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Le deuil d’un mémoire

crédits=: Pixabay

Pour certaines personnes, le mémoire n’est qu’une obligation. Le seul moyen d’obtenir un diplôme qui leur permettra d’accéder au métier convoité. Mais pour d’autres qui, comme moi, ne font pas leur mémoire par devoir, mais par soif d’apprentissage, finir son mémoire, c’est un peu faire le deuil de plusieurs longues années d’études.

Le mémoire était ma dernière excuse pour ne pas quitter le monde des études, ne pas devoir me trouver un vrai job. Maintenant que je l’ai terminé, je suis un peu triste. Ce mémoire-là, ça fait deux ans que je travaille dessus. Deux ans qu’il grandit dans ma tête. J’ai fait des ébauches, des recherches, de petits travaux connexes, d’autres recherches. J’ai lu et relu des livres dont plusieurs passages ont été annotés. J’ai des documents Word remplis de notes et de nombreux documents PDF soulignés de jaune, de bleu et de vert. J’ai la copie de mon plan, de mon brouillon, de chacun de mes chapitres, de leur première version à leur douzième. J’ai lu non seulement les deux pièces sur lesquelles portait mon mémoire, mais des dizaines d’autres. J’ai appris à connaître des autrices comme Kathy Davis, Michela Marzano, John Berger et Judith Butler. J’ai appris que Naomi Wolf n’était pas du tout la même personne que Virginia Woolf. Très important. J’ai appris que les personnes qui m’ont enseigné étaient calées en la matière et je me suis surprise à retrouver leurs noms plus de cinq fois dans ma bibliographie.

Ne vous méprenez pas., j’ai aussi pleuré de colère, de découragement, pensé à tout abandonner. J’ai détesté la réécriture (ou dans mon cas, la ré-ré-ré-ré-ré-ré-écriture). J’ai eu peur de ne pas pouvoir finir, de ne pas avoir assez de mots. Et puis, je me suis attachée aux paragraphes et aux chapitres de ce mémoire. Je suis même fière de certains passages. Alors quand j’ai remis, pour la dernière fois, mon projet, en format Word et PDF, que j’ai remis mes derniers livres empruntés à la bibliothèque et que j’ai finalement remis à ma directrice ceux qu’elle m’avait généreusement prêtés; une petite vague de tristesse m’a envahie.  J’étais triste de me séparer d’un projet qui m’avait accompagnée si longtemps, grâce auquel j’avais appris tant de choses et qui m’avait permis de travailler énormément sur moi-même. Parce qu’un mémoire, ce n’est pas qu’en apprendre sur son projet. C’est aussi en apprendre sur soi, sur sa motivation, sa persévérance, ses forces et ses faiblesses. Et déposer un mémoire, c’est aussi faire le pas vers la réalité. Et je ne sais pas si je suis prête pour cette réalité. Je suis heureuse d’avoir terminé mon mémoire. Fière. Très fière même. Mais un peu triste.

Par Marie-Andrée Labonté Dupuis

Révisé par Amélie Carrier

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