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Le droit à la déconnexion

Source: Unsplash

Télétravail, télé-école, télémédecine, télé-toute ; depuis un an, on est connecté en permanence (si tant est qu’on ait pu l’être encore plus). On a installé nos applis de prédilection sur nos ordis perso, sur nos tablettes, sur nos cellulaires, sur nos montres, et la frontière entre la vie personnelle et la vie professionnelle est plus mince que jamais.

Le phénomène est encore trop récent pour qu’on puisse en mesurer les impacts avec exactitude, mais il y a certainement des conséquences à toujours être à un clic du bureau. Que ce soit parce que notre employeur nous demande explicitement de rester joignable, parce qu’on a peur de manquer quelque chose de très important (allô FOMO !), parce qu’on veut être le/la meilleur·e employé·e possible (et qu’on croit à tort que ça passe par une hyperconnectivité) ou parce que notre employeur nous donne le mauvais exemple en assistant à trois Zoom en même temps, la tentation est forte pour qu’on gaspille plusieurs minutes de notre vie personnelle à régler (ou à anticiper) des dossiers professionnels.

Déjà en 2017, la France légiférait sur le droit à la déconnexion pour tenter d’encadrer la culture organisationnelle grandissante selon laquelle le personnel devrait être joignable en tout temps. Depuis, les entreprises de plus de 50 employé·e·s doivent mettre en place des mesures qui favorisent le respect des heures personnelles. Certaines entreprises, dont des entreprises allemandes, débranchent carrément les serveurs pour empêcher le personnel d’accéder à leurs courriels et à leurs dossiers… ou pour le forcer à rentrer à la maison le vendredi soir, comme c’est le cas en Corée du Sud. Au Québec, en 2018, Québec solidaire a déposé un projet de loi qui allait dans le même sens que la loi française. Le projet de loi a fait « pouet pouet » à l’époque, mais l’idée de mieux encadrer le droit à la déconnexion pourrait bien renaître dans le contexte du télétravail.

Personnellement, comme j’ai un horaire rotatif, que j’ai des collègues qui travaillent le soir et la fin de semaine et que ces collègues sont susceptibles d’utiliser nos canaux de communication à des heures où moi, j’ai fini de travailler, j’ai décidé de déconnecter mes applis professionnelles de mon cellulaire après seulement quelques semaines de télétravail. C’était mieux pour mon équilibre personnel de ne pas me soumettre à la tentation du « Je vais juste aller voir si j’ai eu des courriels ». En cas d’urgence, mes collègues peuvent me texter, mais t’sais… Je ne suis pas Derek Shepherd ; je ne possède pas un savoir hautement spécialisé qui me permettra, moi et moi seule, de sauver un bébé d’une mort imminente, alors franchement, je ne vois pas pour quelle urgence mes collègues pourraient me contacter (à part pour cette fois où on a vandalisé notre bureau et cette autre fois où on a gagné quelques milliers de dollars à la loterie).

Si tu sens que l’équilibre est précaire, sache que c’est correct de tout fermer après 17 h. C’est correct de passer une journée ou deux sans lire tes courriels. C’est correct de chercher à préserver une frontière entre ta vie personnelle et ta vie professionnelle. Ça ne fait pas de toi un·e moins bon·ne employé·e ni une moins bonne personne… Pis y’a vraiment très peu de chance que ça ne puisse pas attendre au lundi matin. Prends soin de toi !

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