On peut acheter un roman pour 15,95 $, le DVD d’un film pour 19,99 $, un CD de musique pour 12,96 $, un billet de théâtre pour 39,95 $ et une peinture pour 179,99 $. Cependant, cela ne veut pas dire que l’art s’achète.
Tout produit artistique n’est pas un bien de consommation. Actuellement, dans notre société capitaliste, alors qu’on doit mettre un prix sur tout, on se rend compte que l’art n’est pas rentable. En effet, le théâtre demande énormément de subventions pour payer tous les artisans qui doivent être présents à chacune des représentations. Le cinéma n’a pas ce problème, mais il demande aussi beaucoup d’argent en raison de tous les équipements requis. De plus, au Québec le marché est très petit en raison de notre faible population et du fait que nos films s’exportent mal. Les musiciens et les écrivains vivent également dans une constante précarité. C’est le public qui décide de leur sort. Ce qui est aussi vrai pour les artistes visuels dont seulement un faible pourcentage est capable d’en vivre complètement. Le peu de profits générés par l’art en fait une avenue difficile et souvent critiquée. Ce n’est toutefois pas une raison pour arrêter de le financer.
Moi, j’affirme que l’art n’a simplement pas de prix. Comment mettre une valeur monétaire sur un travail artistique? On a mis un prix pour garder l’économie stable, mais c’est impossible de quantifier la valeur d’une œuvre, car l’art se présente différemment pour chacun. C’est tellement subjectif qu’on ne peut pas dire ce que ça vaut réellement, ça se quantifie avec le cœur.
L’art ne se consomme pas, il se vit.
Cette chanson qui nous fait sourire chaque fois et qui nous rappelle un souvenir d’il y a quatre ans. Ce film qui nous fait rêver d’être en couple. Cette murale qui éclate de couleurs sur le bord d’un bâtiment et qui fait rayonner les passants. C’est ça, l’art.
Son but premier n’est pas de faire rouler l’économie, mais d’influer notre société. Il fait ce que l’argent est incapable de faire. L’argent peut nous rendre plus confortable, mais il n’y a que l’art pour rendre un peuple heureux. Il est essentiel pour tous nous rassembler. Il fait questionner nos pensées et nos actions, autant individuellement que collectivement. Il présente une vision des choses parfois apaisante, parfois choquante, mais qui nous permet de tous nous définir par rapport à celle-ci. Il nous fait comprendre les autres. Il nous rend plus humains.
Ce que l’on ressent à la rencontre de l’art ne se décrit pas. C’est un moment unique qui change à chaque occasion. Ça rend nos vies plus significatives.
Même si être un artiste, c’est aller à contre-courant du mode de vie occidental où l’argent en est le centre, l’art a entièrement sa place dans notre société. Il faut s’assurer de le cultiver à son maximum et d’arrêter de contraindre les créateurs avec de si minces budgets et de l’argent mal réparti. La liberté de créer est le fondement de l’art.
Rassemblons-nous pour l’art comme nous nous rassemblons pour l’éducation. Il enseignera ce que les sciences et les mathématiques ne sont pas capables d’enseigner. Il enseignera la vie.
Il est, à la fois, le reflet de notre société actuelle et une tentative d’améliorer cette même société. Alors pourquoi l’art n’a-t-il pas plus de place dans notre existence? Après deux siècles à se préoccuper de gains et de productivité, après avoir vu tout ce qu’on pouvait réaliser en sous-payant des millions et des millions de travailleurs, après avoir poussé l’industrialisation à sa limite, il est temps de se remettre à penser au vrai monde.
À oublier l’économie pour un instant.
À redéfinir ce que c’est que de vivre.
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