Contrairement à ce qu’on peut imaginer, le marché du détail n’est pas aussi mal en point qu’il semble l’être. Malgré les nombreuses fermetures annoncées et celles déjà exécutées, le marché du détail a vu ses ventes haussées de 2,7% en 2014.
J’ai moi-même été affectée par l’une de ces fermetures, celle du Holt Renfrew Québec, qui a fermé ses portes le 25 janvier 2015. Par contre, je ne crains pas pour autant que le marché s’écroule. Oui, je l’avoue, avant d’arriver à cette conclusion, il m’a fallu digérer la nouvelle du fait que je perdais à la fois mon travail, mais aussi mes chers collègues avec qui je passais plus de 50% de mon quotidien.
A priori, ces fermetures font surtout mal aux gens qui perdent leur emploi. Il ne faut cependant pas penser que ce domaine se porte mal. Dans mon entourage, j’ai eu une personne, un genre de mentor, qui a toujours eu de bonnes réponses à me donner sur mes questionnements. Elle a une capacité incroyable à analyser les situations sous un angle différent. Alors que moi je ne voyais que du noir, elle me faisait toujours voir autre chose, trouver un certain positif à chaque situation. Pour mon article, je nommerai cette personne Madame B. Madame B m’a fait constater ce qui se passe dans le marché actuel. Je veux profiter de l’opportunité pour dire aux gens qui ont perdu leur emploi que je suis de tout cœur avec vous.
Commençons avec le géant détaillant Target.
Target a fait l’annonce de son entrée canadienne deux ans avant même l’ouverture de ces magasins. Donc, vous pouvez imaginer que le secteur de la vente au détail et les plus grands concurrents, tels que Wal-Mart, ont eu le temps de se préparer.
Wal-Mart s’est vu convertir ses magasins en super centres.
Canadian Tire, quant à lui, a additionné ses promos. Simons a augmenté le salaire de ses employés par peur qu’ils s’envolent chez Target. Une grande société comme Target générant 72 millions de chiffre d’affaires s’est… plantée. Ils ont peut-être tiré la « plug » trop vite selon certains, mais une chose est sûre : il leur aurait fallu plusieurs années avant de s’en sortir avec leurs tablettes vides, leur inventaire insuffisant et les prix élevés (si on compare avec les compétiteurs). Je crois sincèrement que s’il s’était adapté à l’habitude de consommation des Canadiens, le géant américain aurait eu une chance.
Nous sommes dans l’ère de la technologie, les achats en ligne sont de plus en plus prisés avec leur grande accessibilité. Malgré ce que l’on peut croire, les boutiques et centres d’achats sont les lieux premiers du consommateur. Celui-ci est toujours à la recherche d’un service personnalisé, il est rempli d’un désir d’avoir son produit au moment où il le paye, il aime essayer ses vêtements en magasin. Bref, il est à la recherche d’un bon service à la clientèle. Humain à humain.
L’annonce des dernières fermetures dont Jacob, Mexx, Smart Set, Sony, Le Jean Bleu et Joshua Perets qui sont quant à eux en restructuration en vertu de la Loi sur la faillite ne sont pas de grandes surprises selon moi. Question? Dans les places mentionnées ci-haut, est-ce que l’une d’entre elles était la destination première pour vos achats, pour trouver la perle rare? Eh bien pas moi, comme plusieurs consommateurs d’ailleurs. Oui, je sais qu’il y a des gens qui y magasinent, mais je généralise. Dans aucun cas, ces détaillants ne se sont vu innover soit avec leurs produits, soit avec leurs magasins. Ils n’ont pas su évoluer ni s’adapter au marché en grand changement.
Le commerce au détail vit présentement de grands changements et les détaillants doivent faire quelques restructurations. Prenons par exemple les Galeries de la Capitale qui sont en pleine expansion avec la venue de plusieurs nouvelles boutiques et avec leurs rénovations majeures au niveau esthétique, tout ça dans le but de devenir le choix premier des consommateurs et leur donner une expérience de magasinage mémorable. Les Galeries annonçaient un investissement de 150 millions, qui au fil du temps, a augmenté de 50 millions, pour un total de 200 millions. Si le marché du détail se porte si mal, pourquoi y investir autant d’argent? Pour ce qui est de son compétiteur, la Place Ste-Foy a bien l’intention de rehausser l’expérience de magasinage dans son établissement. Des travaux de rénovation s’ajouteront à ceux déjà en cours (remplacement de plancher), il y aura aussi un réaménagement des espaces inoccupés tels que l’ancien local des Ailes de la mode et le déplacement de l’aire de restauration dans l’aile nord. L’étendue du projet représente des investissements de plus de 50 millions. Avec ces rénovations en cours, plusieurs boutiques ont profité de l’occasion pour agrandir ou changer leurs locaux (Browns, Jean Paul Fortin, etc.). La réorganisation du mail devrait se terminer en été 2016.
