Quand j’étais au cégep, j’ai suivi un cours de psychologie. Ç’a l’air intéressant de même, mais en vérité, c’était un truc un peu boboche style « Psychologie du sport ». Déjà là, ça part mal parce que le sport, j’hais ça pour mourir. J’avais pas choisi ce cours-là, je l’ai eu parce que j’ai vraiment un mauvais karma pis que j’aime ça m’apitoyer sur mon sort en me disant que c’est parce que je suis réaliste.
Mais finalement, comble du malheur, j’ai bien aimé ça. Y’avait quelque chose de rassurant, de passionnant mais aussi de terrifiant, dans le fait d’apprendre les symptômes des troubles d’humeur/de personnalité. Surtout parce que je suis de nature anxieuse et que j’étais convaincue d’avoir tous les troubles possibles.
7 ans plus tard, je ressens à peu près la même chose, sauf que je suis plus devant un grand tableau vert, mais plutôt devant les 11 chocolats de mon calendrier de l’Avent que j’ai procrastiné.
J’ai jamais été aussi heureuse d’avoir procrastiné, au moins ça me fait de quoi manger mes émotions sur lesquelles je ne peux pas mettre de nom.
L’affaire, c’est que je suis pas triste ou rien. Peut-être déçue, tout au plus. J’ai surtout peur parce que je sais pas du tout à quoi m’attendre, cette année. Depuis ma première année de cégep, j’ai toujours défoncé l’année avec un baiser. Sauf une fois, mais c’est la seule année où y’avait personne dans ma vie à ce moment-là.
J’aime croire que je commence bien l’année quand j’embrasse l’amant. Ça me donne l’impression d’être forte, pis que cette année-là va être meilleure que la précédente. Ça me donne l’impression qu’on est deux là-dedans, qu’on s’appuie. C’était même devenu ma tradition secrète et personnelle. Je me félicitais même d’avoir fait durer ça pendant 6 ans sans interruption. Je veux dire, sauf pour cause de célibat, bien sûr.
Mais ça s’est interrompu cette année. Cette année, j’ai pas pu gérer mes superstitions, mon copain étant hors de la ville. J’fais un genre de fixation là-dessus depuis 4 jours. J’arrête pas de me dire que c’est une malédiction, que ça va peser sur notre couple comme un sac à dos qu’on traîne trop longtemps. Je sais que complètement irrationnel, parce que de toute façon, les relations avec lesquelles j’ai défoncé les années passés ont évidemment pas marché. Pis elles ont aussi mal fini les unes que les autres.
En vrai, c’est peut-être de bonne augure qu’on ait pas frenché. Ça va peut-être nous protéger de la rupture imminente. Il avait peut-être raison de me dire : « Delphine, c’est pas grave, on est pas obligé de toujours être ensemble. On est peut-être même mieux de pas l’être tout le temps. Je dis pas ça parce que j’aime pas ça être avec toi, au contraire. »
Malgré tout, la solitude ça me fait peur.
J’aurais voulu changer d’année en embrassant, même en embrassant n’importe quoi. J’aurais embrassé une clope mais je fume plus depuis que j’ai rêvé que j’avais des rides sur le bord de la bouche. Pis j’ai arrêté de boire parce que je finissais toujours par pleurer mes insécurités dans face de mes fréquentations comme une folle-dingue, alors embrasser une bouteille de gin, ça me semblait une mauvaise idée. À la place, j’ai fini sur mon cellulaire à texter mes amies que c’était dont plate par chez nous, le jour de l’an.
Les gars, l’alcool, les clopes, le cellulaire… Je pense que j’ai un problème de dépendance.
Je pense que je les ai toutes.
Crédit image de couverture : Poo Reun