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Le jeu des apparences

Je me réveille en sursaut, dans un état de panique extrême, en taponnant partout autour de moi à la recherche de mon téléphone. L’écran affiche 6 h 45 : SOULAGEMENT EXTRÊME. Ce n’est pas mon alarme qui n’a pas sonné, j’ai encore une heure de sommeil, la vie est belle. Je m’écrase à nouveau dans mon lit, heureux et paisible.

Un bruit STRIDENT m’extirpe de mes (mauvais) rêves à peu près cinq secondes plus tard; la vie, c’est une vraie plaie. Je passe les vingt minutes suivantes d’abord à snoozer, puis les dix prochaines à rattraper ce qui s’est passé sur les réseaux sociaux pendant la nuit. Après quoi, mon corps désobéissant commence à se glisser hors des couvertures. Je commence alors la vérification de ma checklist matinale :

Douche? Messemble que je l’ai prise la veille au soir. Vêtements propres? Faut que j’aille fouiller dans le garde-robe. Cheveux pas trop mal en point? J’ose pas regarder. Déjeuner? Quelques toasts feront l’affaire. Brossage de dents? Après le déjeuner. Sac à dos? Je ne l’avais pas vidé depuis mon retour le soir d’avant.

Temps restant au compte à rebours : dix minutes. Il va falloir que je priorise.

Je passe les cinq premières minutes à essayer de trouver des morceaux de linge propres et mettables; le garde-robe est, sans surprise, dans un état lamentable. Le choix semblait évident : le déjeuner allait passer à la trappe. Je pique un sprint jusqu’aux toilettes pour un brossage rapide de dents (juste pour dire), puis je me mets à enfoncer tous les objets à portée de main dans mon sac à dos, avant d’enfiler mon manteau. La température extérieure est insupportable et j’ai l’impression de ne plus sentir mes jambes qui ne sont recouvertes que d’une modeste paire de jeans. Maigre consolation, l’école n’est qu’à quelques minutes de marche.

Pendant le cours, mon ventre décide de se prendre pour un set de drums et se met à jouer la dernière chanson à la mode sous la forme de gargouillis gastriques que je tente désespérément de cacher – ce qui ne fonctionne aucunement. Après une heure, la « musique » s’intensifie alors que le professeur perd peu à peu l’attention des étudiants, qui se concentrent plus sur leurs fils d’actualité Facebook que sur le discours monotone qui parasite leurs oreilles. L’un de mes amis se retourne vers moi et j’ai à peine le temps d’esquisser un sourire malaisant qu’il a déjà pris un snap : ça y est, c’est rendu public.

Enfin, le cours prend fin (le professeur avait fini par réaliser que plus personne n’écoutait son dialogue de sourds), et je prends un peu de temps pour discuter avec mes compatriotes… oh non, attendez, ils ont déjà filé, fuyant l’école comme si c’était la peste. Je me replie donc sur une conversation en ligne – mon écran de téléphone se remplit dès lors de tout plein d’émoticônes alors que je suis sur le chemin du retour au bercail.

Vous voyez ce qui cloche là-dedans? Jusqu’à récemment, je vivais à peu près comme ça, et j’ai réalisé récemment à quel point c’était (un peu) aberrant.

Prioriser la tenue vestimentaire plutôt que le déjeuner, c’est négliger sa santé pour une question d’apparence. Et paradoxalement, notre tenue vestimentaire lorsqu’on « sort de chez nous » ne peut pas être plus contrastante avec celle qu’on porte quand on est seul. À bien y réfléchir, ça me semble un peu artificiel, s’habiller pour les autres. Surtout, tsé, quand on a souvent envie de dire qu’on vit pour soi-même et pas pour les autres. Peut-être bien que ce qu’on dit, c’est tout le contraire de ce qu’on fait, finalement. Je ne sais pas… une interrogation à approfondir?

Et après ça, il y a l’omniprésence des réseaux sociaux. Perso, je trouve ça super pratique, mais c’est quand que ça devient un médium non représentatif de nous-mêmes, que je trouve qu’on commence à s’enfoncer. Le sourire un peu exagéré, le set-up et l’angle travaillé d’une photo Instagram, ça donne un peu une version idéalisée de nous-mêmes. Pourquoi pas une photo au naturel à la place? Ça serait tellement plus simple, non? Encore là, c’est une idée que je lance!

Les émoticônes aussi, je pense qu’on se cache derrière ça un peu. Je ne compte plus les fois où j’ai répondu « Okay ? » à un message alors que mon mood n’était, pour être honnête, pas vraiment « ? ». À quoi ça sert alors, si c’est pas pour indiquer notre émotion? Pourquoi on s’entête toujours à ajouter un « ? » dans nos réponses? Je sais paaaaaas! Mais on dirait que tout le monde le fait!

Ma réflexion-slash-remise en question du jour. ( ? ?)

Par Foan Song

Genviève Lamoureux

Source photo de couverture

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