elle aide à démystifier le fait que se raser est un choix, non pas une obligation. On y retrouve des femmes de partout dans le monde qui supportent ce mouvement.
Je salue également l’initiative de la bannière American Apparel qui, en janvier dernier, a osé mettre dans ses vitrines des mannequins pourvues de poils pubiens. Une initiative un peu intense dirons certains … mais elle soulève un débat essentiel sur la norme.
Mon opinion à moi, c’est que c’est un choix personnel. Personne ne devrait se soumettre à une norme sociale simplement parce qu’il est attendu que les filles le fassent. Cela dépend des convictions de chacune. Moi personnellement, que ma voisine ne se rase pas le dessous de bras, ça ne dérange pas ma vie. Je n’ai pas à juger les décisions des autres, surtout quand il s’agit de leur propre entité corporelle. J’avoue tout de même qu’il serait plaisant d’arrêter de s’en faire simplement à cause d’une repousse de poil. Fait ce qui te fait te sentir le mieux fille!
Après tout, la personne avec qui tu te ramasse sous les draps, à t’aime (sûrement) pas juste parce que t’as les jambes douces.
VOX POP CRÉPUES : Seriez-vous game de faire partie d’un de ces groupes?
Alexe Raymond, réviseure, raymond.alexe@gmail.com
Sources
Huffingtonpost, Hairy Legs Clubs, Very Hairy Legs et Huffintonpost