« [Insérez votre nom], les souvenirs que vous partagez ici sont précieux. Nous avons pensé que vous aimeriez revoir cette publication d’il y a 2 ans ». Première nouvelle qui m’attire l’œil ce matin en ouvrant mon compte Facebook. Eh oui, il y a déjà deux ans de cela, je me tenais à la place du marché principal de Cracovie (Pologne) avec mes deux compagnes de voyage.
Les minutes se sont écoulées et se sont rassemblées pour former deux belles années qui me séparent désormais de ces souvenirs, de ces moments, de ces villes, de ces grands-places que j’ai visitées.
À ma deuxième année d’université, un message avait attiré mon attention dans ma boîte de réception, et ce, parmi la tonne de courriels de la communauté universitaire que je supprimais quotidiennement. Dans ledit message, les étudiants de mon programme étaient invités à une rencontre d’information pour faire partie du profil international. À l’époque, je n’étais aucunement impliquée dans les associations et je n’avais jamais participé à aucune activité parascolaire. J’allais à l’école pour mes cours et je revenais à la maison aussitôt ceux-ci terminés. J’avais deux-trois amis dans mes classes et c’était amplement suffisant pour moi. Par contre, étrangement, j’ai décidé d’aller à la rencontre et lorsqu’on nous expliquait les modalités de ce programme, je me suis lancé le défi de le faire, de partir. Et voilà donc, je me suis inscrite et j’ai réalisé toutes les procédures sans trop réfléchir à ce que ça impliquait. Une seule chose était certaine, mon départ : je partais étudier pendant six mois en Europe, un point c’est tout. Pour nous préparer à ce séjour, on devait assister à des séminaires. J’y suis allée en écoutant à moitié, surtout lorsqu’il était question du retour. On nous parlait d’un choc émotif, d’une période difficile d’adaptation, d’un retour éprouvant à la normale après ce programme de mobilité internationale… « Pff, ça va être facile » que je me disais (!!!)
Ça fait deux ans de ça, du grand départ, et je crois que je ne me suis même pas complètement remise de cette expérience. Il faut dire qu’il n’est pas facile de se remettre de toutes les émotions vécues là-bas, en sol étranger. Il faut d’abord dire au revoir à notre pays natal ainsi qu’à tous ceux qui ont toujours fait partie de notre vie quotidienne. Ensuite, une fois arrivé dans ce nouveau pays d’adoption et que les premières photos ont été prises devant les emblèmes nationaux, il faut s’adapter, se trouver de nouveaux amis, de nouveaux points de repère. Il faut toujours accepter de vivre des expériences parce qu’on se dit qu’on est là pour ça, vivre et profiter, voir des choses que nos yeux n’auront peut-être jamais la chance de revoir. J’ai donc pris l’avion onze fois durant ce séjour pour en profiter comme il se doit. Il faut savoir qu’en Europe les transports aériens coûtent des peanuts. Et des moments inoubliables, j’en ai vécu, des personnes formidables, j’en ai rencontré, des paysages pittoresques, j’en ai photographié et pendant tout ce temps, je prenais le temps de remercier le ciel de me permettre de vivre tout ça, de m’avoir donné la force d’aller à cette rencontre un soir de novembre, de m’avoir poussée hors de mon petit cocon de sécurité familiale dans mon Québec natal. Pendant ces six mois, tous les soirs étaient de belles soirées arrosées, toutes les week-ends et autres congés scolaires étaient des occasions d’ajouter une nouvelle épingle à ma mappemonde et tous les rêves étaient permis. Il y a eu quelques moments plus difficiles, je dois l’avouer, mais ô combien surmontables en comparaison à tout ce bonheur dont j’étais en train de me gaver.
Et puis, juillet est arrivé. J’ai dû quitter ma Belgique d’adoption en prenant soin de pleurer toutes les larmes de mon corps durant le trajet Bruxelles-Montréal. Et le retour fut étrange. Je n’étais pas préparée, mais qui l’aurait été? Ma situation amoureuse avait changé entre-temps, ma situation financière également et j’avais l’impression que personne ne me comprenait vraiment. Ils étaient tous là, tous heureux de me revoir, mais je n’arrivais pas à reprendre ma place. Je n’arrivais plus à être la personne que j’étais avant. On dit souvent que c’est en voyage que ça passe ou ça casse, car c’est à ce moment que l’on est le plus soi-même. Alors imaginez six mois à être moi-même, une moi que j’aimais vraiment être. Avec du recul, je comprends pourquoi j’ai entrepris ce périple : j’avais besoin de voir mon vrai visage, de me connaître et de foncer. C’était calculé, mais ça m’a coûté cher en énergie. J’ai dû ajuster les aiguilles de ma boussole pour me retrouver à travers toutes ces moi, la Caro pré- et post-Belgique. Bref, un retour lourd en émotions, en changements, et très long.
Mais après deux ans, je m’en suis remise : j’ai retrouvé ma place. Et maintenant, tout ce qui me reste de cette expérience qui se sera en fait étalée sur trois ans, ce sont les merveilleux souvenirs qui restent gravés dans mon cœur et qui m’ont changée à jamais.