«Ces améliorations permettront d’agrandir le magasin Atmosphère, qui proposera un nouveau concept, et d’accueillir à Québec une toute nouvelle boutique Nespresso. Le redéploiement de cet espace prévoit également la construction d’un nouveau mail, soit une allée qui mènera à de nouveaux restaurants faisant face au boulevard Laurier ainsi qu’à un nouveau point d’accès au centre dans ce secteur», précise Donald Larose, directeur.
Pour ce qui en est de notre cher Simons, de nouveaux magasins verront le jour sous peu. Simons prend son envol vers les autres provinces canadiennes. Gatineau, Ottawa, Vancouver, Mississauga et Calgary seront plus précisément parmi les villes choisies. Après l’annonce en novembre dernier de l’ouverture de ces 5 magasins, avec 100 millions de dollars investis, le voici qui débarque avec un 6e magasin au Londonderry Mall à Edmonton. Simons compte également ouvrir un deuxième magasin dans cette même ville en 2017.
Pour nos voisins d’Ottawa, il y a quelque temps déjà (septembre 2013), on nous annonçait des projets d’agrandissement et de revitalisation du Centre Rideau à Ottawa. Des investissements de 360 millions de dollars. Le centre ajouterait 230 000 pieds carrés de plus afin d’être en mesure d’accueillir de nouvelles bannières, dont Simons, Victoria’s Secret, Nordstrom. Dans les travaux, on prétend l’ajout de 4 étages, d’un garage souterrain et d’une nouvelle aire de restauration de 850 places contenant 16 restaurants.
Les travaux sont présentement en cours et le Centre prévoit être en mesure de faire la grande ouverture en août 2016. Quant à Nordstrom, il a déjà pris place dans son local et double d’ardeur pour ouvrir ses portes en mars prochain.
Concernant le détaillant de luxe Holt Renfrew, il faut savoir qu’il est en pleine restructuration. Holt n’a eu d’autre choix que de revoir sa stratégie avec l’arrivée au Canada de certains détaillants compétiteurs. Holt doit se démarquer s’il tient à être la référence du luxe au Canada. Afin de devenir plus luxueux, le détaillant a laissé tomber quelques compagnies qui étaient plus abordables. Renfrew a aussi dû prendre la décision de fermer ses deux plus petits magasins, soit celui Ottawa et celui de Québec afin de voir ses autres magasins s’agrandir en y investissant 300 millions. Dans le haut de gamme, Holt n’avait pas le choix de se réinventer afin de bien se positionner dans le luxe pour les années à venir. Avec Saks et Nordstrom qui tranquillement s’établissent au Canada avec l’idée d’une grande expansion, Québec n’avait ni le gabarit, ni la capacité, ni la clientèle pour ce genre de luxe (OU très peu).
Pour ce qui est du magasin de Montréal, Holt Renfrew et Ogilvy ne feront qu’un : Ogilvy, membre de la collection Holt Renfrew & Co. Ce magasin sera sur le présent site du Ogilvy. Se déployant sur 220 000 pieds carrés, le nouveau magasin sera agrandi et un site adjacent sera ajouté pour devenir le plus important membre du réseau Holt Renfrew, proposant de nouveaux concepts innovants pour le milieu du détail et l’assortiment le plus riche au Canada de mode de luxe et de marques de beauté. Commandant un investissement de 60 millions, le nouveau magasin devrait être complété vers la fin de 2017.
En résumé, si on croit à un marché au ralenti, les chiffres eux prouvent le contraire. Comme je l’ai mentionné au tout début, il y a eu une augmentation des ventes de 2.7% et le commerce au détail a totalisé 109 milliards de dollars au Québec, soit 3 milliards de plus qu’en 2013. Malgré la turbulence de ce marché et ses changements, on prévoit une croissance de 4% des ventes pour 2015 selon Jean-Pierre Lessard de la firme Secor-Kpmg.
Conclusion : le marché va bien et afin de réaliser les prédictions de monsieur Lessard, il ne nous reste plus qu’à consommer (de préférence local). On ne travaille pas pour rien non? (Avec modération bien sûr…)
Bon shopping!